À Espelette, le piment est pris très au sérieux et sera à la fête les 28 et 29 octobre. Seule épice française certifiée, sa culture suit un cahier des charges rigoureux. Face aux aléas climatiques, la filière veut s’adapter.
Dans les champs des dix communes labellisées, les petites langues rouges sont légion. Le piment, couvert par une AOP, est en pleine période de récolte. La saison s’annonce fructueuse, malgré un épisode de grêle, en juin 2023, qui a touché une soixantaine d’exploitations.
De la pluie et peu de beau temps
Pour récolter le piment, il faut être patient. Car le fruit, emblème du Pays basque, est exigeant. “L’été a été plutôt favorable avec une succession d’épisodes de pluie et de températures douces”, explique Louis Pradille, responsable d’exploitation de l’Atelier du Piment.
Dans ces parcelles, une trentaine de personnes s’affairent. Ici, trois tonnes de fruits sont récoltées chaque année, à la main. “C’est un savoir-faire qui se transmet de génération en génération”, sourit Louis Pradille.
Une fois récoltés, s’ils ne sont pas vendus frais, les piments sont séchés, naturellement, pendant quinze jours minimum. Les plus beaux sont essuyés au torchon puis encordés, à raison de 21 par corde obligatoirement. Les moins gracieux iront directement au four pour devenir de la poudre de piment.
Il faut qu’ils mesurent entre 7 et 14 cm avec un épiderme lisse, sans piqûre d’insecte.
Louis Pradille, responsable d'exploitation de l'Atelier du pimentFrance 3 Aquitaine
Sur ces clayettes, la période de sécheresse de la fin d’été a eu raison de la croissance de certains fruits.
Quinze exploitations touchées
Cette année, la récolte sera “hétérogène”, annonce les producteurs. En juin 2023, l'épisode de grêle a endommagé 65 exploitations, pour certaines totalement. “Certains ont arraché toute leur production, d’autres tentent de maintenir ce qu’il reste. Il y a encore une quinzaine de producteurs en difficulté aujourd’hui”, regrette Panpi Olaizola, président du syndicat du Piment d’Espelette.
Face aux changements climatiques, la profession s’inquiète. “C’est un éternel recommencement, la grêle, les sécheresses. Il va falloir repenser la profession dans les années à venir”, liste Louis Pradille.
Changer les contraintes qui lient ces producteurs à l’AOP, c’est justement la priorité du syndicat des producteurs de piments d’Espelette. Cette année déjà, ils ont obtenu une rallonge de quinze jours de récolte, jusqu’au 15 décembre.
On y travaille depuis trois ou quatre ans pour faire évoluer le cahier des charges, mieux protéger les ressources en eau et mieux gérer son utilisation dans les parcelles.
Panpi Olaizola, président du syndicat du Piment d'espeletteFrance 3 Aquitaine
La Fête du piment, qui se tient ce week-end du 28-29 octobre, devrait offrir une véritable vitrine à la profession. Trente mille personnes y sont attendues. En solidarité avec les producteurs victimes de la grêle, un stand de restauration est installé. L’intégralité des recettes seront leur sera reversée.