La prison d'Eysses à Villeneuve-sur-Lot possède son magasin bio. Un commerce pédagogique qui permet aux détenus de se former aux métiers de la vente. Depuis quelques semaines, le magasin est devenu épicerie solidaire pour lutter contre la pauvreté et l'isolement en milieu carcérale.
C'est une initiative inédite en France. À Villeneuve-sur-Lot, les détenus de la prison d'Eysses ont accès à une épicerie bio. Un magasin pédagogique permettant aux détenus d'acquérir une formation en vente. Mais pas seulement. Depuis peu, le commerce est devenu une épicerie solidaire, pour lutter contre l'isolement de certains, qui n'ont pas forcément les moyens d'y faire leurs courses.
Une formation professionnalisante pour la réinsertion
Dans ce centre de détention, les détenus peuvent se former à la vente via un CAP "équipier polyvalent de commerce". Une formation dispensée en milieu carcéral, grâce à l'épicerie bio. "C'est le premier magasin pédagogique ouvert en détention, annonce fièrement Karine Simon-Yann, professeure d'économie et gestion de plusieurs détenus. L'objectif, c'est de leur donner une structure qui aide à préparer cette formation dans son intégralité. Parce que le souci en détention, sur des formations professionnelles, ce sont les stages."
Avec cette épicerie, ils ont la possibilité d'effectuer leur formation et leurs stages au sein de la détention pour ensuite de valider un diplôme.
Karine Simon-Yann, professeure d'économie et de gestion à la prison d'Eysses
Fouad est élève stagiaire du magasin. Pour le détenu, apprendre au sein de cette épicerie est une chance. Une fois sorti de prison, il espère travailler dans la vente de produits bios. "Le fait de pouvoir passer un CAP vente en détention, cela me permettra de trouver du travail un petit peu plus facilement à l'extérieur. C'est ce qui m'a motivé. J'ai fait 1 année de CAP vente, j'ai arrêté et là, j'ai trouvé l'occasion de reprendre", se réjouit-il. Le détenu met en rayon, tient la caisse ou conseille ses clients.
Une formation ouverte notamment aux détenus les plus jeunes qui, en général, ont du mal à se tourner vers les formations qui leur sont proposées. "Pour les plus jeunes, les cours ne sont pas forcément très loin et ils n'ont pas forcément envie de s'y replonger. C'était une de nos priorités de leur offrir ça ", explique Karine Simon-Yann.
"En prison, on fait attention à ce qu'on mange"
Au-delà de la formation, l'épicerie bio est ouverte aux détenus. De quoi leur permettre de trouver des produits de bonne qualité. Un succès notamment pour ceux qui surveillent leur alimentation. "Ce sont des produits sains, il y a beaucoup moins de sucre, donc c'est bénéfique. En prison, on fait attention à ce qu'on mange, surtout quand on fait du sport", témoigne un client. D'autres comme Sofiane mettent en avant le côté pratique : "L'épicerie est ouverte tous les mardis, les cantines mettent 3 semaines donc c'est plus rapide."
Récemment, la prison d'Eysses a décidé de faire de son magasin pédagogique, une épicerie solidaire. "Le magasin est ouvert aux détenus, mais il y a toute une population qui n'a pas les moyens et qui s'isole parce qu'elle ne peut pas accéder à ce type de produit. Passer en épicerie solidaire, c'est aussi pour que cette population sorte de son isolement", affirme Karine Simon-Yann. Des réductions jusqu'à moins 70 % sont proposées.
Mais plus que l'alimentation, le commerce en détention permet aux détenus de recréer du lien entre eux et se préparer à leur future sortie de prison. Une initiative de réinsertion qui semble avoir son succès à la prison d'Eysses.