Chassés par les prix de l'immobilier, les Basques peinent à se loger sur leurs propres terres. La problématique, récurrente, et a été soulevée à plusieurs reprises. Ce mercredi 20 octobre, une conférence de presse s'est tenue à Anglet, en préparation de la grande manifestation "Vivre et se loger au pays" prévue le 20 novembre.
"Le Pays basque n'est pas à vendre" : depuis quelques mois, banderoles et inscriptions fleurissent sur les agences immobilières du littoral, ou l'accès à la propriété devient hors de portée pour le plus grand nombre. Mais le problème ne cesse de prendre de l'ampleur sur le territoire. Le 20 septembre, des manifestants se retrouvaient, dans le Pays basque intérieur, devant une maison de Saint-Etienne de Baïgorry, mise en vente à 900 000 euros...
Dix jours plus tard, un "appel des 100" était lancé. Signé par une centaine de personnalités du Pays basque issues du monde artistique, social, associatif, économique (…) et demandant des mesures afin de "vivre et de loger au pays", il appelle à un changement de politique et à une grande manifestation le 20 novembre à Bayonne.
Trois cent personnes sans domicile fixe à Bayonne
Ce mercredi, soit trente jours avant ce rassemblement, une trentaine de personnalités issues des "100" ont renouvelé cet appel, en se mobilisant à Anglet, insistant sur l'urgence de la situation : depuis cinq ans, le marché du logement, déjà très serré, s'est particulièrement tendu.
Les quelques logements disponibles pour les habitants se vendent à des prix exorbitants et font, pour beaucoup, office de maisons secondaires pour les touristes. Les locations à l'année se raréfient, chassées par les alléchantes rémunérations garanties par des offres type Airbnb. Et les plus petits revenus se retrouvent parfois dans des conditions indignes.
Actuellement, on compte 300 personnes à la rue à Bayonne. Ce nombre a doublé en cinq ans.
Jean-Pierre Voisin, Fondation Abbé PierreFrance 3 Euskal Herri
Et pour les autres, les conditions sont parfois très difficiles : surpopulation, insalubrité… Certaines demandes de logement social sont renouvelées chaque année depuis huit, dix, voire douze ans, sans pour autant aboutir, assure Jean-Pierre Voisin, également membre de la commission Dalo, pour le droit au logement. "Dans le département, nous traitons entre 40 et 50 dossiers, poursuit Jean-Pierre Voisin. Les trois-quarts viennent de la communauté d'agglomération Pays basque. Il est clair que notre Pays basque est situé dans une zone très tendue."
Suivre le modèle des Castors ?
Ce rendez-vous de ce mercredi n'a pas été choisi au hasard. A l'aube des années cinquante, déjà en pleine crise du logement, des habitants du Pays basque ont participé à un projet collectif : la cité des castors du quartier Saint-Amand. Soit la construction de 95 maisons, avec petit jardin potager.
"Cet exemple doit donner des idées pour aujourd'hui, même si certaines ne pourront être reproduites aujourd'hui, estime Jacques Lannes, lui-même fils d'un "castor". En tout cas, cette idée de mobilisation et de militantisme doit être reprise. Il faut se bouger pour arriver à quelque chose de satisfaisant."
On pourrait imaginer qu'une société achète le foncier, et que les propriétaires qui viennent vivre sur place achètent la maison sans le foncier. Cela entraînerait une entrave à la spéculation, qui serait très intéressante en cette période au Pays basque.
Jacques Lannes, habitant de BayonneFrance 3 Euskal Herri
Parmi les demandes du collectif : construire ou réaménager des logements sociaux, notamment sur le littoral, la création d'un hôtel social sur la côte basque Sud, ou encore d'une maison relai sur le BAB.
Sur un site créé en amont de la manifestation du 20 novembre, les revendications sont précisées : "régulation du marché spéculatif et foncier", "application réelle d'un droit au logement", ou "encore le droit d'avoir un logement passe avant celui d'en avoir deux".
"Même si les besoins les plus immédiats sont sur le littoral, ce sont toutes les communes qui devront faire un effort. L'ensemble de la communauté d'agglomération doit se mobiliser", insiste Jean-Pierre Voisin.