Vingt-sept personnes ont été interpellées en France et en Espagne lors de cette opération pilotée par la juridiction interrégionale spécialisée de Bordeaux. Quatre tonnes d'alevins auraient été exportés illégalement ces deux dernières années pour une valeur marchande dépassant le million d'euros.
L'opération transfrontalière pour démanteler un réseau présumé de trafic de civelles a été menée conjointement, mercredi 10 mai, par la Guardia Civil, la gendarmerie nationale, Europol et l'Office européen de lutte contre la fraude.
Le coup de filet européen a permis l'interpellation de quatre commanditaires en France et la saisie de 1,5 tonne d'anguilles vivantes qui seront relâchées dans la nature.
Les enquêteurs se sont rendus dans une vingtaine d'entreprises, en France et en Espagne. Des perquisitions ont notamment été menées à Bidache dans les Pyrénées-Atlantiques et à Saint-Vincent-de-Tyrosse dans les Landes.
Des investigations ont également été menées dans des élevages clandestins en Belgique et en Pologne.
Des deux côtés de la frontière, 27 personnes ont été interpellées. Un vivier clandestin a été découvert en France avec des civelles de contrebande et du matériel pour stocker et réoxygéner les animaux.
En Espagne, la Guardia Civil a saisi plusieurs tonnes de lots congelés d'anguilles impropres à la consommation, sans traçabilité ni contrôles sanitaires.
L'enquête, menée durant deux ans, a mobilisé plus d'une centaine d'agents en France.
Un trafic international à plus d'1 million d'euros
Selon un communiqué de la gendarmerie nationale, du service des enquêtes judiciaires des finances et de l'office française de la biodiversité, le trafic démantelé porte sur quatre tonnes d'alvins pour une valeur marchande de plus d'un million d'euros (1 million 186 mille euros). Les trafiquants présumés auraient agi entre 2021 et 2023.
Selon les enquêteurs, cités par l'AFP, la bande organisée utilisait la frontière franco-espagnole pour dissimuler ses activités avec l'Asie, avec des ramifications en Nouvelle-Aquitaine, au Pays basque espagnol et en Galice.
Les civelles s'arrachent à prix d'or en Asie
La pêche de la civelle, menacée d'extinction, est très réglementée en France. L'exportation des alvins d'anguilles est interdite hors de l'Union européenne depuis 2010.
Mais le trafic est florissant en Asie où les civelles (également appelées pibales) sont très appréciées des gourmets. Les alvins d'anguilles se négocient jusqu'à 5000 euros le kilo en Chine ou à Hong Kong alors qu'elles sont vendues entre 700 et 900 euros le kilo en France.