Françoise et Marcel, deux Lot-et-garonnais retraités, ont choisi de vendre leur maison en viager pour s'offrir de beaux voyages. Si ce type de transaction immobilière reste encore très rare, il pourrait devenir plus fréquent avec la crise sanitaire. 

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Après 50 ans de mariage, Françoise et Marcel, habitants à La Sauvetat-sur-Lède, près de Villeneuve-sur-Lot, auraient bien troqué leur pavillon contre un appartement sur la Côte d'Azur. 

"On voulait un appartement à Menton. On y allait souvent, et on avait trouvé un quartier qui nous plaisait bien, comme un petit village, avec tous les commerces. Mais, il faut pas rêver..." regrette Françoise. 

Car hélas, les moyens du couple ne sont pas à la hauteur des prix de l'immobilier local. "À moins de 300 000 euros, il n'y a rien. Et me retrouver dans 50 m2 avec ma femme, même au bout de 50 ans de mariage, c'est le divorce assuré !" souligne Marcel. 

S'offrir des voyages...et de la sérénité 

Pour satisfaire malgré tout leurs envies de bougeotte, le couple pense alors au viager. Une transaction immobilière qui consiste à vendre son bien, en échange d'une somme initiale, le "bouquet", ainsi qu'une rente mensuelle, tout en conservant l'usufruit du logement, ce qui permet de l'occuper. 

Françoise et Marcel demandent l'aide de professionnels et parviennent à trouver un acquéreur, qui leur versera 20.000 euros de bouquet, et 500 euros de rente mensuelle, à vie, dès que le contrat sera signé. 

Je voulais 'faire la 66', aller à Buenos Aires, visiter toute l'Amérique du Sud, l'Afrique du Sud, ainsi que l'Australie et la Nouvelle-Zélande

Marcel Delaunay, propriétaire et crédirentier

Pour Marcel, cette rente mensuelle est aussi un gage de sérénité. "Quand je vais partir, et je partirais en premier, je suis assuré que ma femme aura la pension de réversion, la rente, et sa petite retraite, et pourra vivre con-for-ta-ble-ment ! C'est ce qui m'a motivé beaucoup". 

Un concept gagnant-gagnant 

"La personne qui vend fait une bonne affaire, car elle reste chez elle et bénéficie d'un complément de revenu. Et l'investisseur sera gagnant aussi, même s'il n'a le bien que dans dix, quinze ou vingt ans, car il l'achète moins cher" souligne Edwige Curien, Business Manager chez Senior Consulting Group, qui accompagne Françoise et Marcel. 

Pour autant, le marché du viager n'est que très peu développé en France. Il ne représente actuellement que 1 % des transactions, et principalement dans les grandes villes, comme le précise Ludovic Hérubert, directeur de l'agence Guy Hocquet à Agen. 

Un taux faible, qui s'explique par les tabous autour du viager. 

On parle de la mort, de l'espérance de vie...ce sont des sujets assez difficiles à aborder. Il faut parler aussi des maladies des gens, de leurs handicaps, de leur maison et de son état...

Ludovic Hérubert, directeur d'une agence Guy Hocquet à Agen

La pandémie engendrera-t-elle un essort du viager ? 

Avant la crise sanitaire, en 2018, le marché du viager était déjà en progression de 5 % chaque année, selon une étude citée par Se Loger. 

La pandémie aura-t-elle un effet sur le viager ? "Lors du confinement, beaucoup de personnes âgées se sont posées des questions sur leur avenir", pour "éviter de finir en maison de retraite" explique Ludovic Herubert. "Il y a beaucoup d'attentes, de questions, de demandes, mais peu de gens franchissent encore le pas". 

Le professionnel de l'immobilier ajoute que selon des études, le marché du viager pourrait représenter 5 % à  6% des transactions dans les années à venir. 

→ regardez le reportage d'Ingrid Gallou et José Sousa : 

Intervenants : Marcel et Françoise Delaunay, Propriétaires et crédirentiers ; Edwige Curien, Business manager chez Senior Consulting Group ; Ludovic Herubert, Directeur de l'agence Guy Hoquet Agen Equipe : Ingrid Gallou et José Sousa

 

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