Ils étaient près de 8000 de personnes à manifester ce samedi 20 novembre à Bayonne à l'appel de 32 collectifs ou associations. Ils tirent, déjà depuis quelques temps, la sonnette d'alarme face à la flambée des prix de l'immobilier due à la spéculation et au marché non régulé.
Ils sont venus en nombre ce samedi, à Bayonne. Ils s'étaient donné rendez-vous, place Saint André, dans le Petit Bayonne et le flot semblait grossir en remontant vers les allées Paulmy en direction du stade. Des habitués des manifestations indiquaient que cette fréquentation exceptionnelle semblait approcher les 8 000 personnes comme ce qui était attendu par les organisateurs.
Dans le cortège, Mathieu témoigne : "Moi j'ai trois enfants. Ça a été très compliqué pour qu'ils trouvent quelque chose. Demain, si on leur laisse pas quelque chose, ils ne pourront pas devenir propriétaires ! Ça devient impossible!"
Il faut dire que le thème et la colère rassemblent toutes les générations et tendances politiques. On croise d'ailleurs beaucoup d'élus, notamment les maires de Bayonne, Hasparren et d'Hendaye mais aussi d'autres venus du pays basque intérieur.
Une mobilisation sans précédent à Bayonne.
Regardez le reportage de Stéphanie Deschamps et Rémi Poissonnier.
Dans le flot de la manifestation, on a pu apercevoir beaucoup de slogans hostiles aux locations type Airbnb et aux résidences secondaires.
[#Bayonne] Les manifestants pour le droit de vivre et de se loger au #PaysBasque commencent à se réunir 100 personnalités ont appelé à cette mobilisation ( cc @F3euskalherri @F3Aquitaine ) pic.twitter.com/UI0SmKwOYd
— Stéphanie Deschamps (@StephanieF3EH) November 20, 2021
[#Bayonne] Des milliers de personnes défilent en ce moment contre la #spéculationfoncière au #PaysBasque pic.twitter.com/McIXoroNLy
— Stéphanie Deschamps (@StephanieF3EH) November 20, 2021
2000 personnalités basques
Le mot d'ordre, c'est le ras-le-bol. Une colère qui traverse toute la société civile d'aujourd'hui. A l'image de cette pétition qui rassemble les signatures de 2000 personnalités basques, de la chanteuse au commerçant en passant par les politiques qui expriment tous ce point de non-retour : il n'est plus possible pour des gens qui habitent, travaillent et vivent au Pays basque de se loger et "c'est inacceptable".
Après avoir parcouru les allées Paulmy, le cortège s'est rendu devant le stade Jean Dauger où chacun a symboliquement agité son trousseau de clés...
L'appel des 100
Depuis plus d'un mois, l'appel avait été lancé. Il s'agissait de mobiliser le plus de personnes.
MANIF: Vivre et se loger au Pays, Espekulazioari ez!
— Logement_Etxebizitza (@LogementEH) November 20, 2021
[EUS]
? Gaur da eguna!
? Hitzordua 15.00etan San Andresen!
Itxoiten zaitugu!
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[FR]
? C'est aujourd'hui !
? RDV à 15h00 à Saint André!
On vous attend ! pic.twitter.com/9kJIC8Ej23
Dernièrement encore, les agriculteurs alertaient et se mobilisaient pour protester contre la flambée des prix des terres agricoles. Mais le phénomène concerne l'immobilier en général au Pays basque et pas que sur la côte. L'accès à la propriété devient hors de portée pour le plus grand nombre.
A la fin du mois de septembre, un "appel des 100" était lancé, signé par une centaine de personnalités du Pays basque issues du monde artistique, social, associatif, économique. Cette grande manifestation ce samedi à Bayonne demande un changement de politique et des mesures afin de "vivre et se loger au pays".
Prix exhorbitants, Airbnb et précarité
Les quelques logements disponibles se vendent à des prix exorbitants et font, pour beaucoup, office de maisons secondaires pour les touristes. Par ailleurs, les locations à l'année se raréfient à cause aussi de la concurrence rémunératrice des offres de type "Airbnb".
Ce qui amplifie le problème de précarité pour les foyers à bas revenus qui se retrouvent parfois dans des logements insalubres voire à la rue. Actuellement, on compte 300 personnes à la rue à Bayonne.
Et les dossiers de demandes de logements sociaux s'accumulent. Parmi les 40 à 50 dossiers traités dans le département, le tiers concerne l'agglomération du BAB.
Tensions
Le marché de l'immobilier est tendu et les tensions montent ces derniers mois. Dans les rues et sur quelques vitrines d'agences immobilières vandalisées, les tags se multiplient relayant cette colère face au problème de logement.
[#PaysBasque #CriseDuLogement] Plusieurs agences immobilières visées par des tags anti #spéculationfoncière à Hasparren, Saint-Palais et ici #Urrugne ( crédit photo R. Violet @F3euskalherri ) ( cc @F3Aquitaine ) pic.twitter.com/7czDdumoEj
— Stéphanie Deschamps (@StephanieF3EH) November 20, 2021
Force de loi
Ces collectifs et manifestants seront également attentifs, notamment à partir du 6 décembre car la loi dite 3DS sera examinée à l’Assemblée nationale. Elle vise à simplifier l’administration et à renforcer le pouvoir des collectivités locales et comporte un volet sur le logement et l’urbanisme. 3DS signifiant "décentralisation, différenciation, déconcentration et simplification". Un projet qui prévoit également de prendre en compte "l'impact de la crise sanitaire sur les finances locales".
Le député des Pyrénées-Atlantiques, Vincent Bru (MoDem/ 6è circonscription) s'est emparé de cette problématique au point mort qui nécessite une avancée de la loi. Il a déposé 15 amendements (dans le cadre de ce projet 3DS) portant notamment sur l’encadrement des loyers et meublés touristiques et sur un contrôle des locations saisonnières.
Des idées
S'ils manifestent aujourd'hui pour susciter l'action politique, ces collectifs se veulent également être une force de propositions, appelant à construire ou réaménager des logements sociaux, notamment sur le littoral, la création d'un hôtel social sur la côte basque Sud, ou encore d'une maison relai sur le BAB...