Sosthène Munyemana, ancien gynécologue à Villeneuve-sur-Lot, comparaissait depuis le 14 novembre devant la cour d'assises de Paris pour crimes contre l'humanité. Il était accusé d'avoir participé au génocide des Tutsis au Rwanda, avant de venir s'installer en France. Il a été condamné mercredi 20 décembre à vingt-quatre ans de réclusion criminelle, dont huit ans de sûreté.
Vingt-huit ans après, il a enfin été condamné. Sosthène Munyemana, un ancien gynécologue à Villeneuve-sur-Lot, était jugé depuis le 14 novembre devant la cour d'assises de Paris pour son implication dans le génocide des Tutsi au Rwanda, en 1994.
Reconnu coupable de génocide, crimes contre l'humanité et participation à une entente en vue de la préparation de ces crimes, il vient d'être condamné mercredi 20 décembre à vingt-quatre ans de réclusion criminelle, dont huit ans de sûreté. Ses avocats ont annoncé leur intention de faire appel.
"Les traits d'un génocidaire"
Le ministère public avait estimé que la "somme" des choix de l'ancien médecin dessinait "les traits d'un génocidaire", et avait requis trente ans d'emprisonnement. À l'annonce du verdict, le président de la cour a déclaré que l'accusé avait fait partie d'un groupe "qui a préparé, organisé, piloté au quotidien le génocide des Tutsi à Tumba", dans le sud du Rwanda.
Sosthène Munyemana était notamment accusé d'avoir mis en place des barrières et des rondes de garde à Tumba, qui ont permis d'interpeller et d'exécuter des personnes, ainsi que d'avoir détenu la clé d'un bureau de secteur, dans lequel étaient enfermés des Tutsi avant d'être tués.
Pendant le mois de procès, l'ancien médecin a constamment nié ces accusations. Il affirmait avoir été un Hutu modéré, ayant tenté de "sauver" des Tutsi en leur offrant "refuge" dans le bureau de secteur en question.
Arrivé dans le Sud-Ouest en 1994
Sosthène Munyemana était venu s'installer dans le Sud-Ouest en 1994, juste après les faits dont il a été reconnu coupable. Le médecin a exercé pendant près de vingt ans au pôle santé de Villeneuve-sur-Lot, d'abord comme médecin urgentiste, puis comme gériatre, avant de prendre sa retraite en 2023.
En 1995, le Collectif girondin pour le Rwanda avait déposé une première plainte à Bordeaux contre le médecin. Mis une première fois en examen en 2007, puis une seconde fois en 2011, son ordonnance de mise en accusation n'avait été rendue qu'en 2018. Son dossier était le plus ancien instruit en France sur des faits liés au génocide au Rwanda, qui a fait plus de 800 000 morts selon l'ONU.