Habitué à faire l'ascenseur depuis 2012, le promu Agen est en passe de valider son maintien en Top 14 mais aussi la méthode de son entraîneur argentin Mauricio Reggiardo, adepte de l'humain et de la méritocratie.
A deux journées du terme et en attendant la réception de Clermont samedi (20h45), le club aux huit Brennus compte huit points d'avance sur le barragiste Oyonnax, plus une différence particulière favorable. Cette réussite, il la doit en grande partie à Reggiardo, l'ancien pilier argentin (48 ans, 50 sélections), en charge des avants depuis 2016 puis propulsé sur le devant la scène l'été dernier après le départ du manager Mathieu Blin une fois la remontée acquise.
Reggiardo, c'est une méthode, une patte qui avait déjà sévi du côté de Castres pour deux sauvetages (2007 et 2015) restés dans les annales tarnaises. D'entrée le 1er juillet dernier, il avait annoncé la couleur lors du premier entraînement en faisant placarder le mot "maintien" en 4x3 dans les vestiaires d'Armandie afin de ne pas revivre les deux derniers calvaires de 2013 et 2016 (deux fois 13e et relégué en Pro D2).
Pour atteindre cet objectif, l'Argentin a fixé une priorité: "créer un état d'esprit très fort", en jouant sur les prédictions quasi unanimes des spécialistes qui condamnaient son équipe avant même le début de la saison.
"Faire croire que c'était possible"
"Bien sûr que ça motive et qu'on a envie de déjouer les pronostics", reconnaît-il, persuadé qu'il dispose d'un groupe capable de se maintenir. "Il fallait juste finir de le faire grandir et lui faire croire que c'était possible", poursuit l'ancien Puma qui met en place un fonctionnement basé sur la méritocratie.Le principe est simple pour celui qui définit le rugby "avant tout comme une histoire d'hommes": il suffit juste d'aligner à chaque match les joueurs les plus performants sans tenir compte des CV ou de l'ancienneté. Ainsi, même le meilleur marqueur d'essais du SUA, l'ailier d'origine papou George Tilsley, n'a pas eu de passe-droit, fréquentant même le "frigo" après son match raté contre Bordeaux-Bègles, son futur club.
Par conséquent, les Agenais ont dû mettre leur ego de côté, à l'image de l'Argentin Facundo Bosch, talonneur devenu flanker pour la bonne cause lors du match crucial contre Oyonnax (36-21 le 7 avril), ou du capitaine Antoine Erbani, non retenu lors du voyage à Pau la semaine suivante (33-22), son futur club également. Ce mode de management, jumelé à une philosophie de jeu plutôt offensive, a permis de renverser des montagnes comme le Racing 92, Toulon, Montpellier et Castres, soit quatre des six premiers qui sont tous tombés à Armandie.
Antoine Erbani avoue avoir été très en colère envers son manager Mauricio Reggiardo https://t.co/JSqclsJTga pic.twitter.com/JquVqQ3iTy
— Rugby Monde (@RugbyMondeNews) April 27, 2018
Des victoires fondatrices qui ont permis aux Agenais d'exister dans ce Top 14, de révéler quelques pépites (Béthune, Marchois, Tanga, Miquel, Fouyssac, Laporte) et la valeur de ses inconnus, les ailiers Nakosi et Tilsley (16 essais à eux deux). Mais c'est surtout en remportant le championnat du bas (5 points contre Brive, 6 contre Oyonnax et 8 contre le Stade Français) que le SUA a construit son maintien. La mise au vert précédant le succès bonifié devant les "Oyomen" a marqué les esprits et leur a permis de signer l'exploit de leur saison à Pau.
Un dernier coup de rein et Reggiardo, sous contrat jusqu'en 2019 comme son adjoint pour les trois-quarts Stéphane Prosper, qui a suivi la formation d'entraîneur à Marcoussis cette saison en parallèle, pourra de nouveau appliquer sa méthode. Et relever un autre défi de taille: maintenir Agen dans l'élite malgré plusieurs départs d'importance (Erbani, Joly, Fouyssac, Nakosi, Tilsley).