Bernard Cousty fut le dernier condamné à mort par la cour d’assises de Haute-Vienne le 2 juin 1972 à Limoges pour avoir tué sa femme et le mari de sa maîtresse. Retour sur l’histoire des "amants diaboliques de Bourganeuf", affaire creusoise très médiatisée en France.
"Ceux qui croient à la valeur dissuasive de la peine de mort, ceux-là méconnaissent la vérité humaine. La peur de la mort n’a jamais arrêté d’autres passions (…) Seul pour la peine de mort on invente l’idée que la peur de la mort retient l’homme dans ses passions extrêmes", déclare Robert Badinter le 17 septembre 1981. Il est alors garde des sceaux du gouvernement de Pierre Mauroy. Ce discours pour l’abolition de la peine de mort fera date. Quelques jours plus tard, le 9 octobre 1981, la loi d’abolition de la peine de mort est promulguée. Quarante ans après ce discours historique, retour sur le dernier condamné à mort à Limoges : Bernard Cousty, condamné à la peine capitale le 2 juin 1972. Il fut finalement condamné à la réclusion criminelle à perpétuité le 28 mars 1973.
C’est certainement l’une des affaires creusoises les plus médiatisées du siècle dernier : celle des "amants diaboliques de Bourganeuf", qui conduisit à la condamnation à mort de l’un des deux protagonistes. L’histoire de deux amants, Bernard Cousty et Yvette Balaire, qui décident d’éliminer leurs conjoints afin de vivre leur amour. Ces conjoints avaient également une assurance-vie d'un montant considérable et qui mit les policiers sur la piste criminelle.
"Les amants diaboliques" de Bourganeuf
Bernard Cousty, 42 ans, est démarcheur à l'EDF à Aubusson (Creuse) et a épousé Ginette Cousty avec qui ils ont une fille. Yvette Balaire est mariée à un quincailler, René Balaire, et mère d’un garçon, né d’une première union. Elle et son époux tiennent un magasin d’électroménager à Bourganeuf (Creuse). C’est dans ce magasin que les deux amants se rencontrent et c'est le coup de foudre immédiat. D’après les récits de l'époque, les deux amants ne cachent pas leur passion et se fréquentent. L’époux d’Yvette est au courant. Elle aurait même demandé le divorce, refusé par son époux. Les deux amants décident alors de commettre l’irréparable. Le 23 décembre 1969, alors que Ginette est allité pour une grippe, Bernard Cousty l’empoisonne avec des barbituriques avant de l'étouffer avec un oreiller imbibé d'éther. Elle avait 37 ans.
Deux mois plus tard, le 24 février 1970, Bernard Cousty abat de deux balles René Balaire âgé de 43 ans, au bord d'une route à Saint-Bonnet. Puis, il met le feu à la voiture, afin de faire passer la mort pour un accident de la route, alors même que le quincailler était encore vivant. Les premières constatations accréditent à l’époque la thèse de l'accident. Cependant, quelqu’un n'admet pas aussi aisément cette thèse : le fils d'Yvette Balaire, Gérald, qui fait part de ses doutes à la police. Il leur révèle l'existence de l’amant de sa mère, qui passe bientôt aux aveux et raconte aussi la mort de sa femme. Yvette Balaire, elle, résistera. Elle déclare avoir ignoré que son amant a "aidé sa femme à mourir". Quant au guet-apens tendu à son mari, c'est une idée de son amant, elle n'en a été qu'une "spectatrice horrifiée". Ils sont incarcérés à la maison d’arrêt de Limoges, relate le Monde dans un article du 28 mars 1973.
Le procès a lieu le 29 mai 1972. Yvette Balaire sort de la cour d'assises de la Haute-Vienne avec dix ans de réclusion. Bernard Cousty est condamné à mort le 2 juin 1972. Toutefois, l’arrêt est cassé le 4 novembre de la même année pour vice de procédure. Un nouveau procès a alors lieu en mars 1973 devant la cour d’assises de la Gironde pour Bernard Cousty. Un de ses avocats, Maître Christian Bonnenfant, profite de ce second procès pour en faire une tribune contre la peine capitale, huit ans avant son abolition. Les jurés de la Gironde, votent alors la réclusion criminelle à perpétuité pour l’amant criminel.
Cette histoire captive la France entière durant le début des années 1970. Le drame inspire même le film de Claude Chabrol, avec Michel Piccoli et Stéphane Audran dans le rôle des amants, "Les Noces rouges". La sortie du film doit même être reportée à la demande des avocats de l'accusé et de l'accusé lui-même, sa projection risquant d'influencer le public voire les jurés.
Le dernier condamné exécuté : Louis-Raymond Vidalie
La dernière condamnation à mort qui s’est soldée par une exécution date de janvier 1948 à Limoges. C’est Louis-Raymond Vidalie 24 ans, chauffeur de taxi qui est condamné par les assises de Corrèze à la peine capitale le 4 juillet 1947 pour avoir tué afin de le voler un autre chauffeur de taxi, Jean-Baptiste Gaucher, le 22 novembre 1946 à Allassac (Corrèze). Le jour de son exécution, Louis-Raymond Vidalie demanda à être baptisé. Puis, au greffe, après la levée d'écrou, refuse la cigarette, mais boit un verre de rhum. Ses dernières paroles furent pour l’avocat, à qui il adressa : "N'ayez pas de peine, monsieur. Vous avez voulu ma tête. Vous l'avez ! Je vous pardonne."