Agen : une salariée d’UPSA tente de se suicider sur son lieu de travail en laissant une lettre dénonçant la pression

La femme de 55 ans a été évacuée en urgence au CHU de Bordeaux. Un drame qui intervient le jour où la CGT s’apprêtait à communiquer sur le suicide d’un élu en octobre dernier en mettant en cause directement sa direction.

Elle ne devait prendre son service qu'à 13 heures. Mais elle est venue sur le site d'UPSA dès 8 heures. La police a été avertie par le fils de la victime. Sa mère avait en effet « envoyé plusieurs écrits et sms expliquant son geste ou du moins l’annonçant », explique François Gaillard, Directeur Départemental de la Sécurité Publique du Lot-et-Garonne.  La police s’est alors rendue à son domicile, en vain. La salariée âgée de 55 ans, était passée à l’acte sur son lieu de travail.

Celle-ci a fait une chute de plus de 10 mètres sur le site de l’entreprise UPSA à Agen. Elle se serait jetée d’un escalier. Les secours et la police se sont immédiatement rendus sur place. La salariée a été évacuée vers le CHU de Bordeaux où elle se trouve ce mercredi après-midi au bloc opératoire. Son pronostic vital n'est plus engagé ce mercredi soir. 

La pression continuelle mise en cause dans sa lettre 


Sur le site à 13 heures, ses collègues sont en pleurs, effondrés. Letizia Storti, ancienne responsable syndicale FO, travaille comme conductrice de ligne au sein de l'usine. Ce mercredi matin, elle a donc choisi de se rendre avant sa prise de service, se dirigeant vers l'escalier de la direction. Des personnes présentes sur place ont bien essayé de l'empêcher de se jeter dans le vide mais en vain. Elle est tombée dans le hall du site. 

Elle a expliqué son geste dans un courrier manuscrit qu'elle a envoyé à plusieurs personnes dont son fils. Elle y évoque son travail, pas du tout une raison liée à sa vie personnelle. "Une pression subit continuellement." écrit-elle dans cette lettre que notre journaliste a pu consulter. 

Letizia Storti connait ce monde du travail qu'elle a même incarné dans le film "En guerre" de Stéphane Brizé avec Vincent Lindon datant de 2018. Elle avait même accompagné l'équipe du film au festival de Cannes. Elle y joue le rôle d'une syndicaliste. Le film raconte le combat de salariés d'une grande entreprise qui doit être liquidée. Le réalisateur qui a tenu, ce mercredi 25 mars, a évoqué la situation vécue par la salariée lors de l'émission C à vous sur France 5. >

« Une enquête est ouverte confiée à la Sûreté urbaine du commissariat d’Agen », annonce François Gaillard, DDSP du Lot-et-Garonne. « Sont en train d’être entendus les proches de la salariée, des collègues mais aussi des témoins du drame", explique-t-il. "L’enquête suit son cours, mais vraisemblablement l’inspection du travail sera saisie même si à ce stade toutes les hypothèses sont sur la table ».

La direction d'UPSA a répondu à nos sollicitations par mail depuis le siège de la région parisienne. Elle a interrompu "momentanément la production sur le site de Guyenne pour permettre aux salariés d’être accompagnés s’ils le souhaitent." Une cellule psychologqiue est activée. 

Dans ces moments difficiles, UPSA est à l’écoute de ses salariés et la Direction va également réunir les représentants du personnel pour accélérer la mise en place d’actions préventives pour mieux identifier et accompagner des salariés en situation de détresse.

Mail de la communication du siège d'UPSA

Un précédent en octobre avec le suicide d'un salarié accusant sa direction

Ce mercredi, l’Union départementale de la CGT avait prévu de donner une conférence de presse à 11H concernant les actions engagées suite au suicide d’un de ses élus en octobre dernier. Celui-ci avait directement mis en cause sa direction.

Le syndicat a donc notamment réagi aux conclusions de l’enquête de la CPAM sur l’origine du suicide du salarié. « Il y a une très grande étape qui a été franchie », explique Nicolas Part, délégué syndical CGT.

« C’est la reconnaissance en accident du travail par la CPAM du suicide de monsieur Roblot. C’est une étape très importante. Ce qu’il faut rappeler c’est que lorsque cela se passe en dehors du temps de travail et du lieu de travail, l’imputation ne se fait pas automatiquement. Il a fallu que les ayants droits démontrent de manière factuelle avec des éléments que le rapport de causalité professionnelle y était. (…). Ce qui s’est passé avec Frédérique Roblot c’est un révélateur. (…). Depuis le premier rapport d’expertise il y a 7 ans mettant en exergue qu’il y avait des problèmes dans la gestion des risques psycho-sociaux dans l’entreprise, il y a eu une inertie de l’employeur (…).

Et ce à quoi on assiste aujourd’hui (la tentative de suicide de cette salariée, ndlr), c’est exactement la traduction de ce manque de politique de prévention de l’entreprise.

Nicolas Part (CGT)

"Cela vient juste d’arriver", poursuit Nicolas Part. "On a des données qui arrivent un peu dans tous les sens (…). Mais bien sûr qu’il y a des alertes qui ont été données. Il y a des niveaux d’encadrement qui avaient cette information (…). La crainte qu’on a aujourd’hui… c’est pour demain ».

 

 

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