Solidarité : la Mosquée d'Agen mobilisée pour apporter son aide aux plus démunis durant la crise du coronavirus

Pendant le confinement, les membres de l'association de la Mosquée d'Agen se sont mobilisés pour distribuer des denrées au personnel soignant, aux pompiers mais aussi aux habitants les plus fragiles. Une action qu'ils ont choisi de poursuivre pendant le Ramadan. 

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Depuis début avril, elles ne s'arrêtent pas. Sabah, Kenza, Radia et d'autres femmes se sont improvisées brigadières de cuisine pour faire les 50 litres de soupe qui seront distribués aujourd'hui aux 80 personnes inscrites sur la liste que l'association aide chaque jour.
Aujourd'hui, c'est la harira, soupe traditionnelle marocaine. L'équipe est aux fourneaux depuis 10 heures ce matin et la distribution se fera comme tous les après-midi entre 15 heures et 18 heues devant la Mosquée.  
 


"On s'est organisé pour se divisier les tâches en trois pôles: deux personnes se chargent de récolter et de stocker les denrées, deux remplissent les sacs et puis trois autres s'occupent des livraisons des iftar box pour les personnes qui ne peuvent pas se déplacer", explique Moha Oukarchane, enseignant et membre de l'association. 
 

Les "iftar box", ces petites boîtes contenant le repas qui permettra aux musulmans de rompre le jeûne le soir pendant le Ramadan sont distribuées à près de 125 personnes chaque jour. 

Mais pas question de restreindre ces repas au critère de religion:

La misère n'a pas de barrières. Avec le confinement, des gens ont perdu leur travail ou ne bénéficiaient pas du chômage partiel par exemple. On donne à tout le monde", précise Moha Oukarchane.

D'ailleurs, ça se ressent dans la cuisine. Au menu, aussi bien du pain maghrébin que de la pizza ou du riz avec du poulet. 
 

Si cette année Ramadan rime aussi bien avec confinement, c'est pour suivre le même mot d'ordre : solidarité. Tout le monde s'y met. Kamal Sayed, 36 ans, s'occupe des livraisons cet après-midi. "On a un roulement parce que c'est quand même lourd à gérer. Cette semaine j'aide, je suis là tous les jours mais la semaine prochaine je travaille donc ce sera un autre qui prendra le relai pour livrer la cinquantaine de personnes dont je m'occupe cet après-midi. Chacun aide autant qu'il peut", explique-t-il. 

35% des personnes livrées sont âgées, isolées. Quant aux autres, ce sont souvent des familles précaires. Pas de religion et pas d'âge donc, au point que même les sacs de courses, eux distribués une fois par semaine, sont personnalisés. Céréales et gâteaux pour les enfants sont ajoutés aux produits de première nécessité. "Ça arrive souvent que les gens aient la larme à l'oeil quand ils nous voient arriver et ça, ça fait chaud au coeur", confie Kamal.

Chaque cabas est soigneusement préparé en fonction des informations récoltées. Savoir combien de personnes constituent le foyer et à quels besoins il faut répondre sont une préoccupation quotidienne pour chaque membre de l'association. Un travail tout en précaution d'autant plus que tout se fait par le bouche à oreille. Malgré les efforts faits pour communiquer au maximum sur les réseaux sociaux, la première approche passe souvent par l'humain. Kamal sait que l'aide n'est pas toujours facile à demander pour tout le monde: " Parfois ce sont des voisins, des connaissances, des amis qui font l'intermédiaire entre la personne qu'ils savent être dans le besoin et nous".


Donner à tout le monde

Livraison pour les plus démunis, pour les autres direction le drive devant la Mosquée ! Un stand à double sens est tenu tous les après-midis par les bénévoles pour venir récupérer son "iftar box" ou son sac de courses, mais aussi pour y déposer des denrées et alimenter le stock de l'association. 
 

Chaque don est récolté, désinfecté selon les normes sanitaires imposées par la pandémie de coronavirus, puis entreposé en respectant les dates limites de consommation des produits. 
Huile, pâtes, sac de riz, conserves, bouteilles d'eau sont répartis dans les cabas ou dans les "iftar box" et tous les jours c'est une quinzaine de poches pleines qui viennent renflouer les tables de l'association. 
 


La cuisine comme moyen d'entraide, c'est ce que ces fidèles de la Mosquée d'Agen ont choisi de faire dès le début de la pandémie en apportant des plats au personnel des urgences de l'hôpital d'Agen ainsi qu'aux pompiers. Pour Moha Oukarchane c'était un moment important et privilégié: " Nous avons été touchés mutuellement. Dans une période comme celle-là, savoir que l'on soutient et que l'on est soutenu, ça n'a pas de prix"
 


Les cagnottes : se sentir utile même loin


Un appel aux dons a également été lancé par l'association pour récolter des fonds afin de compléter le stock ou de reverser directement aux plus nécessiteux. Au total, ce sont près de 5000 € qui ont été recueillis et l'appel est toujours lancé. Pour Oumayma c'est clair, il faut continuer le plus possible: "il y a toujours des gens dans le besoin donc tant qu'on aura du stock, on continuera"
 

Un appel aux dons dématerialisé qui rencontre un franc succès ces derniers mois avec la pandémie de coronavirus. De fait, l'aumône obligatoire à la fin du Ramadan est rendue difficile avec la fermeture des mosquées chargées traditionnellement de récolter les dons. La cagnotte en ligne devient une solution que nombre de musulmans à travers le monde ont choisi d'adopter: "le principe est de donner aux gens dans le besoin. Généralement, on donne aux gens proches de nous, à ceux que l'on connaît. Mais là avec le virus et même pour les gens qui comme moi, habitent dans un autre pays et sont donc loin de leur communauté, la cagnotte en ligne peut être une solution", explique Amar. 

L'éloignement géographique ou la pandémie de Covid-19, rien n'a ébranlé la volonté de la communauté agenaise de perpétuer le partage et l'entraide. "Finalement cette année, la seule nouveauté ce sont les masques et la distanciation sociale pendant qu'on cuisine, sinon on fait toujours les choses avec autant d'envie", souligne Oumayma. 
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