Les avocats pourraient décider de voter une grève dure à partir de ce lundi. Dans ce cas ils n'assureraient plus de présence lors des gardes à vue ou les placements en détention. Pas question pour eux de perdre une retraite garantie par une caisse largement excédentaire.
Sous quelle forme vont-ils continuer le combat contre la retraite universelle par points ?
Les avocats en décideront aujourd'hui. Et ils pourraient s'orienter vers une action plus radicale que d'habitude.
"On n'assurera pas les audiences, on ne plaidera pas et on va voir si la grève sera aussi appliquée aux contentieux de la liberté" nous explique Maialen Cazeau, une jeune avocate du barreau de Bayonne. "Ce serait alors une grève dure. Les gardes à vue, les défèrements, les placements en détention se dérouleront sans la présence d'avocats".
Une cotisation plus élevée pour une retraite hypothétique
"On voudrait nous offrir quoi ? Une retraite plus basse et une cotisation beaucoup plus élevée ?" s'indigne Teddy Vermote, le bâtonnier du barreau de Bayonne qui regroupe 279 professionnels.
Aujourd'hui, la caisse autonome des avocats, dotée d'un fond de réserve de 2 milliards d'euros placés par leurs soins, permet à tous de bénéficier d'une retraite minimum de 1400 euros.
"Notre régime s'autogère bien et il est parfaitement égalitaire" explique Teddy Vermote. "Qu'on soit un homme ou une femme, qu'on ait cotisé un peu, beaucoup ou pas du tout, on touchera la même pension de base à la fin".
La réforme prévoit une augmentation des cotisations "de 14 à 28%" affirme-il.
"Sur le revenu moyen d'un jeune avocat qui commence sa carrière à 1300, 1400 euros, cela reviendrait à augmenter ses charges mensuelles de 200 à 300 euros" souligne une des représantantes de l'Union des Jeunes Avocats de Bayonne.
"Ca fait quand même une baisse significative des revenus, beaucoup ne pourront pas maintenir leurs cabinets" redoute t-elle.
"Cette hausse des cotisations va peser sur les petits cabinets financés en grande partie par l'aide juridictionnelle déjà très basse" ajoute Teddy Vermote qui espère obtenir une dérogation comme d'autres professions l'ont déjà négociée avec le gouvernement.
"Notre régime reverse 100 millions d'euros par en au régime général, il fonctionne parfaitement bien" martèle t-il, "il est hors de question de le changer".
Dans le reportage qui suit, nos reporters de F3 Euskal Herri sont allés à la rencontre des avocats de Bayonne lors du rassemblement symbolique qu'ils organisaient ce lundi matin devant le palais de justice.