Dans le Lot-et-Garonne, une petite commune est depuis six mois le théâtre d'un combat entre agriculteurs et défenseurs de la nature. La justice a ordonné l'annulation du projet de retenue d'eau, mais les travaux continuent illégalement. Deux associations opposées au projet demandent réparation.
C'est le lac de la discorde depuis plusieurs mois. En toute impunité, le ballet des tracto pelles a repris après une courte trêve pour creuser la retenue d'eau collective dite du " lac de Caussade ", bravant la décision de justice qui a ordonné l'arrêt du chantier.
C'est devenu un feuilleton... Dans ce coin du Lot-et-Garonne rural, la détermination des agriculteurs est intacte pour créer coûte que coûte ce barrage : une digue de 378 mètres de large, 12,5 mètres de haut, pour barrer la vallée où coule le cours d'eau du Tolzac. L'objectif est bel et bien de créer l'artificiel "Lac de Caussade" qui devrait alors contenir 920 000 m³. Une surface immergée de 20 hectares sur la commune de Pinel-Hauterive au nord-est du département.
" On se croirait dans un République bananière. "
Cette fois, les associations de défense de l'environnement qui s'opposent au projet tapent du poing sur la table. Elles engagent une action contre l’État et la Chambre d’agriculture qui est à la manoeuvre pour la création de cette réserve artificielle destinée à irriguer les cultures alentours.
Elles réclament 125 000 euros à la Chambre d'agriculture et 100 000 euros à l'Etat. En clair, FNE (France Nature Environnement ) et la Sepanso ( association régionale ) ont pris leur plume pour demander réparation "pour les agissements fautifs ou leur inaction. "
Philippe Barbedienne, directeur de la Sepanso Nouvelle Aquitaine, ne décolère pas. "Nous leur demandons de nous verser un dédommagement pour le préjudice moral et écologique occasionnés par ces travaux qui se déroulent en toute illégalité sans que l'Etat ne souhaite les faire cesser. "
C'est vraiment scandaleux, on se croirait dans un République bananière. Il faudrait qu'en même qu'on fasse respecter l'Etat de droit y compris au fin fond du Lot-et-Garonne.
Un chapelet de procédures restées sans effet
La Préfecture se défend de laisser faire comme le sous-entendent les associations. Béatrice Lagarde, préfète du Lot-et-Garonne, égrène les procédures en cours : " Il y a eu deux procédures qui ont été entamées les 22 et 23 novembre à l'encontre du syndicat d'irrigation et le 29 novembre contre la Chambre d'Agriculture. D'autre part, Nous avons fait dresser un procès verbal de constat par la gendarmerie le 27 novembre suite à une mission aérienne de constat des travaux effectués."
Une série de procédures mais rien n'y fait. Les services de l'Etat sont impuissants à faire respecter la loi alors que ls travaux devraient être terminés d'ici fin janvier si les engins continuent leur travail.
Sur le secteur, 21 exploitations agricoles comptent sur cette réalisation, représentant 356 hectares de culture (pruniers, noisetiers, cultures de semences, soja, luzerne, maïs ensilage.. )
► Notre équipe a rencontré le représentant de l'association de défense de l'environnement SEPANSO Philippe Barbedienne et la Préfète Béatrice Lagarde qui interviennent dans ce reportage. Mais pas les représentants de la Chambre d'Agriculture et le syndicat qui la dirige, la coordination rurale car ils refusent de répondre aux questions.