Coupure d'électricité en plein match de rugby Agen-Nevers : le maire d'Agen porte plainte, la CGT s'explique

La rencontre entre Agen et Nevers a été temporairement arrêtée, jeudi 27 avril dans la soirée, en raison d'une coupure d'électricité volontaire. Un acte revendiqué par la CGT pour protester contre la réforme des retraites, mais qui ne passe pas pour le club, la ligue nationale de rugby et la mairie d'Agen. Le maire annonce avoir porté plainte contre X.

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La réforme des retraites s'est invitée en plein match. En coupant l'électricité en plein milieu de la rencontre de Pro D2 entre Agen et Nevers, la CGT Énergie a voulu interpeller Emmanuel Macron. Un acte militant, revendiqué par l'organisation syndicale, qui ne passe pas auprès du club et de la mairie, décidés à porter plainte.

La CGT Énergie persiste et signe

"Cela fait un coup d'éclat, car on sait que le rugby, c'est important dans la région. Mais les syndicats avaient prévenu ! Durant les 100 jours de colère, il y aura des mises en sobriété énergétique lors de la venue de personnalités politiques ou durant des évènements sportifs, à l'image d'hier soir au stade Armandie", justifie Corinne Chary, secrétaire départementale de la CGT du Lot-et-Garonne.

Peu après le match de rugby, la CGT Énergie Aquitaine a publié un communiqué sur ses réseaux sociaux. L'organisation syndicale assume totalement son acte en visant particulièrement Emmanuel Macron et le gouvernement sur la question des retraites, accusés de fermer les yeux sur la colère populaire. "Veulent-ils faire croire qu'on peut passer à autre chose, comme si de rien n'était après des mois de lutte ?", interroge la CGT dans son communiqué. Avant de répondre : "La réponse est non !"

Le 21 avril dernier, les syndicats CGT Énergie ont annoncé leur intention de mener une série d'actions durant 100 jours, afin de protester contre le gouvernement et demander le retrait de la réforme des retraites.

Le club, la ville et la ligue de rugby pointent les risques de sécurité

Cette action militante de la CGT n'a pas forcément été bien perçue. Après 30 minutes de coupure, le match a pu reprendre et aller à son terme, sans qu'aucun incident soit à déplorer. Présente dans les tribunes, Marianne Lafon, présidente d'Aginuum, l'association de supporters du SU Agen raconte ce moment : "C'est assez anxiogène bien évidemment, parce qu'on ne sait pas ce qu'il se passe, on est dans le noir... Le son était coupé pour le speaker, il n'y avait aucun moyen de communiquer. Les gens sont restés en place, on n'avait aucune idée d'où ça venait et combien de temps ça allait durer, donc les gens essayaient de regarder ce qu'il se disait sur les réseaux sociaux.

Au club du SU Agen, on ne digère pas forcément. "Je trouve ça irresponsable. Le stade est plein et il y a des personnes âgées qui se retrouvent dans le noir", réagissait déjà, sur le moment, le président du club, Jean-François Fonteneau, au micro de Canal +. 

Dans un communiqué du 28 avril, la Ligue Nationale de Rugby (LNR) "condamne cet acte qui a mis en danger la sécurité des 8 700 spectateurs présents dans le stade et des acteurs de la rencontre". La LNR a également pointé une "situation [qui] a fortement perturbé ce match à fort enjeu sportif, et aurait pu aller jusqu’à entraîner l’obligation de le rejouer, à une journée de la fin de la saison régulière de Pro D2, et ainsi impacter l’ensemble de la fin de la compétition".

Un dernier argument que n'entend pas la CGT. "C'est vrai que cette coupure a peut-être pénalisé une vingtaine de minutes les spectateurs qui étaient présents pour regarder le match, répond Corinne Chary de la CGT. Mais quand on entend l'entraîneur, dans la presse, dire ce matin que le sujet, c'est plutôt la capacité des joueurs à gagner un match, on se rend bien compte que tout le monde n'a pas le même intérêt !"

Mais au-delà de la revendication, c'est plutôt la méthode qui est remise en question. "Chacun a le droit de penser ce qu'il veut et de revendiquer à sa manière. Là ce qui est dommage, c'est qu'on est dans une enceinte où il y a 9 000 personnes, ça peut être dangereux", considère Marianne Lafon.  

La mairie porte plainte

De son côté, le maire d'Agen, Jean Dionis du Séjour, ne décolère pas et insiste sur l'aspect des risques sécuritaires. "Il y avait hier 8 800 personnes dans le stade et c'est un public familial. Il y a des enfants et des personnes âgées, mais aussi des personnes handicapées et tout d'un coup la lumière se coupe. C'est un contexte parfait pour créer la panique", dénonce-t-il vivement. 

"Par exemple, un petit garçon qui est parti acheter une barquette de frites, et ça coupe ; il est perdu dans la foule. Et les gens se disent, mais que se passe-t-il ? Vous avez des personnes qui sont dans des tribunes à pente forte. S'il y a le moindre mouvement de foule à ce moment-là, il y a des chutes graves", continue l'édile pour appuyer son propos. Il annonce porter plainte contre X. La Ligue Nationale de Rugby se réserve, elle aussi, "le droit de saisir les juridictions compétentes".

De nouvelles coupures à prévoir

Face à ces réactions, la secrétaire départementale de la CGT, Corinne Chary s'agace. "Les politiques réagissent et portent plainte. C'est vrai que c'est plus important de se distraire lors d'un match, et de ne pas réfléchir au fait que l'on va travailler plus longtemps, et peut-être laisser sa vie au travail", ironise-t-elle.

Déterminée, la CGT a prévenu : dans les semaines à venir, d'autres évènements sportifs vont connaître le même sort et être ciblés par les organisations syndicales afin de protester contre la réforme des retraites. 

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