"Certains ont songé à quitter l'entreprise" : face à la spéculation locative, ces chefs d'entreprises proposent des locations 20% moins chères à leurs salariés

Ils ont décidé de prendre les choses en main. Face à la crise du logement, qui se durcit encore au Pays basque, huit entreprises ont choisi d’acheter des biens pour les proposer, à prix très compétitifs, à leurs salariés.

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Ce n’est encore qu’une bâtisse vide. D'ici à quelques mois, cette ancienne grange d’Hasparren sera transformée en quatre appartements en T2 ou T3. À la tête de ce projet, huit entrepreneurs se sont associés en SCI pour racheter le bâtiment et le rénover. À terme, ces appartements seront proposés à leurs salariés, à des prix, largement en dessous du prix du marché. 

Jusqu'à 30% moins chers

Cette ferme de 170 m² est le second projet de ces entrepreneurs, issus de l’agro-alimentaire, du bâtiment ou encore de l’industrie. Il y a un mois, ils ont acquis un premier bâtiment, à Ayherre. À l’intérieur, sept appartements, du studio au T5 ont été créés. “On cherchait des biens à réhabiliter pour éviter de bâtir sur des terres agricoles. Le critère, c'était qu’il soit proche du centre-ville”, explique Peio Etxeleku, le PDG d’Agour et élu à la communauté d’agglomération Pays basque.

Pour les deux bâtiments, ces chefs d’entreprise ont investi 2,5 millions d’euros. Un investissement de long terme qui ne cherche pas à être rentable. “Notre intérêt, c’est que le Pays basque se porte bien. Nos sociétés apportent des fonds sans lesquels ces projets ne seraient pas possibles”, indique Mathieu Mas, directeur d’IGC.

Ces appartements pourront donc contenter une dizaine de familles qui seront logées, entre 20 et 30% en dessous des prix du marché. “Parmi les entreprises présentes, il y en a certaines qui sont issues du bâtiment et qui ont pu nous faire des travaux à prix attractifs”, précise Mathieu Mas.  

La démarche est aussi bénéfique pour les entreprises qui y voient une manière de pérenniser leur activité. “On a déjà de grosses difficultés de recrutement, si à cela, vous ajoutez les difficultés d’accès à la propriété, c’est toute l’activité qui est freinée”, explique Hubert Candelé.

Démissionner pour se loger

Pour ces entrepreneurs, tout est parti d’un constat, réalisé par de nombreux travailleurs du Pays basque : le manque de logements et la spéculation immobilière du secteur. “L’accès au logement est compliqué, d’autant plus pour nos salariés. On ne pouvait pas rester sans rien faire, indique Hubert Candelé, PDG de la laiterie Bastidarra. On ressent une grosse préoccupation de nos salariés qui sont obligés de s’éloigner de leur zone de travail pour se loger correctement.”

On a des talents qui ne peuvent pas accepter nos propositions parce qu’ils n’ont pas les moyens de se loger.

Peio Etxelaku,

PDG d'Agour

En détail, ces entrepreneurs ont noté que leurs salariés se situaient dans les catégories les moins aidées dans l’accès au logement. “Ils sont dans la mauvaise case : pas assez riches pour acheter des logements aux prix pratiqués dans le pays basque, mais avec des revenus pas assez bas pour être prioritaires pour les logements sociaux, constate Peio Etxeleku. Certains ont pu songer à quitter l’entreprise, quand leur parcours de vie les poussaient à déménager.”

Éviter le schéma spéculatif

Dans le montage financier cependant, quelques contraintes ont été émises. “On a élaboré un parcours locatif où on proposera à nos locataires d’acquérir, à terme, l’usufruit du bien qu’ils occupent. Cela signifie qu’ils pourront y vivre comme s’ils étaient propriétaires, mais ne pourront pas le revendre, insiste le PDG d’Agour. Ce système permet d’éviter que ces appartements retombent dans le schéma spéculatif.” À Hasparren, les quatre logements devraient être livrés d’ici à mars prochain, avant d’être rapidement proposés aux 1000 salariés qui font vivre leurs entreprises.

Satisfaits de ces premières expériences, les huit chefs d’entreprises sont déjà à la recherche de nouveaux bâtiments à acquérir. “Il faut trouver des personnes qui vendront leur bien à un prix plus faible que le marché : des gens sans héritier ou qui souhaitent donner une seconde vie à leur maison”, indique Matthieu Mas, qui espère faire ainsi “perdurer l’aventure”.

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