Investissement immobilier : le cauchemar de 42 co-propriétaires à Boé en Lot-et-Garonne

Ils ont acheté et payé leur appartement sur plan il y a 10 ans. A la livraison, ils ont découvert d'innombrables malfaçons et non-conformités. Depuis, ils remboursent leurs crédits sans pouvoir louer leur bien. Et ils attendent une décision de justice qui tarde à venir après huit ans de procédure.

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"Sur la plaquette, c'était fantastique. On s'est dit, c'est une petite région qui a besoin de logements, il y a des terrasses, des jardins, il y a de la demande".
C'était l'investissement immobilier idéal pour les 45 co-propriétaires des "Résidences d'Aquitaine" dont font partie Robert Moriot et son épouse originaires de Normandie. Tous ont signé sur plan avant la construction.

Seulement il y a eu les retards dans la construction, les changements de prestataires et au final une livraison de logements inachevés en 2011.

Les travaux n'ont pas été terminés ou bien réalisés à minima. Le matériel n'a pas été posé partout et le promoteur a disparu des écrans quand il a été payé.

Robert Moriot

"On s'est aperçu que beaucoup de choses n'allaient pas. L'isolation, les réseaux, des problèmes de VMC". Une expertise judiciaire démontrera que les gardes-corps installés ne répondent pas aux normes de sécurité. "C'était dangereux pour les quelques locataires que nous avions donc on a dû les faire partir. Et depuis 8 ans, nous sommes en procédure judiciaire".

En attendant une décision de justice, des squatters s'installent

La bataille judiciaire est lancée en 2012. Les bâtiments sont vides et attirent les squatteurs. Les serrures sont forcées, les bâtiments pillés. 

Volets roulants tordus, radiateurs et interphones arrachés, murs enfoncés... Les dégâts sont considérables et le site devient le lieu de rendez-vous pour des trafics en tous genres. "Il y a des allées et venues incessantes, des stupéfiants, des filles, des nuisances sonores jusqu'à 2h du matin" témoigne un riverain qui souhaite rester anonyme. 

"Nous avons muré le bâtiment B pour conserver ce qui peut l'être" indique le représentant du syndic Antonio Marcela. "Et puis on essaie de garder les parties communes dans le meilleur état possible et surtout les trois locataires actuels pour garder une vie dans la co-propriété".

Un rêve devenu cauchemar

Les pertes sont considérables pour ces petits propriétaires floués qui se sentent aujourd'hui abandonnés. "Nous avons investi il y a 10 ans en espérant défiscaliser un peu. Mon T2, je l'ai acheté 120 000 euros, je paie 800 euros de remboursement par mois et je n'ai aucune rentrée d'argent" se désole Robert Moriot qui ajoute qu'il doit aussi payer les impôts fonciers, l'assurance propriétaire et les frais d'avocat. "Si vous cumulez le tout, vous arrivez au bout de 10 ans à une somme avoisinant les 100 000 euros, voire 127 000 euros pour certains".  

Tous comptaient sur cet investissement pour avoir un petit complément de retraite.

Une dame comptait sur cet appoint pour payer les études de sa fille, certains sont dans une situation dramatique. On doit emprunter à nos proches, on demande à nos enfants de nous aider financièrement. C'est très très compliqué. 

Robert Moriot

Une issue en juin 2021 ?

L'avocate d'une trentaine de parties civiles, Me Cardin, a décidé de poursuivre l'ensemble des acteurs de cette construction. Le promoteur en premier lieu bien-sûr mais sa société, en liquidation, est insolvable. Elle compte faire condamner la caution de ce dernier, à savoir la SA Crédit Agricole qui s'était portée garant de la bonne livraison du projet.

"L'expert a considéré que les immeubles étaient inachevés. La caution est responsable" explique t-elle, espérant également faire payer les assureurs des différents corps de métier, architecte, maître d'oeuvre etc...

Aujourd'hui, les co-propriétaires ne peuvent ni louer, ni vendre. Ils attendent une décision de justice qui devrait tomber le 2 juin 2021 après plusieurs renvois. "On est quasiment certains que les parties adverses feront appel, ce qui va rajouter à notre détresse" confie Robert Moriot.

Tous espèrent être indemnisés du préjudice moral, de la perte de jouissance, des dégâts et des malfaçons. Ils pourront ainsi réhabiliter chacun des quatre bâtiments et commencer à profiter sereinement de leur retraite.

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