Emploi : "Je n'ai reçu aucun CV"... les restaurateurs du Pays Basque peinent à recruter des saisonniers

Des dizaines et des dizaines d'annonces pour des places de cuisiniers, serveurs, plongeurs...ne trouvent aucun echo auprès des demandeurs d'emploi au Pays Basque. Une situation encore jamais vue pour nombre d'employeurs.

"Depuis deux semaines on cherche quelqu'un pour la cuisine. On a posté des annonces sur les réseaux sociaux, linkedin, Indeed, et malgré ça aucun CV à ce jour ne nous est parvenu".

Un restaurateur à Anglet

Pas de personnel qualifié

Jean-Baptiste Lasserre, le patron du restaurant "Le Txupinazo" à Anglet, avoue n'avoir jamais encore été confronté à une telle situation. Lui cherche des employés qualifiés, notamment en cuisine. Dans la région, il est loin d'être le seul.

Le site de Pôle Emploi recense plus de 300 offres en cuisine et en salle, du temps plein comme du saisonnier, pour des établissements situés sur la côte basque. Sur Linkedin, on ne trouve pas moins de 120 postes de serveurs/ses dans le même secteur quand Indeed en propose plus de 500.

"Avant, les jeunes saisonniers qui voulaient travailler venaient vers nous, ils anticipaient. Là depuis le début de l'année je n'en ai pas vu un seul se présenter. C'est la première fois que ça arrive" témoigne à son tour Gilles Carpentier, à la tête du Bistrot de la Plage, voisin du Txupinazo à Anglet.

Il recherche 4 à 5 personnes pour la saison estivale. L'an dernier déjà il n'avait pas trouvé de professionnel et n'avait pu travailler qu'avec des étudiants. "Certains sont intéressés pour revenir mais ça dépendra des résultats de leurs concours. Tous les gens du métier que j'avais rencontré ont eu des offres plus intéressantes ailleurs. Ils ont trouvé des places mieux payées dans des établissements plus grands qui avaient plus de moyens que les miens".

S'adapter

Il reconnaît que les choses ont radicalement changé. "C'est à nous d'en prendre conscience. Depuis la crise sanitaire beaucoup ont essayé d'autres domaines et ont trouvé moins de contraintes et plus de confort".

Quelques kilomètres plus au sud, à Hendaye, William Amand s'interroge. Son restaurant l'Apostrophe est ouvert à l'année. En basse saison il réalise une centaine de couverts par jour. En été, près du double. "On pourrait rester comme ça, s'en tenir à une centaine de couverts sans embaucher" dit-il. "On ne souhaite recruter que des professionnels qui sortent de l'école hôtelière et en ce moment c'est très difficile d'en trouver".

Il avoue lui aussi que les choses doivent évoluer. "Il faut accepter de faire des concessions, bien payer les employés pour qu'ils aient envie de rester et être assez arrangeants avec eux s'ils demandent des week-ends par exemple."

Cette pénurie de main-d'oeuvre se retrouve un peu partout en France dans les zones touristiques. Les établissements qui s'en sortent le mieux sont ceux en capacité d'offrir un logement et un salaire plus élevé que la norme. Les autres devront s'adapter comme l'an dernier, fermer un ou deux jours par semaine ou réduire leurs heures d'ouverture.

Regardez le reportage de Perrine Durandeau et Rémi Poissonnier au Pays Basque :