Pour montrer leur colère et leur soutien à la mobilisation de ce jeudi 5 décembre, de nombreux commissariats de la région ont symboliquement fermé leurs portes.
Alignés devant leur commissariat à Poitiers, des policiers ont symboliquement protesté contre la réforme des retraites. Ils n’ont pas le droit de grève, mais de cette manière, ils entendaient montrer leur colère.
La même scène a été observée à Châtellerault, Angoulême mais aussi à Saintes ou encore La Rochelle. Les forces de l’ordre font partie des professions directement touchées par la réforme du système de retraite proposé par le gouvernement. Leur système fait partie des 42 régimes spéciaux qui devraient être supprimés.
"Le seul avantage qu'il nous reste"
Actuellement, les policiers relèvent de la catégorie « super active » de la fonction publique. Ce régime spécial leur donne la possibilité d’ouvrir leur droit à la retraite dès 52 ans. Seule condition, avoir 27 années d’ancienneté. Cette durée de service ouvre également le droit à une bonification qui offre aux fonctionnaires une annuité de cotisation supplémentaire tous les cinq ans. Cet avantage reste plafonné à cinq années. Dans les faits, cette bonification permet à la plupart des policiers de partir à 57 ans avec une retraite à taux pleine ou presque.Nous policier, le seul avantage qu’il nous reste, c’est notre régime spécial de retraite. Aujourd’hui, l’ouverture de nos droits peut se faire dès 52 ans avec une décote. L'âge légal de départ en retraite est lui fixé à 57 ans et non 62 ans grâce à notre bonification. Mais il ne faut pas oublier que pour cela, nous sur-cotisons.
- Alain Pissard, secrétaire régional de l'Unité SGP Police-Force Ouvrière
Conserver la possibilité d'un départ anticipé
Dans le rapport de Jean-Paul Delevoye, le haut-commissaire chargé de la réforme, il est écrit que certaines professions comme les policiers, pourront continuer à bénéficier d’un départ anticipé à 52 ans, mais "sous réserve d’avoir effectivement occupé des fonctions dangereuses".Aujourd’hui, il n’y a aucune condition à remplir pour bénéficier d’un départ anticipé. Quant aux bonifications qui sur le papier, sont appelées à disparaître, elles pourraient être remplacées par "un mécanisme de cotisation supplémentaire de l’employeur". Ce système devrait permettre de maintenir des niveaux de retraite "comparables aux pensions actuelles". Une formule assez floue qui ne suffit pas à rassurer les policiers.
"Des menaces de leur hiérarchie"
Ce jeudi, seul un service minimum est assuré aujourd’hui dans les commissariats. Pas de verbalisation, le report des dépôts de mains courantes lorsque cela est possible, les policiers n’interviennent qu’en cas d’urgence. Ce jeudi midi, un rassemblement intersyndical s’est tenue devant l’hôtel de police de Poitiers. Une manière pour eux manifester leur colère et leur inquiétude comme l’explique Chistelle Touchet, secrétaire départementale du syndicat alliance police nationale.Alors que la gronde est forte chez les forces de l’ordre, Christophe Castaner leur a adressé un courrier, ce jeudi 5 décembre comme le révèle FranceInfo. Dans ce courrier, le ministre tente de rassurer les policiers et explique que "des spécificités seront conservées pour les fonctionnaires qui exercent des missions régaliennes de sécurité et d'ordre public", tout en assurant que "les droits à un départ anticipé resteront ouverts comme aujourd'hui".À leur manière, les policiers ont montré qu’ils sont contre les mesures gouvernementales concernant les retraites, mais aussi le paiement des supplémentaire, la réforme judiciaire… Par ailleurs, les policiers ‘manifestants’ reçoivent des menaces de la part de leur hiérarchie pour avoir exprimé leur mécontentement en tenue d’uniforme.
- Chistelle Touchet, secrétaire départementale du syndicat alliance police nationale