Sur le marché de Noël de Toulouse (Haute-Garonne), des commerçants auraient sollicité les Restos du cœur pour venir récupérer des produits alimentaires afin qu'ils le distribuent. Mais l'association n'a pas pu venir récupérer ces dons provoquant la polémique. Explications.
C'est un message vidéo qui sonne comme un reproche. Le 2 janvier 2024, le Twittos de l'Écho du bitume, Patrice Nice dénonce le fait que des associations caritatives aient refusé de venir récupérer des aliments que des commerçants du marché de Noël de Toulouse souhaitaient offrir aux plus précaires et démunis. "Les associations caritatives, les Restos du cœur, lorsque l'on vous propose quelque chose ne le refusez pas" déclare-t-il dans une vidéo tournée avec son téléphone.
Écoutez bien
— L'écho du bitume (@lechodubitume) January 2, 2025
Des commerçants du Marché de Noël à #Toulouse voulaient donner des aliments à des associations
Qui ont refusé de venir les récupérer....#NousSommesLes570000 pic.twitter.com/sSD5RuQ1jc
Mais il faut savoir que ces "dons impromptus" sont presque impossibles à gérer par les organisations comme les Restos du cœur. Plusieurs raisons à cela. À commencer par le respect de la législation et des règles d'hygiène en matière de circulation des aliments.
Pour une "certaine constance en quantité et qualité"
Pour récupérer des dons alimentaires auprès des enseignes de la grande distribution et autres commerçants, les Restos du cœur signent des conventions de ramassage. À travers ce document, l'association s'engage à redistribuer les dons aux gens de la rue. Le commerçant, lui, établit un bon quantifiant les produits et en échange l'association lui adresse un reçu fiscal lui accordant 60% de réduction d'impôt sur le montant du don.
La démarche est encadrée. Et les conventions signées avec les commerçants du centre-ville de Toulouse plutôt rares, reconnaît Jean-Claude Garçon, chargé de communication des Restos du cœur de Haute-Garonne. Prenons l'exemple d'un restaurateur qui voudrait donner un excédent de repas. "C'est comme pour les plats préparés qu'on trouve en supermarché, il faut qu'il y ait une traçabilité, explique Jean-Claude Garçon. Il faut la composition, la date limite de consommation…"
Il n'y a pas de règles plus drastiques, parce qu'on donne aux Restos du cœur. Simplement, ce sont des règles d'hygiène et de circulation des aliments qui font qu'on applique la législation.
Jean-Claude Garçon, chargé de communication des Restos du coeur de Haute-Garonne
Objectif : pouvoir identifier l'origine d'un incident alimentaire, même si cela n'est jamais arrivé en 30-40 ans. Et puis, il faut qu'il y ait une forme de "constance" pour l'organisation des collectes et ramassage des dons. "Les petites quantités, le coup par coup, ce n'est pas possible à gérer, affirme le bénévole des Restos du cœur.
Les partenariats établis avec les Restos du Cœur permettent de collecter des dons, qu’ils soient financiers ou alimentaires.
— Les Restos du Coeur (@restosducoeur) December 11, 2024
Ici, grâce à la mobilisation des salariés de cette entreprise partenaire, c'est plus de 3,5 tonnes de lait qui vont pouvoir être redistribuées aux… pic.twitter.com/awe78bINsJ
"Souvent, quand on fait la ramasse, on ramasse la poubelle des autres"
Pour les Restos du cœur qui fonctionnent avec des bénévoles, les collectes doivent être "rentables" d'une certaine manière. Question de temps, question d'organisation. L'association dispose de chambres froides positives et négatives pour conserver les aliments. Mais "il faut voir aussi ce que les commerçants peuvent nous donner. Il faut que les produits soient consommables", nous dit Jean-Claude Garçon.
Ce qui semble une évidence ne l'est pas toujours. "Souvent, quand on fait de la ramasse, on ramasse la poubelle des autres. Ce n'est pas parce que les gens sont démunis, qu'ils sont à la rue ou qu'ils ont un revenu extrêmement bas, qu'il faut leur donner des pommes pourries. Je plaisante à peine", nous confie le bénévole.
L'association salue tout élan de générosité des commerçants. Mais pour les dons imprévus comme pour les invendus du marché, mieux vaut en faire profiter directement ceux qui sont dans le besoin. En laissant des produits qui restent de bonne qualité aux glaneurs. Autre possibilité : le recours aux applications "Anti Gaspi" telles que Too Good to Go, Phenix ou encore PimpUp.