Alors que de grandes villes comme Lyon, Strasbourg ou Bordeaux sont touchées par le désaveu des équipes sortantes, le Limousin échappe-t-il à la règle ? En Haute-Vienne, Creuse ou Corrèze, quelles communes sont touchées par le "dégagisme" ?
Peu de prime au sortant en Haute-Vienne
Hormis dans des villes comme Limoges, Saint-Junien, Saint-Yrieix-la-Perche et Saint-Léonard où les maires sortants ont été confortablement réélus, plusieurs édiles ont été victimes du "dégagisme".
A Condat-sur-Vienne, Bruno Genest qui briguait un 4e mandat a été destitué au 2nd tour (40.66%) par la liste DVG d'Emilie Rabeteau (48.90%). Mis en examen pour viol et violences conjuguales, l'ancien maire dément ces accusations et explique son échec par une campagne "assez délétère et notamment en développant des aspects nauséabonds sur ma vie privée". Bruno Genest sera resté près de 2 décennies à la tête de cette commune de plus de 5 000 habitants.
Une ère s'achève également à Couzeix. Le maire sortant Jean-Marc Gabouty (DVD) ne se représentait pas après avoir tenu les rênes de la commune de 1995 à 2017. Il avait adoubé la liste de Sylvie Billat qui au second tour a échoué (43.63%) face à Sébastien Larcher (DVC) qui emporte la majorité des suffrages (47%) et les clefs de la mairie.
Panazol bascule à droite. L'ancien édile Jean-Paul Duret (DVG) et président de Limoges Métropole avait fait 2 mandats. Démissionnaire en mars dernier, il ne soutenait pas la liste de Martine Tabouret (46.34%) qui, malgré la fusion avec le candidat Bruno Compte, n'a pas réussi à décrocher le fauteuil de maire de cette ville de plus de 10 000 habitants. Le siège échoit à Fabien Doucet (DVC) qui a réalisé un score de 53.66%.
A Bellac, la candidate sortante et ancienne sous-préfète Corine Hourcade-Hatte (SE) a été vaincue par la liste de Claude Peyronnet (DVG). Le nouveau maire a gagné près de 60% des suffrages lors de ce second tour.
Enfin, au Palais-sur-Vienne, après le désistement d'Isabelle Briquet, maire depuis 2001, 3 candidats se disputaient le siège. C'est le DVG Ludovic Géraudie qui sort vainqueur de cette triangulaire avec 52,45% des voix.
La Creuse n'y échappe pas...
Exceptés le maire sortant d'Aubusson Michel Moine (DVG) qui part pour un 4e mandat et Renée Nicoux (DVG) déjà à la tête de Felletin de 2008 à 2014, élue à nouveau au second tour, plusieurs édiles disparaissent du paysage politique en Creuse.
A Guéret, "voilà l'héritage de Michel Vergnier. Après 20 ans, il rend la ville à droite" a annoncé amer Eric Corréia à l'issue du scrutin ce dimanche 28 juin. Le candidat de gauche et président du Grand Guéret arrivé en tête au 1er tour et battu au second (33.2%) en veut au précédent maire Michel Vergnier qui a dirigé la ville pendant une vingtaine d'années. Faute d'avoir fusionné entre les 2 tours avec l'autre liste de gauche de Sylvie Bourdier soutenue par Michel Vergnier, c'est la liste de Marie-Françoise Fournier (SE) qui rafle la mise et la municipalité (35.7%).
A La Souterraine, Jean-François Muguay maire depuis 2008 avait passé le flambeau à son poulain Etienne Lejeune (LUG) en février dernier après 37 années de vie publique. Ce dernier a été élu au 1er tour avec 57.37% des voix.
A Bourganeuf, Jean-Pierre Jouhaud ne s'était pas représenté laissant la place à son adjoint aux finances Régis Rigaud, seul en lice, élu au 1er tour avec 100% des suffrages.
A Sainte-Feyre, Nadine Dufaud qui avait pris la succession de Michel Villard, décédé en 2017, avait jetté l'éponge en janvier dernier au bénéfice de Franck Réjaud, élu au 1er tour (57,32%).
L'exception corrézienne
Naves avec l'élection de l'écologiste Hervé Longy (55,33%), Ussac et Argentat avec l'éviction du maire sortant au 1er tour font parmi les rares communes de Corrèze à avoir changé de maire.
Au premier tour, les sortants Frédéric Soulier (DVD) à Brive, Bernard Combes (PS) à Tulle, Jean-Paul Grador (PC) à Uzerche ou encore Charles Ferré à Egletons sont passés sans encombre dès le 1er tour avec des scores plus qu'honorables. A Ussel également, le LR Christophe Arfeuillère est réélu avec 55.26% des voix et conserve le siège qu'il occupe depuis 2014.
Désir de changement ou renouvellement naturel d'élus vieillissants, difficile en Limousin de parler d'une volonté manifeste des électeurs de se débarrasser de la vieille garde politique.
Le dégagisme est peut-être à chercher dans le faible taux de participation ou, en Limousin comme ailleurs en France plus d'un électeur sur deux n'est pas allé voter.