Mise en examen pour homicide, Naïma B. était détenue à Gradignan depuis plus de quatre ans. La mère des deux petites filles portées disparues en décembre 2016 à Nérac en Lot-et-Garonne, sort de détention provisoire ce mercredi. Son dossier est renvoyé devant l'instruction.
La levée de verrous devrait intervenir d'une minute à l'autre. Après quatre ans et trois mois de détention provisoire, Naïma B. retrouve la liberté, tout en restant soumise un contrôle judiciaire. Mère d'Inès et de Nawal, deux fillettes polyhandicapées, portées disparues depuis le mois de décembre 2016, elle avait été placée en détention provisoire en septembre 2017 puis mise en examen pour "homicides volontaires aggravés".
Une première victoire
Malgré des années d'enquête, aucun corps n'a jamais été retrouvé. De son côté, Naïma B. a toujours clamé son innocence. Ses avocats, qui avaient fait appel de son renvoi devant la cour d'assises, font part de leur satisfaction.
"Nous avions fait appel de l'ordonnance de la mise en accusation, car nous estimons qu'il n'y a pas assez d'indices laissant supposer que les fillettes soient décédées.
C'est déjà une victoire pour elle de retrouver la liberté, même sous contrôle judiciaire, se réjouit Me Sophie Grolleau, qui assure sa défense avec Patrick Lamarque.
Avant leur disparition, les deux fillettes étaient placées dans un institut spécialisé et médicalisé. Elles n'y sont pas revenues après les vacances de Noël 2016. Leur disparition a été signalée au printemps 2017.
Deux fillettes lourdement handicapées
Mère célibataire, Naïma B. avait seule la charge de ses deux filles. Le père des enfants avait abandonné le foyer à la naissance du deuxième enfant. Âgées de 11 et 13 ans lors de leur disparition, les fillettes ne pouvaient ni manger, ni se déplacer par leurs propres moyens.
Naïma B. avait tout d'abord déclaré aux enquêteurs avoir envoyé ses filles au Maroc, puis prétexté les avoir confiées à un couple rencontré en Espagne, se refusant à se montrer plus précise.
"Depuis le début, ma cliente répète qu'elle ne les a pas tuées. Elle n'a pas confiance dans les institutions médicales, car ses filles y ont connu trop de difficultés", poursuit Me Grolleau.
Elle maintient qu'elle a mis ses filles en sécurité, mais se refuse à donner des détails par craintes qu'elles ne soient placées.
Me Sophie Grolleau, avocate de Naïma B.France 3 Aquitaine
Relance de l'instruction
Les charges contre Naïma B ne sont pas levées. La chambre d’instruction de la cour d’appel d’Agen a ordonné un supplément d'instruction. À charge au juge de trouver de nouveaux éléments dans ce qui, à ce jour, reste une énigme judiciaire.