Ils livraient leur lait à Danone depuis des années. Une collaboration qui touche à sa fin, depuis que le groupe a annoncé reconvertir son usine dans la production de boissons végétales, laissant une cinquantaine d'éleveurs sans perspectives.
Éric Mazin se serait bien passé de ce genre de nouvelle. L'éleveur de vaches laitières, installé à La Bastide-Clairence, vient d'apprendre qu'il ne pourra plus livrer sa production de lait au groupe Danone. Jusqu'à présent, l'agriculteur, membre de la FNSEA travaillait avec l'usine de Villecomtal-sur-Arros dans le Gers.
Mais, mi-novembre, le groupe a annoncé ses projets pour cette usine, jusqu'alors spécialisée dans la fabrication des yaourts aux fruits : une reconversion vers la production de boissons végétales à base d'avoine, afin de "répondre à la demande de diversification alimentaire des Français".
"On avait confiance en eux"
"Nous, ici, ça fait plus de cinquante ans qu'on livre du lait à Danone. Même si, au départ l'entreprise ça ne portait pas ce nom-là", assure Eric Mazin.
On avait confiance en eux. C'était une laiterie exigeante sur la qualité et les questions du bien-être animal. On a investi pour respecter des cahiers des charges qui allaient dans leur sens. Qu'est-ce qu'on va devenir demain ?
Eric Mazin, éleveurs de vaches laitièresFrance 3 Euskal Herri
La décision du groupe laisse 237 fermes laitières du sud-ouest sur le carreau, dont 55 au Pays basque. "Sur le Pays basque, cela représente un volume de 15 millions de litres de lait, ce qui n'est pas négligeable, estime Eric Mazin, également membre de la FNSEA. La plus grosse partie de ces exploitations livrait chez Danone depuis des années".
"On n'a eu aucune réponse"
L'agriculteur se dit écœuré par la manière dont l'annonce a eu lieu. "Ça aurait pu être quelque chose de progressif, en commençant par une chaîne de végétal. Mais là, ils nous ont lâché sans rien nous proposer. Lorsque les producteurs leur ont posé des questions sur l'accompagnement, on n'a eu aucune réponse. On est dans le flou".
Sur le territoire, l'annonce de Danone déstabilise jusqu'aux plus jeunes aspirants agriculteurs. Fabien, le fils d'Eric Mazin, a pour projet de s'installer à son tour. "J'aime la production des vaches laitières, mais c'est vrai qu'on se pose des questions. Ça met un frein au projet", reconnaît-il.
Voir le reportage de France 3 Euskal Herri
Danone promet un accompagnement
De son côté, le géant de l'alimentaire assure qu'il ne va pas laisser tomber les éleveurs. Le 17 novembre, Yann Le Roy, directeur des opérations chez Danone, était interrogé par nos confrères de France 3 Occitanie. Il assurait que le groupe "n'allait pas laisser tomber" les éleveurs.
Nous allons les accompagner, les aider potentiellement à trouver de nouveaux partenaires, de nouvelles coopératives, de nouveaux groupes. Nous allons également les accompagner dans la diversification.
Yann Le Roy, directeur des opérations chez Danone Villecomtal-sur-ArrosFrance 3 Occitanie
Des déclarations qui ne suffisent pas pour l'instant à atténuer la colère ni le sentiment de trahison des éleveurs , alors que l'arrêt de la collecte est prévu pour le 31 décembre 2022.