Le 18 juin, il y a un mois jour pour jour, un agriculteur a été attaqué par un présumé individu fiché S. L'agression a eu lieu vers 20h45, alors qu'il labourait son champ avec un collègue sur la commune de Laroque-Timbaut. Le procès de l'homme interpellé a lieu le 19 juillet.
Depuis le 18 juin dernier, la commune de Laroque-Timbaut (47) va de rebondissements en rebondissements. Ce jour-là, vers 20h45, deux agriculteurs sont en train de moissonner leurs champs en Lot-et-Garonne. L'un d'eux a été agressé par un homme à l'aide d'un couteau. Alors qu'ils travaillaient en bordure de la départementale 310 en direction de Bajamont, un homme s'est arrêté puis est entré dans le champ.
L'homme au deux-roues s'est approché de la moissonneuse-batteuse où se trouvait un agriculteur de 57 ans, Yves Boussuge. Ce dernier est descendu pour comprendre les intentions de l'homme face à la machine. Après une brève conversation, il reçoit un violent coup de couteau au niveau de l'épaule, et un sur la jambe. L'assaillant aurait crié "Allahou Akbar" avant de commettre son geste.
Aidé par son collègue, David Ginest, la victime a été très vite transféré aux urgences d'Agen. Son pronostic vital n'était pas engagé malgré la gravité de ses blessures.
Peu de temps après, la police a arrêté l'agresseur présumé. Le suspect, âgé d'une quarantaine d'années, serait connu par les services de renseignements comme une personne susceptible de s'être radicalisée, autrement dit "fichée S". Un deuxième individu, d’une vingtaine d’années a également été interpellé à Agen dans la foulée. L’enquête devra déterminer s’il s’agit d’un complice.
Dès le lendemain, un rassemblement de soutien s'est constitué. Le maire, Lionel Falcoz, a estimé à 300 le nombre de personnes présentes.
C'était très spontané. Un agriculteur proche de la victime m'a contacté et m'a demandé si je voyais une objection pour qu'ils se réunissent devant la mairie. Évidemment, je n'en voyais pas. Le syndicat des agriculteurs a pris l'information en relais et ça a été très vite. C'est ça la coordination rurale !
Tous ont ainsi pu exprimer leur choc et leur incompréhension sur la prise en charge de l'affaire. En effet, l'agression a vite été qualifiée juridiquement de "violence volontaire avec arme". Mais selon les proches de la victime et au vu du passif de l'agresseur présumé, il estiment normal que le caractère terroriste de l'action soit notifié.
S'ils avaient été journalistes, on en parlerait pendant des mois en hurlant à l'atteinte à la liberté d'expression... S'ils avaient été politiques, on en parlerait pendant des mois en hurlant à l'atteinte à la démocratie. Là, ce ne sont que des agriculteurs, et personne n'en parle...
Lionel Falcoz, le maire de Laroque-Timbaut, a donc pris la décision de rédiger une lettre pour Edouard Philippe, le Premier Ministre, Gérard Collomb, le ministre de l'Intérieur et Nicole Belloubet, la Garde des Sceaux et ministe de la Justice.
Courrier du maire de Laroque-Timbaut au Premier Ministre
Dans ce courrier, le maire de la commune a souhaité attirer l'attention sur la qualification de l'attaque.
Tous les éléments constitutifs sont là... Il y a une violation avérée d'une astreinte à résidence et il y a déjà a priori un dossier concernant la radicalisation de cet homme.
Dans sa missive de trois pages, le maire n'a pas hésité non plus à se dire révolté au sujet du système judiciaire actuel et au manque de moyens de la police qui se traduit par un manque de sécurité pour le citoyen.
Quelques jours plus tard, la mairie de Laroque-Timbaut a reçu une réponse signée Gérard Collomb. Le ministre de l'Intérieur explique que "le principe de séparation des pouvoirs ne lui permet pas de s’exprimer sur une affaire judiciaire en cours". Cependant il réaffirme l'engagement présent dans les promesses de campagne d'Emmanuel Macron de recruter 10 000 nouveaux policiers et gendarmes au cours du quinquennat.
Courrier du ministre de l'Intérieur au maire de Laroque-Timbaut
Lionel Falcoz poste alors la réponse officielle sur Facebook. Près de 450 réactions ne se sont pas fait attendre. Très rapidement, les personnes connaissant l'affaire laissent parler leur colère et leur incompréhension. Lionel Falcoz, lui-même, n'est pas satisfait.
Du vide, des promesses de campagne. Vue la multiplication de ce type d'actes, les postures politiques ne sont plus acceptables.
L'élu, les agriculteurs, leurs familles et leur avocate Me Sophie Grolleau sont tous à présent dans l'attente de ce procès, qui aura lieu ce mercredi 19 juillet à 14 heures.