Le jeune Kilian et son ami s'étaient procurés deux bouteilles d'alcool au Lidl d'Urrugne, au Pays basque, puis avaient eu un accident entraînant la mort de Kilian. L'enseigne de grande distribution comparaissait jeudi 3 novembre devant le tribunal de Bayonne.
L'affaire remonte à mai 2021 lorsque le jeune Kilian et son ami, tous deux âgés de 16 ans, se procurent deux bouteilles d'alcool achetées au magasin Lidl de Socoa à Urrugne vers midi. Quelques heures plus tard, les deux adolescents enfourchent leur scooter. Ils se percutent vers 18h30, alors qu'ils étaient en train de rouler sous l'emprise de l'alcool. Kilian finit sa course dans un lampadaire et décède. Son ami, qui a survécu à l'accident, avait été reconnu coupable d'homicide involontaire.
Après le drame, la mère de la victime, Coralie Larroquet, avait décidé de porter plainte contre Lidl, reprochant à l'enseigne d'avoir vendu illégalement de l'alcool à des mineurs. "Mon combat, c'est pour qu'il n'y ait plus d'alcool vendu à des mineurs", confiait-elle à France 3 Euskal Herri en octobre 2022. "On a une loi pour protéger nos ados de ces ventes. Et pourtant, je trouve qu'il n'a pas été protégé : on n'a pas contrôlé son identité.", estimait la mère de l'adolescent décédé.
L'enseigne de la grande distribution Lidl comparaissait donc le jeudi 3 novembre devant le tribunal correctionnel de Bayonne. Aujourd'hui, la mère de Kilian espère que cette audience pourra changer les choses.
Ma cliente n'est pas là pour faire un exemple qui ne lui servira à rien, mais pour que le décès de son fils ne soit pas vain.
Maître Antoine TugasFrance 3 Euskal Herri
L'alcool, "élément déterminant"
Le tribunal cherchait à déterminer la responsabilité de l'enseigne discount dans la vente illicite d'alcool à des mineurs. Les analyses toxicologiques ont révélé que Kilian roulait avec 0.56 g d'alcool par litre de sang au moment de l'accident, son ami était quant à lui à 0.81 g par litre de sang.
Selon l'avocat de la mère de Kilian, l'alcool a été un élément déterminant les ayant rendus inconscients des dangers qu'ils prenaient.
Du côté de la défense, l'avocate de Lidl, Sandrine de Lazzari, assure qu'il est impossible d'affirmer avec certitude que ce sont bien les deux adolescents qui ont acheté les bouteilles d'alcool. Selon une autre hypothèse évoquée par l'avocate, ils auraient aussi pu demander à un majeur de les acheter à leur place.
Ce n'est pourtant pas la version de l'ami de Killian, qui assure, dans sa déclaration, avoir acheté lui-même la vodka à Lidl, sans qu'aucune question sur son âge ne lui soit posée. Interrogé par le tribunal, le cassier qui a vendu les bouteilles ce jour-là explique ne pas se souvenir de la vente.
5000 euros d'amende requis
"Est-ce que Lidl a tout mis en œuvre pour que ses salariés respectent les consignes qu'il prétend donner ?" a questionné François de Castro pour l'association France Addictions, qui s'est portée partie civile. D'après une étude-test qu'elle a menée en 2020 avec des acheteurs mineurs, "dans 9 cas sur 10, l'alcool leur est vendu", selon l'avocat. "Je ne voudrais pas qu'on se trompe de cible en faisant le procès de l'ensemble des enseignes qui ne respectent pas les règles", a riposté l'avocate de Lidl.
L'enseigne a par ailleurs assuré qu'il n'y avait eu aucun manquement et que les salariés avaient tous reçu une formation. "Si l'employé a commis une faute, ce n'est pas la responsabilité de Lidl", a conclu l'avocate de l'enseigne, Sandrine de Lazzari.
Le ministère public a relevé que la vente d'alcool avait "l'air convenablement encadré" par Lidl mais que les précautions n'étaient pas suffisantes pour autant. Le parquet a requis une amende de 5000 euros à l'encontre de Lidl. Le délibéré sera rendu le 8 décembre prochain.