Un collectif de couples transfrontaliers s’est constitué sur Facebook. Ce groupe de près de 2000 personnes dénonce les difficultés que créent dans leurs vies les fermetures de frontières en raison de la crise du coronavirus.
Cela fait près de deux mois et demi que les couples transfrontaliers n’ont pas pu se rencontrer. Ce collectif témoigne des conséquences, souvent lourdes, de cet isolement. Il a pour ambition, entre autres, de rompre cet isolement et de rassembler les personnes concernées pour sortir d’une approche individuelle. Tous témoignent de l’angoisse créée par l’absence d’informations sur la réouverture des frontières. Ces couples guettent la moindre annonce comme Églantine Kientz, vivant à Strasbourg et son compagnon, vivant à Madrid :
Au début, on le vivait plus ou moins bien parce qu’on pensait que ça ne durerait que quelques semaines mais plus le temps passe plus ça devient difficile. Surtout l’incertitude quant à la réouverture des frontières, c’est ça le plus angoissant.
Les réseaux sociaux permettent à ces couples de garder le lien mais en même temps renforcent le manque de l’autre. Le collectif veut interpeller les décideurs et appeler à des choix politiques qui ne sacrifient pas la dimension humaine. Philippe Cazenave vit à Bayonne et son compagnon à Vitoria-Gasteiz. Il ont l’habitude depuis plus de six ans de passer régulièrement la frontière pour se voir. Cette situation avec le temps fait naître un sentiment d’injustice:
Pourquoi des règles aussi strictes sur le plan sanitaire qui s’opposeraient au fait que l’on puisse se voir et pourquoi ces mêmes règles peuvent s’effacer lorsqu’il y a des motifs économiques impérieux.
Le calendrier des réouvertures de frontières reste flou. En France, le premier ministre Edouard Philippe a déclaré que les voyages à l’étranger étaient compromis pour les prochains mois et le ministre de l’intérieur Christophe Castaner a indiqué que les frontières dans l’espace Schengen resteront fermées « jusqu’à nouvel ordre »
Julien Roquebert vit au Pays basque français et son ami en Espagne.
Le premier ministre espagnol Pedro Sanchez a invité les touristes à se rendre en Espagne, dès le mois de juillet sans restrictions mais Julien reste inquiet quant aux modalités: " On ne veut pas être considéré comme des touristes, je n’ai pas envie de passer la frontière avec un justificatif d’une location ou d’un hébergement quelconque. Je considère que l’on n'est pas plus dangereux en se déplaçant en Espagne qu’en se déplaçant ici. On peut aller au supermarché, on peut aller travailler, être dans ma voiture pour aller rejoindre mon compagnon, je ne vois pas ce que ça peut engendrer comme risque pour la population. Je me sens toujours confiné dans la mesure où je ne suis pas libre de mes déplacements. J’ai juste le droit d’aller travailler et de consommer pas de vivre vraiment normalement.
Le collectif demande qu’une exception soit accordée aux attestations dérogatoires pour que les couples frontaliers ou juste séparés par ce confinement, puissent rendre visite à leur conjoint en France et dans les pays voisins.