Professeure poignardée à Saint-Jean de Luz : une victime "rayonnante", un élève en garde à vue... ce que l'on sait

Une professeure d'espagnol du lycée Saint-Thomas d'Aquin de Saint-Jean de Luz au Pays basque a été mortellement poignardée par un élève jeudi 22 février. L'élève a été placé en garde à vue et une enquête pour assassinat a été ouverte.

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Au lycée Saint-Thomas-d’Aquin à Saint-Jean-de-Luz, c’est le choc. Le mercredi 22 février, une professeure d’espagnol de 53 ans, Agnès Lassalle, est décédée après avoir été poignardée par un de ses élèves de seconde, en plein cours. Ce dernier, âgé de 16 ans, est actuellement en garde à vue. Une enquête a été ouverte pour assassinat, a indiqué le procureur de Bayonne, Jérôme Bourrier. Une cellule psychologique a rapidement été mise en place au sein du lycée.

Les faits 

C’est aux alentours de 9 h 45 que les faits se sont produits au lycée privé Saint-Thomas-d’Aquin de Saint-Jean-de-Luz, réputé pour être très calme. "Quand j'ai levé la tête, il était déjà debout avec le couteau. Je ne l'ai pas vraiment vu se lever, mais quand il a planté le couteau, il était très calme", témoigne Inès, une élève présente dans la classe, au micro de France Bleu Pays Basque. Choqués, les autres élèves de la classe se sont enfuis en courant. 

Le suspect est alors sorti de la salle de classe avec son couteau, c’est alors qu’un autre professeur l’a appréhendé jusqu’à l’arrivée de la police, comme l’explique Jérôme Bourrier, le procureur de la République de Bayonne à nos confrères de France info.

Alertés par des cris, le reste de l'établissement a également vite réagi. "Un professeur qui était dans la salle d'à côté est venu et a tenté de lui faire un massage cardiaque, mais elle n'a pas réagi, raconte Inès, une élève d'une autre classe de seconde. La CPE nous a ensuite dit de nous enfermer à clef, et on est resté dans la classe. Ça nous a fait de la peine, car notre prof a craqué. C'est difficile de se dire que quelque chose comme ça est arrivé au lycée" 

"Nos collègues de Police secours ont été appelés. Le commissariat se situe à 300 m des lieux donc ils sont intervenus très rapidement sur place, explique Laurent Saysset, secrétaire départemental du syndicat Alliance Côte basque à nos confrères de France 2. Quand ils sont arrivés, ils ont interpellé sans aucune difficulté ce jeune homme dans un état calme." L’adolescent de 16 ans a ensuite rapidement été interpellé et placé en garde à vue.

Confinés dans leurs classes jusqu’alors, les autres élèves de l’établissement ont pu être évacués à la mi-journée et ont regagné leurs familles. "On a attendu, on a regardé les infos, témoigne Hugo, un élève d'une autre classe au micro de France 3 Euskal-Herri qui se dit "sous le choc" et explique "ne pas réaliser".

La victime

Quelques heures après le drame, la rectrice de l’académie de Bordeaux, Anne Bisagni-Faure, présente sur place, s’est exprimée au sujet de la professeure d’espagnole âgée de 53 ans. "Spontanément, les inspecteurs d’espagnol m’ont parlé d’une professeure rayonnant dans son travail. C’était une excellente professeure qui mérite notre admiration, au-delà de la compassion que nous avons pour ses proches", a déclaré la rectrice.

Pap Ndiaye, le ministre de l’Éducation nationale, a, lui aussi, fait le déplacement sur les lieux du drame. Aux côtés de Stanislas Guérini, le ministre de la Transformation et de la Fonction publiques, Pap Ndiaye a souhaité témoigner son "respect à l’égard de la victime". "Nous avons appris son exceptionnel dévouement et engagement à l’égard de ses élèves", a-t-il relevé.

Le ministre de l’Éducation nationale a, par ailleurs, décrit le lycée Saint-Thomas-d’Aquin comme un établissement "très calme, réputé pour son sérieux et pour la sérénité de son climat scolaire". "Rien ne laissait penser à la survenue d'un drame aussi épouvantable", a affirmé le ministre.

Une minute de silence sera observée le 23 février 2023 à 15 heures "dans tous les établissements scolaires du pays ainsi que dans les centres SNU", a annoncé Pap Ndiaye face à la presse. 

Le suspect en garde à vue

Toujours selon le ministre de l’Éducation nationale, Pap Ndiaye, le jeune homme n’aurait pas fait l’objet de signalement : "À ce stade, il semblerait qu’il s’agisse d’un drame qui n’ait pas pu être envisagé." L’adolescent de 16 ans est toujours en garde à vue. "La garde à vue des mineurs a une durée de 24 heures renouvelables, précise Céline Penhoat, avocate et membre du Centre de recherche d'information et de consultation sur les droits de l'enfant (Cric) de Bordeaux. À l'issue de ces 24 heures, le gardé à vue doit être présenté à un procureur ou un juge d'instruction qui doit décider de poursuivre, ou non, cette garde à vue".
Autres particularités : le mineur en garde à vue est obligatoirement assisté d'un avocat, et ce même si lui ou ses parents refusent. Par ailleurs, elle est filmée en intégralité.

Le suspect aurait révélé à l’enseignant, qui l’a appréhendé peu avant la police, qu’il aurait "entendu des voix" lui demandant de passer à l’acte. Pourtant, "son état est compatible avec la garde-à-vue", comme l'a précisé le procureur de Bayonne, Jérôme Bourrier, qui se base sur un examen réalisé par un médecin généraliste, et qui n'exclut pas, à terme, un examen psychologique plus poussé.

Les réactions

L'évêque de Bayonne, Marc Aillet s'est rendu dans l'établissement, un collège lycée privé et catholique.  "Je me sens consterné par ce drame. La communauté éducative est sous le choc. C'est un événement impensable à Saint Jean de Luz, sur note côte basque qui est si tranquille", a-t-il déclaré.

Ce matin, après le drame, le député de Pyrénées-Atlantique, Vincent Bru, a rapidement réagi sur le drame survenu dans sa circonscription. "Ma première réaction, c'est évidemment une réaction d'indignation, a-t-il déclaré auprès de Bfm tvJe connais bien cet établissement, j’y étais allé expliquer le rôle d’un député. Je suis très étonné et déçu qu’un tel évènement puisse se passer dans cette circonscription qui n’est pas très connue pour être violente, donc je n’explique pas ce geste."

Parmi les nombreuses autres réactions de la classe politique, Elisabeth Borne, la Première ministre, a déclaré partager "le choc et la peine de la communauté éducative du lycée Saint-Thomas d’Aquin et de toute la Nation." De son côté, le Président de la République, Emmanuel Macron, s’est dit "remplit d’une intense émotion". "Je partage la douleur de sa famille, de ses collègues, de ses élèves, de nos enseignants qui consacrent leur vie à transmettre le savoir aux générations futures. La Nation est à vos côtés", écrit-il sur Twitter.

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