Les tempêtes d'hier ressuscitées pour mieux anticiper celles de demain

Réinventer les tempêtes d'hier pour mieux anticiper les dégâts de celles de demain, c'est l'objectif d'une étude bretonne qui a recensé, analysé et même rejoué le scénario de tempêtes anciennes afin de créer des modèles de référence.

"La connaissance du passé, c'est fondamental", assure Franck Baraer, responsable du service études et climatologie de la direction interrégionale Ouest de Météo-France.
En 1999, quand la tempête Lothar est arrivée sur les écrans des prévisionnistes, "les modélisations ne ressemblaient à rien de ce que nous connaissions. Des gens avec 20 ou 30 ans d'expérience disaient qu'ils n'avaient jamais vu ça", se souvient le climatologue. Une tempête équivalente avait déjà frappé la France, mais en 1935, et était depuis longtemps oubliée.

Puis, en 2010, Xynthia est arrivée. La vigilance tempête, mise en place après 1999, avait été activée mais le risque de submersion marine, mentionné par Météo-France dans son bulletin, n'avait pas attiré l'attention. En Vendée, dans le seul village de La Faute-sur-mer, 29 personnes sont mortes noyées, alors que dans cette commune, des tempêtes équivalentes avaient déjà frappé au XXe siècle. Mais ces événements étaient déjà effacés des mémoires.

Ainsi, s'il est aujourd'hui possible d'anticiper de près d'une semaine l'arrivée des tempêtes, il était jusqu'à présent quasiment impossible d'en évaluer l'impact sur l'activité humaine, faute de modèles existants.

Météo-France a donc travaillé avec le Service hydrographique et océanographique de la Marine (Shom) et le Centre d'études et d'expertise sur les risques, l'environnement, la mobilité et l'aménagement (Cerema), avec le soutien financier de l'État et de la région Bretagne, pour réaliser une base de données de tempêtes ayant frappé la Bretagne, un secteur géographique "très complexe avec un risque de submersion très disparate selon les zones", relève M. Baraer.

Rejouer les tempêtes

Le projet Vimers, lancé en 2011, s'est appuyé sur une base de 200 tempêtes qui ont frappé, de La Hague (Manche) à La Rochelle (Charente-Maritime), entre 1958 et 2014.
Un échantillon de 25 tempêtes, qui ont frappé entre 1987 et 2014, a été sélectionné. Elles ont fait l'objet de fiches détaillées, avec les surcotes, les vagues, les dégâts engendrés...
Car "pour les surcotes, on ne s'est pas contentés de rejouer une situation, on rejoue les scénarios en changeant les données", comme les hauteurs de marée ou la force des vents, explique M. Baraer. "On a rejoué les tempêtes, on a généré des tempêtes qui ne se sont pas produites mais qui restent plausibles". "Ça peut arriver, c'est vraiment du fictif plausible", insiste-t-il.

Des modélisations de vagues ont été "testées" sur certaines parties du littoral breton. Et les résultats sont édifiants. "Sur une sélection de huit situations météorologiques réelles du passé, des niveaux marins extrêmes ont été obtenus en obligeant ces tempêtes réelles à passer au moment d'une pleine mer de vives eaux" (des marées hautes d'amplitude supérieure à la normale), explique-t-il.

Pour certains événements, les résultats dépassent largement les hauteurs de niveau marin centennales. Une modélisation a permis de mettre en évidence des surcotes possibles de 2 à 2,5 m sur certaines zones littorales de l'est de la Bretagne. Par comparaison, la surcote à La Faute-sur-Mer lors du passage de Xynthia était de 1,80 m.

Ces modélisations de tempêtes dévastatrices, disponibles dans le rapport Vimers sur le site de la Dreal Bretagne, ont été présentées aux élus. "Notre rôle de météorologue, c'est de montrer que c'est possible. Il faut que les élus, les gens qui vivent en bord de mer, le sachent", explique Franck Baraer.


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