Recruter un collaborateur au sein de sa famille quand on est sénateur ou député, la pratique n'est pas illégale si le travail fourni est réel, mais elle est souvent décriée. En Poitou-Charentes, un tiers des parlementaires est concerné.
Alors qu'au Parlement européen, les parlementaires n'ont pas le droit d'embaucher un membre de leur famille, cette pratique est autorisée et bien établie en France. En Poitou-Charentes, on compte 24 députés et sénateurs : huit d'entre eux déclarent employer un collaborateur avec qui ils ont des liens de parenté.
En Charente-Maritime, cette pratique est très courante.
Trois sénateurs et deux députés du département sont en effet concernés dans ce département qui compte huit parlementaires.Bernard Lalande (PS) emploie sa compagne, Corinne Imbert (LR) a recruté sa fille. Pour la sénatrice LR, c'est avant tout une question de confiance et de compétences : "Ma fille est diplômée en sciences politiques; elle travaille avec moi depuis deux ans et demi, je lui fais confiance".
Mêmes arguments pour Daniel Laurent (LR) qui travaille avec sa fille "depuis six mois" et qui insiste sur la légalité de cette embauche pour laquelle il rappelle avoir fait une déclaration en règle auprès de la Haute Autorité pour la Transparence de la Vie Publique, comme la loi le prévoit depuis l'affaire Cahuzac.
Chez les députés, Didier Quentin (LR ) déclare employer quatre collaborateurs parlementaires dont son épouse Marie-Pierre avec qui il travaille de longue date, depuis sa première élection à l'Assemblée nationale en 1997.
Quant à Catherine Quéré (PS) c'est son mari Jean-Yves qu'elle déclare employer comme "collaborateur parlementaire à mi-temps". Un recrutement que la députée de la 3ème circonscription de Charente-Maritime justifie par l'"expertise dans les domaines agricole et fiscal" de son époux.
En Charente, la pratique est également bien établie, puisque trois des cinq parlementaires sont concernés.
Ainsi, il est de notoriété publique que Marie-Line Reynaud (PS) fait travailler sa fille Marianne depuis de très nombreuses années ; la députée de la 2ème cironscription ne l'a jamais caché.La pratique est également parfaitement assumée par Jérôme Lambert (PS) dont le nom de l'épouse figure parmi le staff de collaborateurs parlementaires. "Elle était mon assistante avant d'être mon épouse" explique le député de la 3ème circonscription de Charente "nous partageons un travail, un engagement politique et une complicité." Et de rappeller "s'être toujours entouré des gens que j'aimais pour travailler", référence à sa première union avec Nicole Bonnefoy, qu'il avait alors recrutée comme assistante parlementaire.
Nicole Bonnefoy (PS) qui est depuis devenue sénatrice; un mandat qu'elle exerce depuis 2008 en collaboration avec sa fille qui s'occupe "à mi temps " de sa communication et de son site internet. Là encore, précise la sénatrice de Charente, "tout est en règle. Ce n'est pas parce qu'il y a une brebis galeuse que tout le troupeau doit être suspecté".
Dans la Vienne et les Deux-Sèvres, aucun parlementaire n'a déclaré employer un membre de sa famille.