VIDEO. Rillette le sanglier menacé d'euthanasie : sa maîtresse appelle Julien Courbet pour le sauver, la justice doit trancher

Élodie Cappé a sauvé une femelle sanglier, Rillette, lorsqu'elle n'était qu'un tout petit marcassin qu'elle a trouvé au milieu de ses poubelles. Après l'échec de ses démarches auprès des autorités, elle l'a accueillie et élevée au sein de son foyer, mais l'administration menace de l'euthanasier.

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C'est une nouvelle affaire qui rappelle grandement celle de Toto le sanglier. Celle-ci se passe à Chaource (Aube), et suscite l'agitation ce mardi 10 décembre 2024.

Rillette est une laie recueillie en avril 2023 par une éleveuse, Élodie Cappé de la ferme équine Saint-Clair. Elle a recueilli cette femelle sanglier à l'état de marcassin, qui allait mourir au milieu de ses poubelles si elle n'en occupait pas. Mais cela pose problème à l'administration, qui la menace d'euthanasier l'animal, devenu véritable compagnon de son foyer. Un problème récurrent, dont la Fondation Brigitte Bardot (FBB) s'émeut régulièrement. 

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Rillette le sanglier est menacé d'euthanasie. La femelle a été sauvée et recueillie il y a 2 ans par une famille qui en a fait l'un de ses animaux de compagnie. Aujourd'hui, elle risque d'être abattue pour des raisons légales et administratives. ©France Télévisions

L'affaire fait grand bruit depuis la publication d'une pétition sur Change.org, et surtout le passage de la maîtresse de Rillette sur le plateau de Julien Courbet. À la manœuvre : Gloria Jourdain, agente immobilière et responsable associative (Les Petites Loges, du nom du hameau se trouvant à Chaource). 

L'urgence d'agir

Jointe par France 3 Champagne-Ardenne, elle explique que "Madame Cappé est adhérente de notre association, qui sauve les animaux entre autres. Elle s'est réveillée un matin avec ce sanglier au milieu de ses poubelles. Il mourrait de froid et de faim."

"Elle a fait une déclaration en préfecture comme il se doit... qui lui a été refusée. Elle a essayé trois fois, pris un avocat : trois refus. Elle s'est aussi renseignée auprès des parcs animaliers. Mais aucun ne peut l'accueillir. Il est trop proche de l'Homme. Alors si aucun parc ne peut l'accueillir, ce sera l'euthanasie." (voir sur la carte ci-dessous).

France 3 Champagne-Ardenne a pu ensuite joindre Élodie Cappé. Celle-ci croule sous "une cinquantaine d'appels". Elle raconte avoir trouvé le marcassin "égaré. On est situé en pleine forêt, on n'a aucun voisin."

Elle s'est mise en règle en construisant une structure pour loger la laie, et a veillé à sa santé. "J'ai appelé tous les organismes. Ils se renvoyaient la balle. Ils m'ont dit : plombez-la, ça ne sert à rien. Il fallait lui trouver une place dans un parc, mais personne n'en voulait. Et maintenant, elle est imprégnée de nous."

Ils m'ont dit : plombez-la, ça ne sert à rien.

Élodie Cappé, maîtresse de Rillette

"On m'a menacée de venir l'euthanasier si je ne me débarrassais pas d'elle. Une balle dans la tête, ce n'est pas de l'euthanasie mais de l'abattage. Hors de question qu'on abatte un animal chez nous, encore moins un membre de notre famille à part entière."

"Elle sait s'asseoir et se coucher. Elle a été élevée avec deux dogues allemands. Elle n'a aucun lien hiérarchique avec un membre de son espèce..." Elle risque la mort si elle est relâchée aujourd'hui. "Elle écoute même mieux qu'un chien", confie-t-elle par ailleurs, émue. Elle attend beaucoup de son passage par l'émission de Julien Courbet, et aussi "de Twitter : notre hashtag #SauvezRillette est troisième mondial."

Actuellement, l'animal vit "dans un parc, sur notre domaine privé d'une dizaine d'hectares. Elle ne dérange personne puisqu'on vit isolé : notre premier voisin est à cinq kilomètres.  Elle vit aux écuries avec nous, elle a son panier et dort dans le foin. C'est vraiment comme un chien, elle revient vers nous, mieux que nos propres chiens." Et bien évidemment, comme un chien - ou plutôt "comme un cochon en batterie" - il y a eu une stérilisation et la gestion des prophylaxies. 

L'affaire devient politique

La sénatrice indépendante Vanina Paoli-Gagin s'est emparée de l'affaire et multiplie les courriers et appels auprès des administrations et instances politiques. France 3 Champagne-Ardenne a pu apprendre auprès d'elle qu'elle a "juste relayé la problématique de cette jeune femme, Élodie Cappé, auprès des services de l'État. Sachant que je ne peux pas faire grand-chose d'autre. Il y a un sujet de vérification des conditions d'hébergement : elles m'ont l'air d'être tout à fait positives pour cet animal."

"Mais il y a une procédure judiciaire en cours. Et il faut garder la séparation des pouvoirs prévue par la Constitution : je ne peux pas interférer. Je peux relayer, juste demander aux services de l'État si les analyses rendues par rapport aux conditions de détention de cet animal par madame Cappé ont été respectées."

Il faut garder la séparation des pouvoirs prévue par la Constitution : je ne peux pas interférer. Mais je peux relayer.

Vanina Paoli-Gagin, sénatrice de l'Aube

Pour la sénatrice, cet appel à l'aide est une première, bien que dans son histoire familiale, à Ervy-le-Châtel (Aube), elle a déjà croisé une laie domestiquée dans le très vaste enclos d'un ami de son père, agriculteur. "J'ai été prévenue par une dame nommée Gloria Jourdain, qui habite Chaource, et qui est très investie dans la vie locale : protection des animaux, des minorités, la laïcité, etc. C'est un peu mon interlocutrice pour cette zone-là. Ça ne m'a pas étonnée que ce soit elle qui me fasse remonter ce sujet."

"J'essaye d'être à l'écoute : cela peut être un sujet assez croquignolesque, mais j'ai demandé à mon collaborateur [parlementaire] de terrain de faire le récapitulatif." Et que l'affaire était correctement traitée par l'Office français de la biodiversité (OFB) et la direction départementale de la protection des populations (DDPP).

Par ailleurs, la sénatrice est présidente des communes forestières de l'Aube. Elle est sensibilisée à la thématique du sanglier, "qui peut faire beaucoup de dégâts dans les forêts, en gênant leur régénération. C'est pour ça qu'il y a régulièrement des chasses de régulation, qui sont autorisées par les représentants de l'État dans la région, pour éviter la prolifération."

La réponse officielle

Boris Ravignon, maire de Charleville, a eu un rôle dans la précédente affaire de sanglier. C'est un parc animalier de son agglomération qui a fini par accueillir Toto. Il a déclaré à France 3 Champagne-Ardenne qu'il "n'avait pas eu connaissance de cette situation" pour Rillette. Du reste, Élodie Cappé précise "qu'elle ne peut pas être dans un parc. Vu son comportement, c'est impossible. Même pas Charleville-Mézières, aucun. C'est trop tard, on ne peut plus, elle a un an et demi et est trop imprégnée. Quand on a essayé de la relâcher au début, au mieux elle fuyait, au pire elle risquait de se faire tuer."  

Élodie Cappé devait avoir plus d'informations dans l'après-midi : la préfecture prévoyait apparemment de rappeler Julien Courbet. "La préfecture ne répond jamais quand on en a besoin, mais Julien Courbet a réussi à les joindre." Avec, on peut le souhaiter, une bonne nouvelle. "Aucune autre solution n'est envisageable."

En début de soirée, ce mardi 10 décembre, la préfecture de l'Aube a précisé les dispositions concernant la détention d'animaux d'espèces non domestiques. "L’article L424-10 du code de l’environnement dispose qu’'il est interdit de détruire, d'enlever, de vendre, d'acheter et de transporter les portées ou petits de tous mammifères dont la chasse est autorisée'."

Une affaire désormais "judiciaire"

"La détention des animaux d’espèces non domestiques est en outre encadrée par l’arrêté ministériel du 8 octobre 2018, qui ne permet cette détention que pour les animaux d’origine connue et licite. Pour les sangliers, la détention n’est autorisée que si l’animal provient d’un élevage. Le 23 janvier 2023, la propriétaire a fait une demande de déclaration de détention d’animal non domestique auprès des services de la DDETSPP, qui a notifié un refus le 24 janvier 2023."

La propriétaire a formulé une deuxième demande, poursuit la préfecture de l'Aube, qui a fait l’objet d’un deuxième refus le 5 février 2024. L’Office français de la biodiversité (OFB) a alors pris en charge le dossier et le parquet a ouvert une enquête. "Depuis lors, l’affaire est de nature judiciaire et n’est plus de la compétence de l’autorité administrative." Il va donc encore falloir attendre un peu pour avoir le fin mot de cette histoire.

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