Une trentaine de tracteurs a pris la route pour le marché de Rungis, à 600 kilomètres du Lot-et-Garonne ce lundi 29 janvier. Les agriculteurs et leurs engins sont attendus sur place par des véhicules blindés après deux jours de trajet prévus.
"On ne crèvera pas en silence". Une semaine après les premières mobilisations dans le Lot-et-Garonne, les agriculteurs restent déterminés. Ce lundi 29 janvier, le point de rendez-vous était donné au marché aux bestiaux de Boé, en périphérie d'Agen.
Bloquer "le ventre de Paris"
Vers 8 heures ce lundi, une cinquantaine d'agriculteurs se sont donc rassemblés, à l'initiative de la Coordination rurale. Objectif : Paris, et plus particulièrement le marché international de Rungis, dans le Val-de-Marne, qui alimente tous les professionnels d'Ile-de-France. "Rungis, c'est le ventre de Paris, rappelle José Pérez, président de la Coordination rurale. C'est un point stratégique et nous, on doit mettre la pression".
Si la seule façon d'être écouté, c'est de bloquer Rungis, eh bien, on bloquera Rungis.
José PérezPrésident de la Coordination rurale du Lot-et-Garonne
Deux jours de voyage
Une heure après leur arrivée à Boé, une trentaine de tracteurs a pris le départ. "On a des duvets, des sacs de couchage, de bouteilles d'eau, des médicaments, détaille un agriculteur à quelques minutes du départ. Les agriculteurs s'élancent pour 600 kilomètres entre Agen et Paris, et prévoient des haltes à Bergerac, Périgueux ou encore Limoges. Ils espèrent grossir les rangs du convoi à chaque étape. Le voyage s'annonce très long : "deux jours pour y aller, deux jours pour rentrer. Et si on a quelques soucis, on restera une semaine sur place", prévoit-il.
Les repas et le gazole sont fournis par la Coordination rurale du Lot-et-Garonne, qui a pu bénéficier de la générosité de ses sympathisants. Reste une appréhension : le couchage. "Ça va être le plus difficile. S'il n'y a rien de prévu, on va dormir dans les tracteurs. Et ça, c'est très compliqué", s'inquiète l'agriculteur. Et pour cause, faute de mieux, il envisage de dormir assis sur le siège de son tracteur, la tête posée sur le volant.
"On ne sait pas encore où on va pouvoir se doucher, note de son côté, Jean-Pierre Labeau, agriculteur céréalier, également sur le départ. Pour le reste, si on ne dort pas trop, ça sera dur, mais c'est pas bien grave : on a l'habitude des difficultés".
On n'y va pas pour dormir, on y va pour obtenir quelque chose.
Jean-Pierre LabeauAgriculteur céréalier
José Pérez affirme, lui, avoir la solution pour passer la nuit. "Les chambres d'Agriculture appartiennent aux agriculteurs. Il y en a tout le long du trajet, nos chambres d'Agriculture nous ouvriront les portes pour dormir", assure-t-il.
Blindés à Rungis
Depuis une semaine qu'ils se mobilisent, les agriculteurs, ont jusqu'alors bénéficié de l'indulgence des forces de l'ordre. Dégradations de supermarchés, blocages des autoroutes ou encore feu de foin devant la préfecture d'Agen n'ont pas entrainé de réaction policière. "Ils ont le droit de revendiquer (...) Je les laisse faire", répondait le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin sur TF1 le 25 janvier.
Trois jours plus tard, la donne pourrait changer. Quinze mille membres des forces de l'ordre sont mobilisées ce lundi autour de la capitale pour éviter le siège de Paris. Des véhicules blindés ont été déployés dès dimanche autour de Rungis.
Un déploiement "complètement démesuré" commente José Pérez. "Monsieur Attal pourrait prendre la parole demain maximum, approfondir son sujet, et on rentrera tous chez nous", maintient-il.