Laure Zacchello, 43 ans est portée disparue depuis le 21 juin. Son mari, dont elle était en train de se séparer, a été mis en examen pour homicide volontaire sur conjoint. La justice le soupçonne d'avoir mis en scène une agression et d'avoir tué sa femme, mère de trois jeunes enfants. Un centaine de personnes se sont rassemblées ce vendredi soir à Urrugne pour dénoncer les violences faites aux femmes.
Qu'est-il advenu de Laure Zacchello ? Infirmière de profession, reconvertie en "psychogénéalogie", cette mère de trois enfants, âgée de 43 ans, est portée disparue depuis la soirée du 20 juin à Urrugne au Pays basque. Un appel à témoins a été diffusé ce mercredi. De lourds soupçons portent sur son mari, dont elle était en train de se séparer. Ce jeudi 27 juin, alors que la quadragénaire reste introuvable, le procureur de la République de Bayonne a fait le point sur l'enquête concernant ce probable féminicide.
Si aucune hypothèse ne peut être exclue, "des indices, graves et concordants, laissent à penser que Laure Zacchello est possiblement décédée, possiblement victime d'un homicide volontaire par son conjoint" a souligné Jérôme Bourrier.
"Au regard de la complexité de cette affaire, deux juges d'instructions sont saisis et une information judiciaire a été ouverte dès le 24 juin sous la qualification de meurtre par conjoint", a-t-il ajouté. Le mari de Laure Zacchello a été mis en examen au terme de sa garde à vue.
Un homme assommé, couché sur le sol
La mère de famille était en instance de divorce. Une séparation "manifestement mal vécue par le mis en examen", précise le procureur, qui détaille le mode de vie mis en place depuis le mois de mars. "Ce couple est séparé et il se succède à la maison dont ils sont les propriétaires, à Urrugne, pour y préserver le cadre des enfants qui y demeurent".
Vendredi 21 juin, les enfants étaient gardés par les grands-parents afin de permettre au père de se rendre à la fête de la musique avec des amis. Dans l'après-midi, la sœur de ce dernier tente de le joindre, en vain. Elle décide alors de se rendre à son domicile, dans le but d'y récupérer des affaires appartenant aux enfants.
C'est elle qui donne l'alerte et appelle la police : elle déclare avoir découvert le corps de son frère allongé au sol, à l'extérieur du domicile, sur le ventre.
Jérôme BourrierProcureur de la République
L'homme présente une plaie à l'arrière de la tête, et git à côté d'un parpaing. Il est évacué sur l'hôpital de Saint-Jean de Luz pour y subir des examens. Sur place, les policiers ne retrouvent pas d'effraction ni de trace de lutte. S'agit-il d'une mise en scène d'une agression ? L'hypothèse n'est pas exclue par le procureur. "Le mis en examen présente des lésions derrière la tête sans gravité extrême, des ecchymoses, et des égratignures multiples, qui sont, par exemple, compatibles avec des déplacements dans des ronciers", ajoute ce dernier.
Il présente également un traumatisme qui est certes compatible avec une perte de connaissance réelle, mais également avec un effort violent.
Jérôme BourrierProcureur de la République
Des armes de guerre ont disparu
Autres motifs d'interrogation : deux armoires fortes qui se trouvent dans la chambre parentale sont ouvertes, mais non fracturées. A l'intérieur, des armes de guerre de catégorie A, soit des pistolets mitrailleurs et des pistolets automatiques, ont disparu. Des armes qui appartenaient au mari de Laure Zacchello. Cet enseignant étant lui-même tireur sportif et ancien officier de réserve de la gendarmerie nationale.
En revanche, le sac à main de Laure Zacchello, ses deux téléphones portables, sa voiture, verrouillée, mais sans la clé, l'ensemble de ses effets personnels sont bien là. L'hypothèse d'un cambriolage, l'intervention d'un tiers ou la disparition volontaire semblent donc écartés : Laure Zacchello n'avait sur elle aucun moyen de paiement, ni de communication. Elle ne pouvait donc pas échanger avec ses enfants, "ce qui au regard des auditions conduites dans son entourage, ne lui ressemble absolument pas".
Un contexte de violences et de peur
Laure Zacchello semblait vivre dans la peur. Elle avait signalé une première dispute violente en date du 7 février. Lors de celle-ci, son conjoint aurait cherché à lui arracher son sac de force et elle l'aurait mordu. Autres éléments : elle avait repéré des virements bancaires opérés depuis son compte, la clé de son local professionnel avait été dérobée, sa boîte mail piratée. Se sentant menacée, la quadragénaire avait acheté une petite caméra portative. "Elle dormait sur le canapé avec ses enfants, avec son sac à côté d'elle et avait disposé des objets par terre afin de pouvoir entendre entrer son compagnon dans la pièce", détaille Jérôme Bourrier.
Quant au mis en examen, au cours de sa garde à vue, il est apparu "froid, mutique, sans empathie, sans se soucier jamais du devenir ou du sort de son épouse". L'homme n'a livré aucune explication, "mettant en exergue une amnésie et expliquant ne se souvenir de rien". Selon le procureur, il a mené les enquêteurs vers une fausse piste, "une sorte de cache dans laquelle il dispose des rations de survies".
Le mis en examen apparait clairement s'inscrire dans une ligne survivaliste.
Jérôme BourrierProcureur de la République
"C'est la responsabilité du mis en examen de coopérer à l'enquête et d'apporter des réponses, alors qu'il se présente comme un homme qui semble camper sur une posture d'honneur et de principes", a souligné Jérôme Bourrier.
Un 4x4 rouge avec des bandes bleues
Même si les chances de retrouver Laure Zacchello sont infimes, les investigations, fouilles et battues se poursuivent. Dans l'appel à témoin diffusé, les autorités demandent à toute personne des informations sur un 4x4 de type Suzuki Samouraï rouge, strié de bleu sur les flancs, qui a circulé dans le secteur d'Urrugne aux alentours du 20 juin, de se signaler.
Les trois enfants de Laure Zacchello, âgés de 5,7 et 9 ans ont été confiés à des membres de leur famille. Une juge des enfants ainsi qu'une association d'aide aux victimes ont été saisis pour les assister dans cette épreuve.
Recherches et rassemblement
Depuis tôt ce vendredi près de 150 policiers ont participé à une battue pour tenter de retrouver la mère de famille. Des recherches qui se poursuivent.
La disparition et le contexte du drame ont suscité une vive émotion à Urrugne, la commune où elle habite. Un rassemblement de plus d'une centaine de personnes a été organisé vendredi soir, à l'appel de plusieurs collectifs feministes. Il entendait dénoncer les violences faites aux femmes. On pouvait lire, en Français et en Basque, sur les banderolles notamment : "non à la violence machiste!"