Invités de Dimanche en Politique le 22 janvier 2017, les présidents des CCI de Haute-Vienne, Creuse et Corrèze se sont accordés pour dire qu'ils sentaient "un début de reprise timide" en Limousin. Ils ont aussi fait part de leurs attentes vis-à-vis des politiques en cette année électorale.
Invités à s'exprimer sur le bilan économique de l'année 2016 en Limousin et leurs attentes pour 2017, les présidents des 3 CCI (Chambres de Commerce et d'Inudstrie) du Limousin Pierre Massy pour la Haute-Vienne, Françoise Cayre pour la Corrèze et Gilles Beauchoux pour la Creuse étaient les invités de l'émission Dimanche en Politique dimanche 22 janvier 2017.
LES PREMICES D'UNE REPRISE
"On a les prémices d'une petite reprise, a déclaré Pierre Massy, il faut voir le verre à moitié plein. 2016 a été la fin de la dégringolade et nous sentons un début de reprise". Plus mesurée, Françoise Cayre a évoqué "un léger redémarrage, un frémissement".
Pierre Massy, qui dirigea pendant plusieurs années la fédération du BTP, est revenu sur la crise profonde qu'a connue ce secteur. "En 2008, il y avait 3200 salariés en Limousin, aujourd'hui nous sommes à 2500. Sur cette même période, le chiffre d'affaires est passé de 450 à 350 millions d'euros. La chute a été brutale mais aujourd'hui les mises en chantiers reprennent à un rythme relativement normal."
Concernant la situation économique en Creuse, Gilles Beauchoux a donné son sentiment sur le dossier GM&S Industry, deuxième entreprise privée du département en grande difficulté qu'il connaît bien car il fut salarié de son "ancêtre", la Socomec. Après une entrevue à Bercy qui s'est mal passée, la société se retrouve dans l'impasse.
Ce dossier est très sensible pour moi en tant qu'ancien salarié, dit Gilles Beauchoux, c'est une catastrophe. On voit que les constructeurs n'ont plus confiance. (...) Il y a eu des patrons plus ou moins véreux qui ont profité du système, des violents combats de la part des syndicats. Il y a aujourd'hui une friction, un état d'esprit délétère, je ne suis vraiment pas optimiste
DES ATTENTES FORTES MAIS INSATISFAITES
A l'orée d'une année présidentielle, "tous les candidats sont attentifs aux entreprises, affirme Pierre Massy, et ils le doivent car nous sommes un maillon essentiel de la vie économique de notre région " (NDLR: 96% des entreprises du Limousin ont moins de 10 salariés)
Nous attendons toujours ce fameux choc de simplification. Chaque fois qu'on simplifie, moi j'ai l'impression qu'on complexifie, qu'on ajoute du texte au texte"
Constat partagé par Françoise Cayre: "La simplification, on ne la voit pas ! Il y a une méconnaissance totale des politiques. On n'a pas le même vocabulaire, on se parle mais on ne se comprend pas. Il y a très peu de chefs d'entreprises au sein de nos élus, de nos parlementaires. Les entreprises ont besoin d'une lisibilité, d'une visibilité à moyen-terme et aujourd'hui nous sommes sur des politiques de court-terme...
Le dispositif CICE (crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi) mis en place par François Hollande (dont le bilan semble décevant) a été "efficace financièrement" pour Gilles Beauchoux, car c'est "une manne fiscale qui nous revient. Il a permis une amélioration des salaires".
A la question "a-t-il permis d'embaucher ?" le pdt de la CCI de la Creuse répond: "Ce sont les investissements publics, une reprise économique qui permettent d'embaucher. En Creuse, on est encore atone dans le BTP, ça remonte un peu dans les services, l'hôtellerie-restauration aussi, il y a eu une progression dans le nombre de sociétés créées".
"En Corrèze, un tiers des chefs d'entreprises a plus de 55 ans, explique Françoise Cayre et l'un de mes objectifs dans ce mandat sera de préparer la transmission. Cette reprise doit être anticipée au moins 8 ans à l'avance, c'est un défi majeur, car l'entreprise doit être viable".
LA GRANDE REGION : UNE CHANCE ?
Après un an de fusion au sein de la Nouvelle-Aquitaine, les attentes sont elles aussi nombreuses. "En Creuse, nous souhaitons le développement des infrastructures numériques, dit Gilles Beauchoux, le haut-débit est un point essentiel pour attirer les entreprises".
Françoise Cayre n'a pas mâché ses mots concernant le président de la région Alain Rousset: "Les discours de M. Rousset sont à la fois séduisants mais aussi inquiétants car ils concernent les grandes entreprises, des entreprises intermédiaires du moins, où il a l'air assez clair sur sa politique. Concernant notre territoire, il va falloir qu'il adapte son discours, je ne pense pas qu'il ait capté tout l'intérêt que nous avons dans nos territoires ruraux"
Il va y avoir des problèmes d'adaptation, de cohabitation, poursuit Pierre Massy, pour apprendre à co-exister, à vivre ensemble, il y aura des clashes, faisant référence à la démission collective des limousins de la direction de l'ADI (Agence de Développement et d'Innovation).