Un grand flou entoure le scénario d'un "désarmement total" de l'organisation séparatiste basque espagnole ETA, annoncé au plus tard le 8 avril, mais qui pourrait se produire quelques jours avant, a-t-on indiqué jeudi de sources proches du dossier.
En marge d'une conférence de presse jeudi à Bayonne (Pyrénées-Atlantiques), on a ajouté de mêmes sources, sans donner davantage de précisions, que "des négociations sont en cours avec les autorités françaises pour finaliser le processus".
Au cours de cette conférence de presse, en présence de nombreux élus, notammentles députés socialistes Colette Capdevielle et Sylviane Alaux, la sénatrice PSFrédérique Espagnac, ainsi que des élus locaux de droite tels Max Brisson (LR)et Michel Veunac (UDI), des personnalités de la société civile se qualifiant "d'artisans de la paix" ont appelé "à participer à la journée du désarmement le samedi 8 avril à Bayonne", qui marquerait "le désarmement total d'ETA".
Parmi ces "artisans de la paix" sont essentiellement à la manoeuvre "Txetx" Etcheverry, dirigeant du mouvement écologiste basque français Bizi!, et l'agriculteur Michel Behrocoirigoin. Tous deux, avec trois autres membres de la société civile, avaient été interpellés par la police le 16 décembre à Louhossoa (Pyrénées-Atlantiques), un stock d'armes d'ETA étant alors saisi par la police. Ils avaient été mis en examen par un juge d'instruction antiterroriste à Paris, puis laissés en liberté sous contrôle judiciaire.
Ces interpellations avaient donné lieu à un quiproquo, l'ancien président de la Ligue des Droits de l'Homme (LDH), Michel Tubiana, affirmant que ces personnalités voulaient remettre les armes aux autorités françaises pour amorcer "le désarmement d'ETA".
ETA est 'à l'agonie'
ETA avait annoncé le 18 mars qu'elle communiquerait la liste de toutes ses caches d'armes le 8 avril, sans préciser par quel biais ni sous quelle forme. L'essentiel de l'arsenal de l'organisation, considérée comme un groupe terroriste par l'Union européenne, se trouverait en territoire français, même s'il pourrait rester encore une cache "non-contrôlée" en Espagne.Cet arsenal, indiquent des experts français de la lutte antiterroriste, comprendrait aujourd'hui environ 130 armes de poing et deux tonnes d'explosifs, dont une partie provient de vols commis en France au cours des dernières années dans des entreprises de BTP.
Le Premier ministre, Bernard Cazeneuve, avait le 20 mars à Pau, tracé le cadre d'une remise d'armes et d'explosifs par ETA: "Ces armes doivent être restituées dans le cadre du respect des procédures judiciaires qui ont été engagées après que les crimes aient été commis, ça s'appelle l'Etat de droit." Et, en matière judiciaire, c'est le parquet antiterroriste à Paris qui est en charge du dossier d'ETA.
ETA (Euskadi Ta Askatasuna, Pays Basque et Liberté) avait annoncé en 2011 renoncer définitivement à la lutte armée mais refusait un désarmement unilatéral et sa dissolution exigés par Madrid et Paris, réclamant une négociation sur ses membres détenus en Espagne et en France (environ 350, dont 75 en France).
D'après des experts de la lutte antiterroriste, ETA est en réalité "à l'agonie" et son appareil clandestin "compterait tout au plus encore une trentaine de membres".
Après plus de 40 ans de violences au nom de sa lutte pour l'indépendance du Pays Basque et de la Navarre, elle avait commis son dernier attentat en 2010, tuant un policier sur le sol français, ce qui avait porté le bilan des morts attribués à ETA à 829.