Le premier ministre est venu ce vendredi à Marmande encore meurtrie par cette crue centennale. Devant les élus et Lot-et-Garonnais, il a dit vouloir un classement rapide en catastrophe naturelle. Des agriculteurs avaient préparé leur comité d'accueil.
Marmande fait partie des communes qui sont encore envahies par les eaux ce vendredi midi (7m50). Ici, la crue a culminé à 10,20 m, un niveau d'eau qui n'avait plus été atteint depuis 40 ans. Des hauteurs exceptionnelles qui ont déclenché la vigilance rouge pendant 24 heures, mais sans dépasser les niveaux de la grande crue de 1981 (10,56 m).
Selon la préfecture, la montée des eaux a entraîné quelque 360 évacuations dans le département, la majorité de façon préventive et gérées par les communes. Au total, les pompiers du Lot-et-Garonne ont effectué plus de 300 interventions, liées à l'événement météorologique Justine et aux crues qui l'ont suivi, depuis le week-end dernier.
Grâce à cette forte baisse, les Marmandais vont pouvoir retrouver leurs habitations plus tôt, assistés par les services municipaux. L'autre bonne nouvelle, c'est que les deux ponts de la ville ont pu être rouverts à la circulation.
Même si les riverains de cette Garonne marmandaise sont habitués aux caprices du fleuve, cet épisode est assez exceptionnel et aura, en peu de temps, occasionné beaucoup de dégâts dans les habitations mais également les infrastructures. Des routes, digues, ponts ont pu être endommagés et on ne connaîtra l'ampleur des destructions qu'à la fin de la décrue qui pourrait être longue.
Jean Castex auprès des Marmandais
Le premier ministre devait suivre, dans une visite rapide, les opérations de secours et échanger avec les élus et acteurs locaux de ce secteur de la Garonne marmandaise.
"Je voudrais souligner la forte mobilisation des services de secours qui ont été comme d'habitude, tout à fait exemplaires", a insisté M. Castex, après avoir passé en revue les effectifs d'une caserne et échangé avec des membres de la protection civile et de la gendarmerie.
Jean Castex a plaidé vendredi pour que l'état de catastrophe naturelle soit déclaré "dans les meilleurs délais" dans les zones du sud-ouest ayant subi des fortes inondations, lors d'une visite aux sinistrés à Marmande. "Nous avons évoqué avec les élus (...) la déclaration de catastrophe naturelle que nous allons instruire comme toujours avec une grande diligence afin qu'elle puisse être déclarée dans les meilleurs délais", a indiqué le Premier ministre
à l'occasion d'une brève allocution.
Arrivé à Marmande autour de 14h45, après un survol en hélicoptère des terres inondées, M. Castex a rendu visite aux pompiers et élus locaux, à qui il a "voulu manifester (s)a solidarité, la solidarité de l'État vis-à-vis de toutes les personnes concernées". Il a également discuté avec une habitante, chez qui subsistait encore un mètre de boue, et à qui il a assuré que serait "bien sûr" déclaré l'état de "catastrophe naturelle".
M. Castex a également évoqué la nécessité de mener des "actions plus structurelles" face à "ces phénomènes climatiques qui se répètent", notamment en "confortant des digues".
Des agriculteurs en colère
Sur le parcours, des agriculteurs ont mis des pneus à brûler sur un rond-point. Ils auraient souhaité pouvoir interpeller le premier ministre au sujet de leurs champs détrempés en permanence, faute, disent-ils, d'être préservés des eaux pluviales grâce à un entretien des fossés.
Selon Vincent Rigo, de la coordination rurale (CR47), s'ils ne peuvent empêcher la Garonne de sortir de son lit, ils peuvent lors d'une pluviométrie plus classique, éviter l'inondation systématique de leurs champs. Ils demandent à pouvoir entretenir leurs fossés sans en être empêcher par les services de l'Etat. En général, ils ont à se plaindre de la gestion du nettoyage des fossés et ruisseaux. Un thème que le mouvement d'agriculteurs connaît bien puisqu'il est à l'origine du chantier du fameux lac de Caussade...
Regardez le reportage d'Ingrid Gallou et Delphine Roussel-Sax.