Le procès en appel de l'ancien urgentiste de l'hôpital de Bayonne a entamé sa deuxième et dernière semaine devant la cour d'Assises du Maine-et-Loire. Le cas du décès d'une octogénaire a été évoqué. Le docteur lui a injecté de l'hypnovel qui a pu accélérer sa mort. Ses proches sont parties civiles.
Françoise Iramuno est décédée à l'âge de 86 ans deux jours après son admission aux urgences de l'hôpital de Bayonne. C'était en avril 2011.
Elle avait été victime d'un accident vasculaire cérébral hémorragique, et est finalement décédée d'un arrêt cardiaque.
Son fils et sa belle-fille font partie des deux familles à s'être portées parties civiles dans le procès de Nicolas Bonnemaison, poursuivi pour empoisonnement de sept personnes en fin de vie dans son service.
"Le matin, quand je la prends en charge" a t-il expliqué devant les jurés, "le tableau est catastrophique, celui
d'une patiente en fin d'agonie",
Le praticien a reconnu avoir pratiqué une injection d'hypnovel, un puissant sédatif, mais "ça n'a jamais été mon intention de faire mourir les patients", a-t-il assuré, "même si je sais que ça peut accélérer la mort". "Ce n'est pas le but, c'est un effet secondaire", s'est-il défendu, plusieurs fois déstabilisé par les questions insistantes de la présidente sur la nécessité de l'utilisation du sédatif, sur le fait qu'il n'ait jamais noté cette injection dans le dossier médical et pratiqué l'injection "d'un coup", sans échelonnement.
"Si je n'écris rien c'est parce que j'agis seul", s'est justifié Nicolas Bonnemaison. "Cinq milligrammes d'hypnovel n'ont jamais tué un patient en deux minutes", a-t-il insisté, contredisant la version, défendue plus tôt dans la matinée par deux témoins, une infirmière et une aide-soignante.
Des soignantes choquées par son attitude
Ces dernières ont expliqué qu'elles avaient été "choquées" après le décès brutal de la patiente, qui, selon elles, avait le "visage détendu" avant qu'elle ne meure et ne souffrait "pas d'encombrement" respiratoire.
Elles ont déploré l'absence d'explications de la part du médecin, injoignable, selon elles, après avoir été informé du décès, et qui n'était pas là pour recevoir la famille.
Elles ont aussi rappelé le pari fait par l'urgentiste avec un aide-soignant dans la salle de garde sur le décès rapide de l'octogénaire, la veille de sa mort. "Des propos odieux", a reconnu le médecin, mais qui servaient, selon lui, à "évacuer la tension".
"Mes erreurs, elles, sont là : vis-à-vis de M. et Mme Iramuno", a-t-il concédé. "Quoi que j'ai fait, visiblement, je ne l'ai pas fait suffisamment bien".
Nicolas Bonnemaison avait été acquitté en 2014 par la Cour d'assises de Pau lors d'un premier procès. Le parquet général et les parties civiles espèrent en appel que sa responsabilité soit reconnue dans le décès de ces sept patients. Et qu'il soit condamné à une peine symbolique. L'urgentiste bayonnais encoure la réclusion criminelle à perpétuité.