Les prix des fruits et légumes s’envolent avec la crise du coronavirus

Passer à la caisse avec votre panier de fruits et de légumes coûte presque deux fois plus cher. Depuis le confinement, les produits de saison accusent une forte augmentation. La faute à l’épidémie de coronavirus. Les prochaines semaines seront déterminantes pour la filière.  

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L’équation paraît logique : moins de petites mains, moins de production. Mais est-ce suffisant pour expliquer l’envolée des prix ?
La fraise française : plus chère que la fraise espagnole. Même chose pour le concombre, la tomate ou les asperges.
 À la sortie du Conseil des ministres, mercredi 8 avril, Bruno Le Maire a été clair : oui, le prix des fruits et légumes a augmenté en France durant cette épidémie du nouveau coronavirus Covid-19.

Sébastien Heraud est producteur à Lamonzie-Saint-Martin en Dordogne. Il est aussi le président régional d’Interfel en Nouvelle Aquitaine, qui rassemble les métiers de la filière des fruits et légumes frais. 

Et pour lui, le manque de main d’œuvre dans les exploitations explique en partie le phénomène. Les saisonniers des pays du sud de l’Europe ne sont pas là. Et ils font défaut.


Moins d’offres plus de demandes


Mais cela vient aussi d'une baisse de l'offre en raison du confinement de ces pays.
Les importations venant d’Espagne et du Maroc sont davantage limitées et il y a des pertes sur les exploitations :"Ils ont le même problème que nous, qu’il s'agisse du personnel, des ramassages". 

Et Sébastien Heraut de préciser :

Le brocoli espagnol qu’on achetait sur les étals trois euros il y a trois semaines, on le trouve aujourd’hui à six euros !


En clair, les prix à la vente sur certains produits d’importation sont multipliés par deux ou trois. 
Même constat pour la production française : acheter un choux fleur "prince de Bretagne" coûte deux fois plus cher. 
 

Une production en baisse et une demande en hausse


Vos enfants ne vont plus à l’école, vous n’allez plus au restaurant le midi et vous devez nourrir votre famille trois fois par jour.
Avec la fermeture de nombreux marchés de plein vent, et de restaurants, il est compliqué pour certains agriculteurs d'écouler leurs productions.
Un constat partagé par certains grossistes spécialisés, notamment ceux dont le fonds de commerce est axé sur la restauration collective.
Certains subissent de plein fouet la crise du covid : jusqu’à 70 à 85 % de pertes de chiffres d’affaires.
 

Mais tous ne sont pas logés à la même enseigne. Jean Hugues Belland est opérateur de Gros au MIN ( Marché di'ntérêt National )  de Brienne à Bordeaux, qui voit transiter 150 000 tonnes de marchandises chaque année.  Il travaille avec des producteurs de la région. Son activité est tournée vers les magasins spécialisés de proximité et pour lui la situation est tout autre.

 Nous, nous fonctionnons très bien et nous avons de fortes progressions.  Il y a eu un basculement des consommateurs sur les réseaux de détail, les produits locaux et pour nous cela compense la fermeture des marchés. 

Jusque-là, la filière fonctionne plutôt bien mais demain ? 

  
Aujourd’hui, la production locale est basée sur les carottes, les poireaux, les asperges et le mode de production est en partie mécanisé.
Ce que redoutent davantage les producteurs, ce sont les semaines à venir avec les premières récoltes de fruits à noyaux comme les abricots, les prunes qui nécessitent beaucoup de main d’œuvre.
Sur son exploitation du Lot-et-Garonne, Raymond Girardi partage ce sentiment. Le vice-président du syndicat agricole Modef s’inquiète aussi du conditionnement.

Il faut savoir que la plus grande partie des emballages vient d’Asie pour ne pas citer l’Inde et la Chine. Jusqu’à maintenant, on a tous un peu de stocks mais ça s’amenuise ce qui fait que l’on risque d’avoir des problèmes en cours de saison. 
 



Mais l’agriculteur va plus loin et n’exclut pas une pénurie des produits à l’automne. La crise sanitaire a des conséquences sur les semis réalisés en ce moment. 
Aujourd’hui, on récolte ce qu’on a semé l’an dernier ou en début d’année, mais maintenant on s’occupe du maïs, des haricots, des petits pois, et il n'est pas certain que les volumes soient au rendez-vous. 


L’avenir est incertain mais pour l’instant la filière ne se plaint pas

Des prix qui s’envolent, un avenir incertain mais un regain d’intérêt pour les produits locaux.  C’est peut-être l’un des enseignements de cette crise sanitaire si dévastatrice. Les consommateurs renouent avec les produits locaux et les circuits courts.
 


Un revirement qui redonne le sourire aux paysans et à Sébastien Heraud .

On est passé de pollueur à des gens très vertueux qui nourrissent la population, ce que nous avons toujours été ! Moi personnellement, je ne vais pas me plaindre. On travaille bien  avec mon magasin vente direct à la ferme. On travaille bien sur les marchés qui sont ouverts, même si c’est compliqué ! 

Le désamour entre les paysans et les consommateurs semblerait presque ne plus être qu’un mauvais souvenir.
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