Le prix des chevaux galope et les centres équestres ne s'en sortent plus

Depuis la crise sanitaire le prix des chevaux d'apprentissage s'envole. Certains centres équestres cherchent désespérément des animaux à moindre coût et l'engouement autour des sports équestre fait exploser la demande.

Acheter un cheval devient un véritable casse-tête. Pour le centre équestre Equit’Libre, près de Poitiers, la recherche a duré plus d’un an. "Avant il fallait compter 4.000 euros pour se procurer un animal. Maintenant, c’est au moins du 6.000 euros." Après une longue attente, une nouveau bête devrait rejoindre leur écurie dans les prochaines semaines. Un cheval "clef en main" selon les termes du milieu équestre. Une denrée devenue rarissime.

"Il y a plusieurs types d’élevages, explique Aurore Reneix, éleveuse dans les Deux-Sèvres. Mais globalement, ces dernières années les éleveurs ont misé sur ce qui rapporte le plus : les chevaux haut de gamme." Des chevaux de compétition, au sang pur, peu adapté à l’apprentissage de l’équitation. Et beaucoup trop chers. "J’arrive à rester compétitive parce que j’ai ma propre poulinière et trois étalons, ajoute l’éleveuse de poneys. Mais j’ai totalement arrêté les chevaux, je ne fais que des poneys, sinon ce n’est pas rentable."

Moins d'élevages

Depuis la fin de haras nationaux, le monde équestre déplore le déclin des élevages. "Avant il fallait compter 500 euros pour une saillie. Maintenant, c’est plus de 1.000 euros. Les chevaux coûtent une fortune avant même d’être nés !" s’inquiète Aurore Reneix. Une des raisons pour lesquelles de nombreux éleveurs amateurs abandonnent la profession par souci de rentabilité. Et c’est là le nœud du problème : les éleveurs professionnels s’orientent vers un marché stable et rentable, délaissant les bêtes "intermédiaires", type cheval de selle français.

On essaye de choisir des chevaux porteurs, qui n'ont pas les qualités requises pour l’équitation fine.

Christian Duverger, gérant du Centre équestre du Clos de Groges (Vienne)

"Depuis la crise du Covid, les centres équestres fonctionnent bien. Mais pour débuter l’équitation, on a besoin d’un bon cheval. Gentil, porteur et polyvalent", énumère l’éleveuse deux-sévrienne. Des caractéristiques que n’ont pas les chevaux de course. "Sauf que la demande explose et aujourd’hui, des selles français à moins de 8.000 euros c’est presque impossible." Du côté des centres équestres, toutes les solutions sont explorées pour faire des économies. "Ce qui coûte cher, c’est un cheval débourré et dressé, prêt à rejoindre un cours instantanément, souligne Christian Duverger, gérant du centre équestre du Clos de Groges dans la Vienne. Mais leur prix n’est pas compatible avec les besoins d’un club de loisirs. Alors nous nous occupons du dressage nous-même."

En choisissant ses animaux plus jeunes et en prenant à sa charge le dressage, le gérant réalise des économies conséquentes, mais gourmande en main d’œuvre. "Ça nécessite d’avoir des enseignants qualifiés", admet cependant le gérant du centre. En plus de cela, les chevaux prennent leur retraite plus tardivement et le centre investit dans des animaux issus de carrière de concours, malgré la plus grande difficulté d’en faire des chevaux d’école.

"Le temps c'est de l'argent"

"Au début de ma carrière je pouvais débourrer un cheval moi-même, contre Bérangère Delaville, gérante des Ecuries du Petit Chesne en Charente-Maritime. Mais à mon âge ce n’est plus une possibilité." Comme l’explique la cavalière, dresser un jeune cheval demande du temps, de l’énergie, et quelques chutes. Autant d’élément qu’elle ne peut accorder à chaque nouvel arrivant. "Il faut être réalise, le temps c’est de l’argent." Sans compter qu’en dépit de leur prix plus élevé, les soins apportés aux chevaux se dégradent. "Aujourd’hui j’achète un Shetland 1500 euros, ni castré, ni opérationnel. On tombe plus régulièrement sur des chevaux qui demandent rapidement des soins vétérinaires…" se désole Bérangère Delaville.

Le Shetland est passé de 700 euros à 1.500 euros pièce, sans castration et trop jeune pour entrer en dressage.

Bérangère Delaville, gérante des Ecuries du Petit Chesne (Charente-Maritime)

Malgré une demande continue de chevaux de cours et l’explosion de leurs prix, une partie des éleveurs n’en tirent que peu de bénéfices. Les prix d’entretien des animaux augmentent sans cesse, en priorité les infrastructures et le fourrage. "On est passé d’une centaine d’euros la tonne de foin, pour de la bonne qualité, à 190 euros la tonne. Un cheval mange dix kilos de foin par jour. On va être obligé de répercuter les prix", commente Sybille Pecriaux, éleveuse dans la Vienne.

Les plus sérieux peinent à rentabiliser leurs animaux, en particulier s’ils respectent le développement du poulain. "Nous ne débourrons aucun poulain avant ses trois ans", appuie Aurore Reneix. "C’est long, et la plupart des poneys sont réservés avant même d’en arriver à cette étape". Avec 25 naissances par an, l’éleveuse sait qu’elle ne comblera pas le manque croissant de chevaux d’apprentissage. Une pénurie qui prendra probablement des années à s’estomper.

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