Maladies cardiovasculaires : des chercheurs bordelais inventent des textiles humains pour réparer les vaisseaux sanguins

C'est un espoir pour tous ceux qui souffrent de maladies cardiovasculaires. Avec son équipe, Nicolas L'Heureux, un chercheur de l'Inserm basé à Bordeaux, a mis au point des "textiles humains" à partir de collagène pour réparer les vaisseaux sanguins abîmés. 

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C'est une histoire de culture. De celles que les chercheurs mènent en laboratoire, souvent durant des années, partant d'une hypothèse pour atteindre la réalisation. Cette fois, c'est une découverte qui concerne des millions de personnes dans le monde.

Nicolas L'Heureux et son équipe ont conçu des vaisseaux issus de matière humaine pour remplacer ceux qui ne jouent plus leur rôle chez les nombreux patients concernés par les maladies cardiovasculaires. Elles font plus de 17 millions de morts par an à travers la planète. 
 

On est capable de cultiver et de multiplier dans des flacons en plastique, des cellules de toutes sortes et en grande quantité.
Nicolas L'Heureux - chercheur - Unité « Bioingénierie Tissulaire " Bordeaux
 



Nicolas L'Heureux décrit le principe : " Je prends les cellules et je les encourage à faire de la matrice en laboratoire depuis des années. Le but est de leur faire déposer une couche au fond d'une flasque de culture. "



Comme du textile


La découverte intéresse le monde scientifique. L'équipe bordelaise est la seule à travailler sur le sujet. Les chercheurs viennent de publier dans le journal Acta Biomaterialia pour expliquer comment ils ont cultivé des cellules humaines en laboratoire, afin d’obtenir des dépôts de matrice extracellulaire, riche en collagène. 
Cette protéine structurale compose l’échafaudage mécanique de la matrice extracellulaire humaine. 
 

Nous avons obtenu des feuillets de matrice extracellulaire fins, mais très solides qui peuvent servir de matériel de construction pour remplacer les vaisseaux sanguins.

 

Dans son laboratoire, l'équipe dédiée à cette recherche est composée de huit personnes. " On a des flacons de 10 cm x 18 cm, on obtient une déposition uniforme, on détache ce feuillet". Les feuillets sont ensuite découpés pour former des fils, un peu comme ceux qui composent le tissu d’un vêtement.
L'équipe s'est inspirée des méthodes du monde du textile. 

Nous pouvons tisser, tricoter ou tresser les fils que nous avons obtenus pour leur donner de multiples formes. Notre objectif principal est de faire des assemblages avec ces fils qui puissent remplacer les vaisseaux sanguins endommagés. 
Nicolas L’Heureux



De nombreuses étapes à franchir

Introduire cette matrice humaine chez l'humain a beaucoup d'avantages. Le corps ne le voit pas comme un étranger,  il est donc bien toléré par le patient. Le collagène ne varie pas d’un individu à l’autre, " Ce sont des bio-matériaux de nouvelle génération. Pas de rejet. On l'implante chez n'importe qui. Ensuite, le corps le peaufine, le termine."
 

Il y a encore un long chemin avant de pouvoir soigner ainsi les patients. Les ,chercheurs doivent affiner leurs techniques de production avant de passer aux essais animaux. Enfin, si ces étapes sont concluantes viendra le temps des essais cliniques. Une échéance à dix ans donc.

L'intérêt serait aussi de pouvoir automatiser la production de ces fils qui pourraient remplacer les vaisseaux, notamment les plus petits fragilisés, ou qui se bouchent, surtout dans les jambes. 



 
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