"Nous vous chasserons du Pays basque" : des tracts racistes distribués dans les bus de Bayonne

Des tracts anti-musulmans, émanant d'un groupuscule d'extrême-droite, ont été distribués dans le réseau de transport à Bayonne, durant le mois de septembre. Plusieurs plaintes ont été déposées par des habitants et des acteurs politiques locaux.

“Si vous refusez […] de vous assimiler, ou même si vous ne parvenez pas à atteindre le niveau d’excellence propre à notre civilisation, nous vous rejetterons, comme un organisme sain rejette un corps étranger”. Ces propos, tenus sur des tracts de trois pages, sont apparus à Bayonne, il y a quelques semaines.

Selon certains internautes, témoins de la scène, ils ont été distribués aux abords des arrêts de bus de la capitale du Pays basque et déposés sur les sièges.

Des commerces visés

Dans les tracts, les avertissements dirigés envers les musulmans s’enchaînent. “Ce sera donc la guerre”, “nous vous chasserons du Pays basque”, “nous boycotterons et ferons boycotter toutes les structures se revendiquant ouvertement musulmanes ou employant du personnel voilé, abayaté ou qamisé”.

Une boulangerie de Bayonne est ainsi visée pour employer “une jeune femme monstrueusement et effroyablement voilée et abayatée”. Contacté, Lucas Scomparin, le propriétaire des boulangeries Lucas assume avoir en effet employé une personne voilée, mais il refuse "d'y faire attention".

"Ça ne nous a pas étonnés, on avait déjà eu des retours, on sait que le sujet est sensible. Mais on ne veut pas s'attacher à ce tract", confie Lucas Scomparin, alerté par une de ses employées. Pour autant, le propriétaire assure qu'il n'a pas ressenti de changement dans sa clientèle, depuis l'apparition du pamphlet d'extrême droite. 

En seconde page, le tract incite également le public à consulter la chaine CNews pour “être véritablement informé”.

Plaintes déposées

Des propos racistes et violents qui ont poussé certains Bayonnais à signaler les faits au parquet pour “xénophobie et incitation à la haine”. Une plainte a été déposée par la mosquée de Bayonne. Le parquet nous confie qu'une enquête a également été ouverte suite à ces signalements.

Des alertes lancées aussi par EELV, qui s’est associé à Etorkinekin, une association qui vient en aide aux migrants. La France Insoumise, avance, de son côté, qu'elle a porté plainte, pour appel à la discrimination, à la haine et à la violence, ainsi que menace de mort, en accompagnant une femme musulmane qui aurait eu le tract entre les mains.

“Sans attendre, le Procureur de la République va être immédiatement saisi et une plainte contre X va être déposée au commissariat de Bayonne”, précise le groupe d’action Marracq dans un communiqué en date du 20 septembre. “C’est contraire à tous nos principes républicains, c'est le fascisme qui s’insère”, dénonce Ida Trichine, animatrice du groupe d’action LFI de Saint-Jean de Luz. Une plainte que le Parquet de Bayonne n'a pas pu nous confirmer.

Condamnation de l'évêque de Bayonne, Lescar et Oloron

Même réaction du côté d’EH Bai, deux jours plus tard qui condamne les propos. “Nous ne pouvons que déplorer la normalisation de l’extrême-droite, de plus en plus prégnante dans l’État français”, précise le parti abertzale dans son communiqué. 

Si le tract est signé “résistance catholique franco-basque”, l’évêque de Bayonne, Lescar et Oloron, Monseigneur Marc Aillet a tenu à condamner le groupsucule. “Ce brûlot, qui se réclame de « la France, fille aînée de l’Église »,  de la « civilisation judéo-chrétienne », et de la population locale de tradition catholique, colporte, de façon insensée, un discours de haine et d’exclusion totalement irresponsable et parfaitement indigne d’une conscience chrétienne”, précise Mgr Aillet dans un communiqué paru le 12 septembre.

Actions récurrentes

Dans les Pyrénées-Atlantiques, l’extrême droite n’en est pas à sa première action du type. Quelques jours plus tôt, c’est le village de Gurs, près de Pau qui a été secoué par une série de tracts néonazis. Cette fois, ils ont été déposés dans les boites aux lettres des habitants, résidant près du camp de Gurs, qui abrite un mémorial en l’honneur des victimes du franquisme et du nazisme.

Une enquête a été ouverte, menée par les gendarmes de la Section de recherches de Rouen. Trois interpellations ont eu lieu, le 13 septembre, dans le Béarn. Les tracts sur lesquels étaient imprimés des croix nazies, et destinés “à nos compatriotes de race blanche”, présentaient des similitudes avec d’autres, distribués entre mai et juillet près de Rouen, dans le Finistère, le Jura ou encore Dijon. 

Une action supplémentaire de l’extrême-droite alors que le 13 septembre, un message menaçant était déposé devant la mosquée de Pau. Deux actes fermement condamnés par le préfet des Pyrénées-Atlantiques. “Il exprime son soutien total à la communauté juive du département”, précise le communiqué de la préfecture.

À Bayonne, les tracts d’extrême droite ne sont pas non plus un fait récent. Déjà en 2012, plusieurs habitants recevaient un mail, dont le contenu ressemble fortement à celui imprimé sur les tracts distribués aux arrêts de bus en ce mois de septembre. 

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