Lors de la Toussaint, une tradition perdure chez les chrétiens : la bénédiction des tombes. Un pratique pourtant en danger : les communes manquent de prêtres pour la réaliser. Certains laïcs sont donc parfois chargé de cette mission pour soulager l'emploi du temps des écclésiastiques. Exemple dans le Lot-et-Garonne avec un ancien militaire des forces spéciales.
Dans ce cimetière de Sainte-Bazeille, il marche au pas de course, se presse dans les allées. Pas une minute à perdre dans ce week-end de la Toussaint qui s'annonce chargé. Mais lorsqu'il débute chaque bénédiction, Henri Antoine Cordazo tente de ralentir le rythme, de s'adapter aux familles. Malgré son allure assurée, cet ancien militaire n'est pas prêtre et a servi dans les forces spéciales pendant quatorze ans. Pourtant, une fois par an, il bénit les tombes pour soulager l'emploi du temps des curés locaux. "Je le fais de bon cœur pour aider les gens, j'essaie de faire comme je peux", glisse-t-il humblement.
Une formation obligatoire
Chaque année, de nombreux laïcs viennent en aide aux hommes d'Église, notamment lors du week-end de la Toussaint. La bénédiction des tombes, n'étant pas un sacrement, elle peut être réalisée par des laïcs, à condition qu'ils soient formés. "Un jour, un prêtre m'a demandé, j'ai fait la formation, j'ai reçu la bénédiction de l'évêque et d'une dizaine de prêtres et maintenant, je suis habilité à le faire et j'essaie de le faire au mieux", indique Henri Antoine Cordazo qui célèbre des bénédictions depuis 2011.
L'ancien militaire a toutefois toujours été proche de l'Église, et a aussi été délégué pastoral pendant neuf ans. "Ça me fait du bien d'écouter les gens, même si c'est difficile parfois. Après des célébrations, je suis content quand je reçois des mails où on me dit que j'ai redonné la foi aux familles."
Je suis simplement un laïc qui essaie d'aider les prêtres.
Henri Antoine Cordazoancien militaire
Trouver du temps pour les vivants
Après les bénédictions, Henri Antoine Cordazo reprend rapidement la route afin de boucler à temps le tour des cimetières. "C'est la course, sourit-il au volant de son véhicule. C'est tous les ans comme ça. Là, pour les prêtres, c'est encore pire parce qu'en trois jours, ils font faire 23 messes, lance-t-il. Alors, ils n’ont pas le temps de bénir les tombes."
Du temps pourtant précieux pour les familles venues spécialement honorer leurs défunts. "Pour moi, c'est très important, car c'est une pensée pour eux et ce jour de recueillement reste dans notre cœur", "on n'oublie pas nos défunts, c'est très important qu'il y ait des laïcs, car les prêtres sont occupés", soulignent des familles venues se recueillir.
Manque de prêtres
Dans le Lot-et-Garonne, les prêtres sont trois fois moins nombreux que dans les années 80. Le père Richard Bouchet, par exemple, officie dans 33 églises et chapelles. "Cette année, la Toussaint tombe un week-end, donc on a fait un peu plus de messes que d'habitude, précise-t-il, marchant à l'allure vive dans les allées du cimetière. Heureusement, on a beaucoup de prêtres dans la région qui viennent de l'étranger, particulièrement du continent africain. Beaucoup de laïcs prennent leurs responsabilités", se réjouit-il.
Une journée aux allures de marathon pour ces hommes d'Église qui malgré l'empressement doivent donner à chacun un peu de leur temps.