L’affaire Rillette n’en finit plus. Fin décembre, la procureure de la République de Troyes a mis en demeure la propriétaire de la laie, Élodie Cappé, de la confier à une société spécialisée dans le dressage d’animaux pour le cinéma. Les associations crient au scandale.
Depuis quelques semaines, la laie Rillette fait parler d'elle partout dans les médias. En 2023, Élodie Cappé l'a recueillie alors qu'elle n'était qu'un marcassin. Depuis, l'animal est menacé d'euthanasie et sa propriétaire se bat pour le garder chez elle.
Une solution pour le parquet de Troyes, une honte pour la propriétaire de la laie
Le courrier a été envoyé le 27 décembre dernier à Élodie Cappé. La procureure de la République de Troyes a ordonné le transfert de Rillette chez Muriel Bec, dans le Loiret, dont l’activité est d’élever et dresser des animaux sauvages pour le monde du cinéma et de la publicité. La lettre est restée sans réponse. Pour la propriétaire de la laie, c’est la goutte d’eau : "C’est honteux. Vous vous rendez compte qu’ils veulent l’envoyer là-bas à des fins financiers ? C’est hors de question. J’ai le dos assez solide", fustige-t-elle.
Le parquet de Troyes, lui, estime que c’est la meilleure solution : "L’établissement est autorisé à détenir cinq sangliers et dispose d'une place vacante. Madame Bec est favorable à l'accueil, soucieuse des conditions de vie de l’animal qui conservera un contact avec les hommes, et facilitatrice si besoin pour l’organisation logistique du transfert, tout en mettant évidemment en place toutes les dispositions sanitaires nécessaires."
Un soutien des associations pour la cause animale
La Chaourçoise de son côté peut compter sur le soutien de la Fondation 30 Millions d’Amis : "Si la Fondation n’encourage pas la détention d’animaux non-domestiques par des particuliers, elle pense néanmoins que le bon sens et l’empathie doivent l’emporter sur l’aveuglement administratif et judiciaire".
Pour la co-fondatrice de l’association PAZ (Projet Animaux Zoopolis), ce placement au sein de la société Animal Contact est une mascarade : "Muriel Bec est une cheffe d’entreprise, les animaux en captivité, c’est son business, elle n’est pas du tout dans la protection animale", proteste Amandine Sanvisens. Selon elle, Rillette ne s’habituerait pas à ce nouveau mode de vie : "Elle perdrait déjà le lien affectif qu’elle a avec sa propriétaire, elle n’aurait pas les mêmes conditions de vie. Elle serait entourée d’autres animaux, elle aurait moins d’espace. Elle serait aussi transportée dans des lieux de tournage, c’est un bouleversement et un déracinement qu’elle ne supporterait pas". Elle ajoute que l’utilisation des animaux sauvages devrait être interdite par la loi, comme bientôt dans les cirques. Et Élodie Cappé de conclure : " Aujourd’hui, il n’y a plus besoin d’animaux dans les films. Les images de synthèse suffisent."
Élodie Cappé rappelle que les trois sollicitations faites auprès de la procureure de la République de Troyes sont restées sans réponse. "Je pense que Madame la procureure n’aime pas les animaux". De son côté, la magistrate souligne dans le courrier du 27 décembre 2024 que "les services de l’Etat sont fortement mobilisés pour trouver une solution de régularisation consistant en une remise du sanglier que vous détenez à une structure adaptée et respectueuse du bien-être de l’animal, correspondant à la ‘solution rationnelle’ que vous espérez également."
Une marche blanche est organisée par l’association des commerçants de Chaource le samedi 11 janvier à 14h pour soutenir Élodie. Avant une audience au tribunal administratif de Châlons-en-Champagne le lundi 13 janvier.