Un dirigeant historique de l'ETA, Josu Urrutikoetxea, dit "Josu Ternera", a été condamné en son absence à huit ans de prison à Paris pour son appartenance à l'appareil politique de l'organisation séparatiste basque espagnole entre 2011 et 2013, a-t-on appris lundi de source proche de sa famille.
Josu Ternera, 66 ans, qui vit dans la clandestinité depuis 2002, a été condamné jeudi par défaut par le tribunal correctionnel de Paris.
Chef historique de l'ETA (Euskadi Ta Askatasuna - Patrie basque et Liberté), de 1977 à 1992, élu député en 1998 d'Herri Batasuna (parti nationaliste radical) aujourd'hui dissous, Josu Ternera est toujours recherché. Il avait échappé à une tentative d'arrestation en France en 2013.
Interpellé à Bayonne (Pyrénées-Atlantiques) en 1989, une grenade à la main et muni de faux papiers, il avait alors été condamné à 10 ans de prison. Il avait été expulsé vers l'Espagne après sa remise en liberté en 1996. Elu en 1998 au parlement autonome basque, sur une liste nationaliste, il avait été désigné en 1999 comme l'un des trois interlocuteurs de l'ETA pouvant négocier avec le gouvernement espagnol dans le cadre du processus de paix finalement avorté.
L'indépendantiste s'est évanoui dans la nature en 2002, quand la Cour suprême espagnole avait lancé un mandat d'arrêt pour qu'il réponde de son implication dans un attentat commis en 1987 contre une caserne de la garde civile à Saragosse (nord-est) qui avait fait 11 morts, dont cinq enfants.
En décembre 2010, la cour d'appel de Paris l'avait condamné par défaut à sept ans de prison ferme, ses empreintes ayant été retrouvées dans un appartement utilisé par l'organisation séparatiste basque en France.
Entre 2012 et 2013, il a conduit la délégation de l'ETA chargée de négocier des de paix avec les autorités espagnoles. Installés à Oslo, les interlocuteurs de l'ETA avaient été expulsés du pays après le refus du nouveau chef du gouvernement conservateur, Mariano Rajoy d'engager des pourparlers.
L'ETA, née en 1959 dans la lutte contre le franquisme, a renoncé en octobre 2011 à la lutte armée, après 43 ans de violences au nom de l'indépendance du Pays basque et de la Navarre. Au total, 829 morts lui sont imputés, tandis qu'au moins 62 de ses militants ont été tués par des groupes parapoliciers.
Le 8 avril, elle a livré aux autorités françaises une liste de caches d'armes, un geste salué par Paris mais insuffisant pour l'Espagne, qui a appelé l'organisation à s'autodissoudre.