C’est un spectacle qui, autrefois, investissait majestueusement les places de village. Mêlant danse et théâtre satirique, la cavalcade connaît un regain d’intérêt ces dernières années au Pays basque. Le magazine de France 3 Euskal Herri a suivi les habitants de Louhossoa dans les préparatifs de leur représentation.
En ce dernier samedi du mois d’août à Louhossoa, les visages scrutent le ciel. Les nuages se font menaçants, mais peu importe : il est temps à présent pour les habitants de la commune de se lancer, après une année de travail. La cavalcade est de retour dans la commune, après vingt ans d’absence.
De la danse au théâtre, en passant par le chant, la musique, ou les costumes ; ce sont plus de 200 personnes qui se sont mobilisées autour de ce projet, dans cette commune d’environ 900 habitants. Les spectateurs, eux, sont venus en nombre. Les deux représentations afficheront complet. La cavalcade est un grand succès populaire.
Une tradition aux origines lointaines
Joué en plein air, ce spectacle haut en couleur tire son origine des « parades charivariques », une tradition que l’on retrouvait jadis dans plusieurs régions d’Europe, sous différentes formes. Au Pays basque, elles étaient connues, entre autres, sous le nom de « tobera munstrak ».
Il s’agissait d’une manifestation festive, mettant en scène, de manière satirique, une sorte de procès avec juge et accusés. Bien souvent, il s’agissait de moquer certains villageois dont la conduite était jugée digne de réprobation.
Au-delà de cette représentation, la danse tenait une place prépondérante, avec de nombreux danseurs élégamment costumés : « bolantak », « kaxkarotak », « basandereak », « andere xuriak ». Parmi les acteurs, on trouvait aussi des improvisateurs (bertsolari) ou des musiciens, rappelle l' institut culturel basque).
Rire de l'actualité du village
Au Pays basque, la tradition est restée vivante jusqu’au milieu du XXᵉ siècle, en particulier en Labourd intérieur et en Basse-Navarre. De multiples archives attestent la tenue de « tobera munstra » dans la commune de Louhossoa au début du siècle dernier.
Ces dernières années, on assiste à une véritable renaissance de ces cavalcades. Remises au goût du jour, les scènes de théâtre n’entrent plus dans la vie privée des habitants, mais sont désormais avant tout l’occasion de rire de l’actualité du village. Afin de porter sur la place une sorte de critique sociale, dans laquelle aucune tendance politique n’est épargnée.
Mais la cavalcade est surtout un moyen de créer du lien social, de rassembler tout un village. Outre Louhossoa, cet été 2023 les communes de Saint-Martin d’Arrossa, Hélette et Méharin ont également représenté leurs cavalcades. Pas moins de quatre représentations jouées ! Une manière aussi de maintenir vivante l’euskara, la culture et la création basque.
Voici quelques extraits de la cavalcade, défilé, danses et théâtre, captés par France 3 Euskal Herri :