Chanteuse, danseuse, meneuse de revue... et aussi résistante ! En cette journée nationale de la Résistance, la commune d'Aiguillon en Lot-et-Garonne rend hommage à Joséphine Baker, en présence de son fils aîné, Akio Bouillon-Baker.
Dans la région, quand on parle de Joséphine Baker, on pense au Château des Millandes en Dordogne où elle s'était retirée avec sa "famille arc-en-ciel" comme elle le disait. Pourtant, c'est la ville d'Aiguillon qui rend hommage à la chanteuse pour son parcours atypique dans la Résistance.
Le hall du Château d'Aiguillon, où elle se produisit en 1961, portera bientôt son nom. En ce 27 mai, la ville célèbre donc Joséphine Baker, mais aussi tous ses résistants.
Une artiste entrée en Résistance
Si ses "deux amours" étaient sur scène son "pays et Paris", c'est bien une certaine idée de la France libre que Joséphine Baker voulait défendre, en coulisse, en multipliant les actions d'espionnage ou de renseignements.
Dès 1939, elle saura profiter de son statut d'artiste au-dessus de tout soupçons pour recueillir de précieuses informations sur les positions de l'ennemi qu'elle transmet, ensuite, via des messages cachés dans des partitions de musique.
Son premier fils adoptif, Akio Bouillon, raconte que son image "d'évaporée", "d'oiseau des îles" faisait que "les gens ne pouvaient pas imaginer qu'elle fasse du renseignement". Mais bien-sûr, "ses convictions, elle les gardait pour elle" !
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Résistance en Dordogne
À cette époque, Joséphine Baker quitte Paris pour le Périgord, entourée de sa tribu arc-en-ciel, ses 12 enfants adoptés, et vit alors au cœur d'un réseau de résistants.
Mais une fois repérée par les services de contre-espionnage allemand, elle part pour l'Afrique du Nord où elle intègre l'armée de l'air (sous-lieutenant). Car l'artiste-espionne, qui ne manque pas de talents, est détentrice du brevet de pilote. Elle est aviatrice.
Après la guerre, pour ses nombreuses contributions à lutter contre l'occupation allemande, elle sera décorée de la croix de guerre et de la médaille de la Résistance. La star du music-hall entre dans la grande Histoire.
Une journée pour se souvenir
À Aiguillon, le comité local de l'Association Nationale des Anciens Combattants (ANACR) a inauguré dans la salle des fêtes de la commune, un parcours mémoriel retraçant les différents lieux concernant la résistance et différents épisodes tragiques en Lot-et-Garonne, particulièrement les exactions de la division SS Das Reich, responsable des massacres de Tulle et Oradour-sur-Glane.
La date du 27 mai a été choisie, pour cette commémoration nationale, en référence à la première réunion du Conseil national de la Résistance (CNR) qui s'est déroulée le 27 mai 1943.
À l'époque délégué du général de Gaulle, Jean Moulin souhaitait instaurer ce conseil dans le but d'unifier et de coordonner les actions des divers mouvements de résistance, souvent désorganisés et cloisonnés. Sous sa présidence, le Conseil national de la Résistance réunit les représentants des huit grands mouvements de résistance, des deux grands syndicats d'avant-guerre ainsi que les représentants des six principaux partis politiques de la Troisième République.
Après la Libération, le programme d'action de la Résistance, connu sous le nom "Les jours heureux", paraît en 1944 et conduit à la mise en œuvre de réformes économiques, sociales et politiques posant les bases du modèle social français. Ce programme inspire également la rédaction du préambule de la Constitution de la quatrième République, qui fait partie des textes fondamentaux de notre droit actuel.
Cette journée est, notamment dans les collèges et lycées, l'occasion de rendre hommage "à ceux qui ont résisté à l'oppression" et de réfléchir aux valeurs de la Résistance.
