Poitou-Charentes : votre festival préféré aura-t-il lieu ?

Après des annulations en cascade l'année dernière, la plupart des festivals de Poitou-Charentes ont donné rendez-vous à leurs spectateurs cet été. Evidemment, les conditions sanitaires contraignent les organisateurs à revoir leur mode de fonctionnement.

Vous avez confiné tout l'hiver ? Et bien dansez maintenant ! On aimerait pour une fois que la morale de l'histoire fasse la part belle à la fourmi, qui, franchement, n'en peux plus de faire la cigale. On voudrait tant s'en mettre plein les yeux et les oreilles, se retrouver au milieu d'une foule insouciante et trinquer à la vie sous un soleil accablant. Comme avant. Avec l'annulation de la quasi totalité des festivals l'été dernier, cela fait bien trop longtemps que nous sommes sevrés de musique. Et, très honnêtement, on craignait le pire pour 2021.

Debout ou assis ?

Tour à tour, des rendez-vous incontournables comme le Hellfest à Clisson (85), Garorock à Marmande (47) ou encore les Eurockéennes de Belfort (80) ont jeté l'éponge. Impossible, économiquement et philosophiquement, pour ces grands événements d'imaginer restreindre leur jauge à 5.000 spectateurs et les faire s'asseoir sur des chaises, comme le préconisait Roselyne Bachelot en février dernier. Les dernières annonces du Président de la république ont précisé une date, le 30 juin, et évoquent la possibilité d'utiliser un pass sanitaire pour accéder à des manifestations culturelles. Puis, ce jeudi, la ministre de la culture annonce que "les spectacles et concerts debout seront autorisés à reprendre selon un protocole adapté et un plafond de jauge fixé par le préfet au regard des circonstances locales" avec un espace de 4 m2 par festivalier.

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En Poitou-Charentes, la majorité des organisateurs de festival ont décidé de se plier à ces règles drastiques, de fait pas très festives et, surtout, encore un peu floues. Ainsi, Jean-Louis Aubert, ou encore Vianney sont attendus sur la grand scène des Francofolies de La Rochelle du 10 au 14 juillet. Le directeur du festival, Gérard Pont, le confirmait récemment chez nos confrères de France Info : "On s'est organisé pour ça. On a même commencé à engager des dépenses, que ce soit pour les équipes, des acomptes auprès de prestataire. Ça serait beaucoup plus simple pour nous de ne rien faire ! On serait tous au chômage partiel, mais jouer devant 5.000 personnes assises, ce sera toujours mieux que d'être assis derrière son ordinateur".

C'est un remaniement des conditions sanitaires qui fait évoluer la programmation. En fait il y a un certain nombre d'artistes qui n'ont pas souhaité faire de concerts cet été, malheureusement, soit parce qu'ils ne voulaient pas jouer devant des publics assis, soit parce qu'il n'y avait pas assez de festivals cet été. (...) Je suis triste qu'ils ne soient pas avec nous, mais on les ré-invitera.

Gérard Pont, président des Francofolies

Mais si les grands noms du rap renoncent d'autres en revanche seront sur la scène rochelaise en juillet, c'est le cas de Francis Cabrel, qui n'avait pas chanté aux Francos depuis 17 ans. Il aura d'ailleurs une carte blanche pour la soirée du 12 juillet. Il y aura aussi Benjamin Biolay, Jane Birkin, Daniel Auteuil, Vitaa et Slimane, Raphaël, Philippe Katerine ou bien encore Feu!Chatterton. Et pour la soirée du 14 juillet, la scène accueillera Souchon, Suzanne, Catherine Ringer et Vianney.

"C’est plus psychologiquement que financièrement que c’est dur"

Les dernières annonces ministérielles ne vont, par contre, pas consoler Philippe Tranchet, organisateur d'Un violon sur le sable à Royan. "De toute façon, impossible de monter en deux mois ce qu’on met généralement un an à organiser". La mort dans l'âme, il a dû encore se résoudre à annuler le festival pour la seconde fois. Seul le festival off, "Un violon sur la ville" proposera, du 16 juilet au 4 août, vingt concerts en comité restreint dans des lieux clos de la ville avec Alexandre Tharaud, Nathalie Dessay ou encore les soeurs Berthollet.

Production 114, la société qui, entre autre, organise ce grand rendez-vous populaire de musique classique a vu son chiffre d'affaire passé de 2,5 millions à 100.000 euros en 2021. "C’est plus psychologiquement que financièrement que c’est dur", explique Philippe Tranchet, "le festival est tellement installé dans le paysage local que ni la ville, ni le département ou la région ne veulent que cela s’arrête donc on se sent soutenu. Mais le pire, c’est pour les techniciens. On a des entreprises qui travaillent pour nous et « le violon », ça représente 50% de leur activité".

"Tout sera sujet à l'appréciation des préfets"

Autre acteur incontournable de nos été picto-charentais, la société cognaçaise "Belle Factory" qui organise le Blues Passion, mais aussi le Free Music de Montendre et le Stereoparc à Rochefort. Les trois événements auront bien lieu cette année, même si ni Simple Minds ni Julien Clerc ne viendront à Cognac à la mi-juillet. Une quinzaine d'espaces dans l'agglomération vont proposer des concerts en petite jauge assise. Le "Free", lui, se réinvente en "Let it free" sur deux jours avec une jauge de mille personnes assises (Tryo et PLK les 2 et 3 juillet) et Woodkid devrait jouer au festival de musique électronique de Rochefort devant 1.700 personnes deux semaines plus tard. 

"Ce qu’on comprend, c’est qu’après le 30 juin, c’est passeport vaccinal et qu’en fonction des territoires et de l’état sanitaire, tout sera sujet à l’appréciation des préfets", nous dit Samuel Vincent, programmateur,"donc nous, on prépare les éditions comme on les avait prévues et on monte les protocoles pour entamer les discussions avec les autorités. L’idée, c’est de faire de beaux événements qui soient sympa où le public se sent bien".

"Coûte que coûte"

Point commun en tout cas entre tous ces organisateurs d'événements culturels, le sentiment de naviguer à vue. Du coup, beaucoup de choses semblent être échafaudées en dernière minute. A Confolens, au festival de danses et musiques du monde, on vient d'apprendre que le concert de Yannick Noah ne pourrait pas se faire. Il va donc falloir rembourser les tickets vendus. Une seule certitude pour Christine Coursaget, la présidente, il y aura bien un festival cette année à la mi-août. 

"Coûte que coûte, on essaye de faire quelque chose, mais il va falloir que des décisions soient prises. On sait que, financièrement, ça va être peut-être plus compliqué pour les familles donc on propose des prix attractifs. On veut garder notre philosophie de festival populaire. Mais ce n’était pas imaginable de ne rien faire pour le territoire, la ville, les prestataires, les partenaires, le public, les artistes et les bénévoles. Quand je dis coûte que coûte, je pense à tous ces gens-là".

"Quatre mètres carré... Je pense que les gens qui prennent les décisions ne vont pas souvent en festival.". Même constat d'incompréhension pour Hervé Bernardeau du Fil du Son à Civraix. Initialement prévu les 29, 30 et 31 juillet, l'édition 2021 pourrait bien s'étaler sur une durée plus longue pour pallier le passage d'une jauge de 12.000 à 3.000 personnes. La programmation est en cours d'élaboration et on devrait en savoir un peu plus dans une dizaine de jours.

Mais "on a encore plein d’interrogations", explique le président de l'association, "Pass sanitaire, d’accord, mais j’imagine qu’il faudra que tout le monde devra avoir l’application. Durée de validité du test PCR, la veille, l’avant-veille ? Et si toutes les personnes sont négatives ou vaccinées, pourquoi ne pas le faire debout ? Et puis aujourd’hui, on un taux d’incidence plutôt bas dans la Vienne, mais qu’est-ce qu’il en sera au mois de juillet ? Si on a un pic la semaine du festival, comment on s’en sort ?"

Besoin de se retrouver

Autant de questions qui, en tout cas, n'empêchera pas la ville de Niort d'organiser son premier festival de jazz en partenariat avec la Spedidam début juillet dans le parc Pré-Leroy, en plein coeur du centre-ville en bord de Sèvre Niortaise. A l'affiche, Thomas Dutronc partagera la scène avec les frères Belmondo et l'organiste américaine Rhoda Scott. Une première pour le Niort Jazz Festival qui aurait dû se dérouler l'année dernière. "Nous pensons que nous pourrons acceuillir le public dans les meilleures conditions", déclare Christelle Chassagne, adjointe à la culture, "dans une jauge réduite évidemment avec les distances nécessaires et tout le protocole, mais on croit qu'on a vraiment besoin de retrouver le public, la musique et la convivialité dans les mesures qui nous seront imposées".

On aurait également pu vous parler de Musiques Métisses à Angoulême qui a reporté ses dates en septembre, malheureusement en même temps que l'Imprévu festival de Montemboeuf. Les Sarabandes de Rouillac devraient également avoir lieu en juin, même si toutes les équipes du centre culturel de La Palène doivent, en même temps, faire face au désengagement financier de certaines collectivités locales. Enfin pour les amateurs de baroque et de classique, le festival de Saintes fêtera bien son cinquantième anniversaire fin juillet. On en oublie sûrement, mais, une chose est sûre, fourmis et cigales se retrouveront cet été pour trinquer à la vie.

 

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