Lac de Caussade : la préfecture exige la remise en état du site, les agriculteurs poursuivent les travaux

Malgré l'injonction des services de l'Etat et l'astreinte de 500 euros par jour en cas de refus d'obtempérer, les agriculteurs ont décidé de terminer ce qu'ils ont commencé. Bien déterminés à mettre en service ce lac de caussade qu'ils ont construit sans autorisation.

Nouvelle étape, nouveau bras de fer. Voilà presqu'un an que la construction de cette retenue d'eau fait la Une de ce département. Cette fois, en date du 2 mai dernier, la préfète a signé un arrêté de cessation des travaux.
Elle exige ni plus ni moins la remise en état du site d'ici 18 mois après démolition de la digue. Pour se garantir de la tenue et du financement de ces travaux, Béatrice Lagarde a pris des mesures. 
 

Une consignation d'un million d'euros exigée de la chambre d'Agriculture


Dans un délai de 10 jours, la chambre d’agriculture, fer de lance du projet, doit consigner la somme de 1 082 000 euros, correspondant aux travaux et opérations de suppression de l’ouvrage.

Et bien entendu, elle exige la cessation des travaux, et à défaut, une astreinte de 500 euros par jour. 

Béatrice Lagarde laisse le soin aux agriculteurs à la tête de cette réalisation et à la chambre d'agriculture du Lot-et-Garonne - qui leur apporte tout son soutien -  le soin de prendre les mesures nécessaires pour cesser la mise en eaux : laisser les vannes ouvertes, créer une brèche dans un délai de 8 jours.

Le calendrier s'affiche sur l'arrêté avec la suppression de l’ouvrage dans un délai de 3 mois et toujours, à défaut, une astreinte de 500 euros par jour. 
 

Une riposte dès jeudi ?

La Chambre d’Agriculture a décidé d’organiser une conférence de presse jeudi midi pour présenter la riposte.

La somme demandée de 1 million d'euros représente 1/6e de son budget. Ses représentants refusent de s'exprimer avant jeudi, mais laissent entendre que la bataille n'est pas terminée.

Dans la mesure où la chambre d'Agriculture demanderait un recours au tribunal administratif, ce dernier ne pourrait être" suspensif sur les mesures d'astreintes", précise l'arrêté de la préfecture. 

 
 

Les travaux se poursuivent

Sur place, les travaux se poursuivaient encore ce mardi, et la mise en eau a commencé.

Les derniers travaux de terrassement devraient prendre fin d'ici quatre ou cinq jours, et le lac, qui se remplira notamment d'eau de pluie, être plein d'ici un an, estiment les "responsables" des travaux qui n'entendent pas se plier à l'arrêté prefectoral.

"C'est un gâchis énorme" regrette Pierre Camani, ex-président du Conseil Départemental du Lot-et-Garonne, qui vient de quitter ses fonctions. Il explique que "tous les acteurs étaient favorables au projet, les autorisations ont été données et trois mois après, une fois les travaux commencés, le couperet est arrivé de Paris"

Pour rappel, la chambre d'Agriculture notamment a saisi le tribunal administratif pour annuler l'annulation de la préfecture, interdisant donc cette construction. 

Mais ils ont été déboutés en avril dernier. Les magistrats ont confirmé l'illégalité de cette retenue d'eau. 

 

"Dégâts irréversibles"


Opposant historique à la création de cette retenue d'eau l'association France Nature environnement se réjouit de voir l'Etat demander une remise en état du site, mais estime que les travaux, du fait de leur ampleur, auront eu des "effets irréversibles" sur la bio-diversité. 

"Ces stockages aggravent la situation hydrologique des territoires et sont une fausse solution pour des agriculteurs confrontés au manque d’eau pour bien des années" selon l'organisation écologiste qui évoque un "racket de l’eau" et compte déposer dans les tous prochains jours "une action en responsabilité contre la Chambre d’agriculture devant le tribunal administratif ".

Pour France Nature Environnement comme pour la Sepanso Aquitaine, "un meilleur partage de la ressource en eau passera nécessairement par une réduction de la dépendance des agriculteurs à l’irrigation, une meilleure utilisation des retenues déjà créées, un accompagnement au changement vers des cultures moins gourmandes en eau et moins impactantes sur sa qualité et le développement des modèles agro-écologiques plus robustes face au changement climatique".
  
Dans le reportage qui suit, les explications sur la position des uns et des autres dans ce dossier très tendu du lac de Caussade.
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