Les 1100 canards d'une ferme de Lohitzun au Pays basque ont été abattus dans le cadre des mesures sanitaires contre la grippe aviaire. Le syndicat agricole ELB appelait à se rassembler en soutien. 120 paysans sont venus montrer leur solidarité.
Comme à chaque fois que des volailles atteintes de la grippe aviaire sont euthanasiées, paysans, amis et clients sont venus soutenir Julen et Sabrina, deux jeunes agriculteurs touchés par cette mesure jugée radicale. Andde, le père de Sabrina était dans le cortège :
"On est là pour soutenir ces jeunes qui ont démarré l'exploitation il y a trois ans et en trois ans, il y a eu deux fois la grippe aviaire. Ce sont des gens qui aiment leur métier. Ce sont des passionnés"
Agnès Sallaberry est éleveuse elle-aussi et amie de Sabrina et Julen . Elle n'imaginait pas les laisser affronter cette épreuve, seuls :
On ne pouvait pas les laisser tous seuls. Ils nous l'ont dit hier. On sera contents de vous voir parce que nous on sera au fond du seau.
Julen et Sabrina ont perdu 1100 canards cet après-midi. Pour prévenir le virus, 2,5 millions de volatiles auraient ainsi été abattus depuis fin novembre sur le territoire français. La saison dernière, ce nombre s'élevait à 3,5 millions. Face à cette crise à répétition, les paysans sont las et s'opposent à des mesures qu'ils jugent inefficaces comme la claustration.
On essaye de travailler consciencieusement. On essaye de faire ce qu'il faut faire avec nos animaux. C'est pour ça qu'on n'a pas accepté de confiner nos volailles parce qu'on savait qu'elles ne supporteraient pas et qu'on obtiendrait des canards boiteux ou des magrets abîmés.
Comme Sabrina et Julen, Agnès refusait d'enfermer ses volailles.
On a choisi d'être hors la loi pour continuer de faire des animaux de qualité comme on sait le faire depuis la nuit des temps, comme le faisaient nos parents et nos grands parents
Julen et Sabrina commençaient tout juste à vivre de leur exploitation. Aujourd'hui, leur élevage est stoppé net. Pendant six mois, ils ne pourront pas réintroduire de volaille. Pour Andde, et ces paysans solidaires, l'industrialisation de la filière est responsable de l'épizootie :
Avec 2000 canards par an, ils arrivent à vivre. Les industriels vont vivre 30 000 voire plus canards par an pour que les actionnaires se remplissent les poches. C'est une honte.
Depuis le début du mois d’août, de nombreux foyers ont été détectés dans la faune sauvage ou dans des élevages en Europe où vingt-neuf pays sont aujourd’hui touchés. La France a enregistré ses premiers cas en décembre, notamment dans Les Landes. Selon le dernier bilan du ministère de l'agriculture, à la date du 27 janvier 2022, elle compte 295 foyers d’influenza aviaire hautement pathogène (IAHP) en élevage, 27 cas en faune sauvage et 6 cas en basse-cours.
Samedi à Saint-Palais, le syndicat ELB appelle à une manifestation contre les abattages systématiques et pour l'élevage en plein air.