Un conseiller municipal de Marmande prend son bâton de pèlerin pour dénoncer le suicide des agriculteurs. Patrick Maurin, doit remettre un cahier de doléances à Emmanuel Macron demain samedi 23 février au salon de l'Agriculture à Paris.
"Tous les soirs j'ai dormi chez des agriculteurs, et je vais parler de leur détresse au président samedi":
Parti à pied du Touquet le 10 février, il est arrivé ce vendredi à Paris après une marche de 250 kilomètres.
Demain, Patrick Maurin, sera au salon de l'Agriculture.
Avec Jérôme équipe vient de me rejoindre pour les dernières étapes vers le salon de l'agriculture.#jecontinue pic.twitter.com/1CaT8bPEbb
— La marche citoyenne de Patrick Maurin (@MaurinMarche) 21 février 2019
Cet élu local de Marmande, ne veut pas rater l'inauguration et surtout pas Emmanuel Macron.
L'élu "marcheur" est porteur d'un cahier de "doléances" pour le président.
Son objectif : lui parler de la détresse morale du monde agricole et des suicides qui frappent la profession.
A la rencontre chaque jour de ces agriculteurs qui chaque jour oeuvrent pour une alimentation saine et durable.
— La marche citoyenne de Patrick Maurin (@MaurinMarche) 15 février 2019
Soutenons nos producteurs.#jecontinue pic.twitter.com/1EJ2hwcY3Y
Pourtant, ce commerçant-restaurateur à la retraite n’a aucun lien direct avec cet univers.
C'est un drame personnel qui l'a poussé à agir.
Sa prise de conscience date du suicide de son ami d'enfance, en 2008, un agriculteur, à Gontaud-de-Nogaret en Lot-et-Garonne.
Il "n'avait rien laissé voir de sa détresse à personne", regrette-t-il. Dans la même commune, d'autres sont passés à l'acte depuis.
Sujet tabou
Patrcik Maurin se rend compte que le sujet est tabou dans un monde paysan taiseux et en plein bouleversement.
Il débute une première "marche citoyenne" l'automne dernier, entre Marmande et Saint-Anne d'Auray en Bretagne, où se tient chaque année une cérémonie religieuse en hommage aux agriculteurs suicidés: 540 kilomètres à pied en 21 étapes.
Il recueille les témoignages et doléances des agriculteurs qu'il rencontre.
« Je me vois comme un messager », dit-il. "La disparition des agriculteurs est quelque chose de catastrophique, il n'y a pas de considération pour les paysans en France".
Selon l'agence Santé Publique France, on compte un suicide d'agriculteur presque tous les deux jours en France. La mortalité par suicide des agriculteurs est 20% supérieure à celle de la population générale.
Une des causes principales de leur désespoir tient aussi au surendettement auquel nombre d'entre eux sont confrontés.
La Mutualité sociale agricole a mis en place en 2014 un dispositif "Agri'écoute" pour aider les professionnels en difficulté.
La ligne est disponible 7 jours sur 7 et 24h sur 24. Au bout du fil, des psychologues sont là pour écouter les agriculteurs qui en font la demande.