Deux ans et demi après la diffusion d'actes de cruauté sur des animaux filmés à l’abattoir de Mauléon (64), quatre salariés et un ancien directeur comparaissent devant la justice depuis ce lundi.
Les images, parfois insoutenables, étaient au centre des débats ce lundi. Filmées clandestinement dans l'abattoir de Mauléon-Licharre, les vidéos montraient les maltraitances réservées aux animaux au sein même de l'abattoir.
Le film, qui date de 2016, a été tourné à l'initiative de l'association L214. Sa diffusion, devenu virale, a précédé la mise en examen de quatre salariés et de l'ex directeur de l'abattoir, aujourd'hui à la retraite.
Tous comparaissaient ce lundi devant le tribunal correctionnel de Pau.
Conditions de travail difficile
Après le visionnage des images par le tribunal, trois salariés mis en examen ont décrit leur quotidien : manque de personnel, des conditions de travail difficiles qui ont pu conduire à de mauvais traitements sur les animaux. Mais tous ont nié toute volonté de faire souffrir les animaux.
Les services vétérinaires, également mis en cause après le visionnage des vidéos, ont quant à eux contesté avoir observé des "délits de cruauté". "On aurait dû avoir plus de fermeté", a regretté Philippe Barret, chef de service "abattoirs et sous-produits" de la direction vétérinaire départementale,, tout en pointant une période lors de laquelle l'abattoir "manquait de personnel".
Cadence exceptionnelle
"A aucun moment, il n'y a eu de volonté de faire souffrir", a renchéri Marie-Claude Boucher, de la Brigade d'enquête vétérinaire en charge de l'enquête, "tant sur les vidéos que lors de l'audition du personnel".
"Des mauvais gestes, du matériel qui ne fonctionnait pas peut-être, un manque de personnel certain", a-t-elle ajouté en évoquant la "cadence exceptionnelle" d'une période avant-Pâques.
Moi je n'ai jamais entendu un enfant me dire 'Tiens, j'aimerai être abatteur à l'abattoir de Mauléon'.
Une centaine de salariés sont venus de Soule pour soutenir les mis en examen, déplorant que l'association L214 soit déconnectée de leur réalité.
"Personne ne veut faire ce travail, a souligné Dorothée Nabarra, une agricultrice présente au tribunal. Moi je n'ai jamais entendu un enfant me dire 'j'aimerai être abatteur à l'abattoir de Mauléon. Personne. Mais eux, ils étaient obligés, parce qu'il faut ramener la paie à la maison".
Est-ce qu'on se remet en question ?
Pour l'association, ce procès, très médiatisé, est également une tribune contre la consommation de viande. "La question à se poser en marge du procès, c'est la place que l'on accorde aux animaux dans notre société. Est-ce que ces images on les accepte, où est-ce qu'on se remet en question ?", a déclaré Béatrice Gothière, présidente de L214.
Dix associations de défense des animaux se sont portées parties civiles. Le procès doit se poursuivre ce mardi avec les réquisitoires et les plaidoiries des avocats.
Regardez le reportage de France 3 Euskal Herri