Suicide d'un migrant à Bayonne : "Ne pas avoir avoir ses papiers peut conduire à la mort" selon la Cimade

Le 26 février, un Algérien de 19 ans a été retrouvé pendu dans sa cellule de la maison d'arrêt de Bayonne. Il avait tenté de s'évader en décembre du centre de rétention d'Hendaye, au Pays Basque, avant d'être rattrapé. La Cimade accuse une "politique d'enfermement toujours plus meurtrière".

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Il se faisait appeler Sofiane. Il avait été condamné à six mois de prison, en décembre dernier, pour avoir tenté de s'évader, avec quatre autres détenus, du centre de rétention d'Hendaye.
 

Tentative d'évasion


Les cinq détenus étaient passés par une fenêtre sécurisée à l'aide d'un banc en pierre provenant de l'espace de promenade. Ils avaient été retrouvés, quelques heures plus tard, près de la Bidassoa. 

Le tribunal correctionnel de Bayonne avait donc condamné celui qui se fait appeler Sofiane à six mois de  prison et cinq ans d'interdiction de présence sur le territoire français pour "soustraction à une rétention adminsitrative d'un étranger" et "détérioration d'un bien destiné à l'utilité publique".

Mais le 26 février, les agents pénitentiaires de la maison d'arrêt de Bayonne ont découvert le jeune homme, pendu dans sa cellule. Encore en vie lors de sa découverte, il est décédé lors de son transfert à l'hôpital. 
 
 

Cercle vicieux


Selon son avocate, le jeune homme était "psychologiquement fragile". Il était également "addict aux neuroleptiques". 

"Il devait sortir dans quelques jours, mais il m'a confié qu'il avait peur de devoir retourner au centre de rétention d'Hendaye puisque du côté de l'immigration, son dossier administratif n'avait pas avancé", avance son avocate. Le jeune homme avait commis un délit qui lui avait valu son emprisonnement au centre de rétention.

Pour son avocate, il s'agit d'un cercle vicieux. "Pour ces personnes, elles commettent un délit, sont envoyées en centre de rétention, on tente de les renvoyer dans leur pays. Lorsqu'ils sortent, ils recommettent des délits et sont de nouveau incarcérés, c'est sans fin", regrette l'avocate. 

Si deux de ses co-détenus avaient été transférés, le jeune Algérien continuait de purger sa peine à la maison d'arrêt de Bayonne. Son avocate souhaite désormais connaître, auprès de la maison d'arrêt, les circonstances qui ont précédé son geste. 
 

"Assimiler les migrants à des criminels"


Du côté de la Cimade, une association qui oeuvre pour les migrants, les bénévoles sont révoltés. "Il devait quitter le territoire et s'est échappé. Il a été conduit à la prison parce qu'être sans papier pour ces gens, conduit à la prison. Il a signalé qu'il était fragile, et finalement ça s'est terminé par une mort", regrette Hélène Ducarre, membre de la Cimade de Bayonne.

L'association reproche un traitement des migrants particulier en matière judiciaire. "Ça nous révolte que de ne pas avoir avoir ses papiers conduit à la mort et nous sommes aussi en colère de voir qu'il y ait autant de liens entre le centre de rétention et la prison", explique Hélène Ducarre.
 
Pour l'association, il s'agit d'une forme d'acharnement et de stigmatisation des migrants. 

"Aujourd'hui, 7 200 migrants ont été à la fois en centre de rétention et en prison, ce sont des chiffres qu'on avait jamais vus. On cherche toujours à asismilier migrants à un criminel pour montrer que les migrants sont indésirables", affirme .Hélène Ducarre.
 
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